Extrême-Orion continue (8)
Publié : dim. sept. 20, 2015 11:18 pm
Depuis quelques heures qu'il a pris son quart près d'un des couloirs d'accès de l'astroport, Jiang "Marcus" fait un malheur avec son riz parfumé. Les quelques dizaines de pirates qui entourent son stand, ravis de varier leur alimentation, n'empêchent pourtant pas les scanners camouflés sous l'auto-cuiseur de détecter trois "probables Médians" qui se dirigent vers le quai où est ancré le Galatea : un petit "mens" portant turban et ventre rebondit (?) accompagné par deux grands "miles", dont une femme, tous lourdement armés. La PatrOb a mordu à l'hameçon...
Il prévient ses "patrons" et le personnel disponible traverse la station en hâte pour le rejoindre : tous les autres étant occupés ailleurs, seuls Harmonie, Jackson, Dunya et Vincent se disséminent dans les vestiges d'une espèce de parc pentu (car éloigné du souk : la courbure de la station s'y fait nettement sentir), jonchés de détritus et dont toutes plantes ont disparu depuis longtemps. Vincent est d'ailleurs déguisée en femme voilée : sa meilleure idée pour éviter de montrer sa bobine, puisque les Médians diffusent désormais son portrait sur les quelques grands écrans holo qui fonctionnent encore, surmonté d'une prime de 3.000 unités énergétiques (comme pour Hansou Carlo, Vlad et Harmonie). Certes, le redouté Al Saafin a fait savoir qu'il décapiterait tous les imbéciles qui oseraient prêter main-forte à "l'occupant" médian, mais les PJ n'ont pas vraiment envie de tester ce que vaut cette très vague protection.
À ce stade, les Chiméronautes n'ont d'autre intention que de prendre les Médians en filature pour repérer l'entrée de la forteresse qu'ils ont établie autour de la centrale à fusion... même si Harmonie caresse l'idée de neutraliser la miles, voire de jouer les dopplegangers pour s'introduire dans le repaire de l'ennemi.
Et parce qu'elle connaît par cœur les procédures de la PatrOb, la commando repère aisément le troisième soldat grimé en moudjahid qui avaient échappé à "Marcus" : patrouillant discrètement entre le quai et le square, il couvre la voie de sortie de ses coéquipiers. La guerrière en déduit qu'ils ont adopté une formation agile pour ne pas attirer l'attention des pirates, mais qu'ils ne font guère confiance à Vivian Sorkin et que le mens qu'ils protègent est clairement un VIP : peut-être Belisarius lui-même ?
Quand les Médians quittent le Galatea, rejoignent leur sentinelle et commencent à traverser le square, Harmonie est prise d'un doute : la formation qu'ils adoptent n'est pas celle qu'elle attendait... À l'instant où Jackson repère deux autres miles convergeant vers lui à travers la foule massée autour d'un débit de boissons et qu'encore deux autres surgissent près de Vincent, tous comprennent que leur embuscade s'est faite embusquée.
Voici à quoi ressemble un "mens" : c'est en fait un portrait de Marcus -le "vrai", mort à la fin de l'Épisode 1- mais j'ai pensé que ça serait utile.
Incapable d'affronter les deux miles qui viennent de se saisir de lui, et ses camarades trop loin pour lui porter secours, Vincent Panjari prend un groupe de moudjahidine à parti en se mettant à hurler "Des Médians ! Au secours ! Des Médians !" et arrache la fausse barbe de l'un des deux soviétiques. Mais le "mens" et ses ailiers sont déjà sur eux, les miles ont dégainé des shock-gun et le petit "replet" sort deux pistolets-mitrailleurs de sa fausse bedaine : coincés entre les 5 Médians, les premiers pirates à intervenir sont illico descendus, et Vincent neutralisé d'une décharge à bout portant.
Depuis le couloir d'accès vers les quais, Dunya fonce à la rescousse... mais est immédiatement stoppée par les feux nourrit de plusieurs commandos : "Aaaargh ! Y en a partout !" crie-t-elle dans son com-link, alors qu'autour d'elle d'autres moudjahidine brandissent leurs armes et commencent à tirer un peu au hasard dans la direction générale des Médians, sans bien comprendre ce qui se passe.
En réalité, les PJ ont à faire à 5 groupes camouflés qui tentent de fermer une nasse sur le square : Belisarius et ses deux gardes du corps au milieu, le binôme qui vient de saisir Panjari, un autre qui met un moment à descendre des hauteurs, le duo qui arrivait du souk derrière Jackson Ibrahim et un quatrième binôme qui arrive depuis les quais. Donc 10 commandos en plus du chef, soit un bon cinquième des "forces spéciales" médianes disponibles, qui comptent environs 50 commandos de la PatrOb et 50 miles "de l'armée régulière", qui sont déjà pas des tendres.
Évidemment, les altercations déclenchées par les pirates vont nettement perturber la progression des médians et, dans la confusion qui s'ensuit, les PJ ne pourront guère les compter ni les situer clairement... sauf Harmonie. Elle a tôt fait de reconnaître leur formation en carré et, ayant situé deux groupes, déduit bientôt la position des autres.
À 50m de là, Jackson Ibrahim n'attend pas d'être pris en tenaille : il sort son lourd fusil d'assaut cetan de sous son burnous et ouvre le feu sur le binôme le plus proche de lui. La rafale crépite sur leurs boucliers, quelques impulsions frappent dans la foule et les deux miles répliquent aussitôt au shock-gun, manifestement décidé à le capturer... Mais, passé un instant de surprise, les moudjahidine alentours dégainent à leur tour et tirent sur les Médians comme sur le soufi. Celui-ci se jette à couvert et, voyant ses adversaires bientôt occupés par un groupe de druzes, s'élance vers Vincent en bousculant les badauds, un soldat médian à ses trousses.
Prenant la mesure de la scène de derrière ses fourneaux, Jiang "Marcus" en sort un neutraliseur et tire maladroitement sur les soldats qui allaient emporter son cher capitaine Panjari. Mais de nouveaux commandos sont apparus pour mitrailler la cuisine ambulante, et le petit clone n'a que le temps de se jeter derrière : malgré le clignotement de quelques boucliers personnels, du sang éclabousse son riz au gingembre, plusieurs de ses clients s'écroulent et les autres s'éparpillent.
Accrochée au contact par un miles qu'elle n'avait pas vu venir, Dunya n'a même pas le temps de comprendre : deux percussions, une clé de bras, deux coups de genoux et elle s'effondre, le visage en sang et plusieurs côtes brisées.
Dans le chaos qui s'empare bientôt du square et de ses alentours, Harmonie a pu approcher sans être remarquée : jaillissant derrière deux miles, elle en sèche un d'un atemi dans la gorge, saisit le shock-gun du second, lui retourne la crosse dans le groin et l'assomme d'une décharge en pleine tête. Mais alors qu'elle se lançait à la poursuite des ravisseurs, deux d'entre eux lâchent de longues rafales pour couvrir leur retraite et la tueuse réplique à la grenade shock.
Autour de Jackson, cloué derrière un générateur à hydro-fuel par les impulsions qui volent maintenant dans tous les sens, tout le monde défouraille sur tout le monde : derrière lui, les Médians ont sorti des pistolets-mitrailleurs pour se tailler une tranchée sanglante dans la foule, une grenade à plasma incinère un étal, des pirates vident de vieilles rancunes, quelques gardes du bey Ali Zayn cherchent sur qui tirer... À son tour, Jackson Ibrahim balance quelques grenades shock pour contenir l'assaut mais, soudain touché par une rafale des miles qui avaient mitraillé la cuisine ambulante de Jiang Marcus, le soufi sent bien que sa position va vite devenir intenable.
Sauf que, planqué sous sa cuisine criblée d'impacts, le p'tit clone bricole. Après avoir judicieusement prélevé la mémoire du scanner, il met le générateur en court-circuit sur l'auto-cuiseur et pousse le chariot roulant dans la pente : le temps que les soviétiques qui tiraient sur Jackson remarquent le stand bringuebalant qui dévale vers eux, la cuisinière explose en assommant le soldat le plus proche et éjectant l'autre sur plusieurs mètres dans un grand nuage de riz brûlé qui emporte plusieurs étals.
Des éclats de plastiques, des sacs de provisions et des tréteaux pleuvent tout autour, y compris sur Dunya, déjà affalée au pied d'un écran holographique hors-service (et qui sera oubliée là pour le reste de la scène).
Jackson en profite pour allumer le Médian le plus proche et chercher Harmonie du regard : à l'autre bout du square, pistolet à impulsion dans une main, shock-gun dans l'autre, la tueuse poursuit les soldats qui tentent d'extraire leur chef et leur captif du carnage.
En gravissant les pentes vers le moyeu sous les tirs des pirates et ceux d'Harmonie à leurs trousses, plusieurs commandos ont déjà mordu la poussière, mais les trois derniers ravisseurs atteignent bientôt un espace dégagé, hors des filets à marchandises, des guirlandes et des câbles électriques qui encombrent les abords du souk.... Vincent reprenait conscience depuis quelques secondes quand on le jette au sol : couverts par leurs camarades, le mens et le miles qui le portaient retirent leurs burnous pour révéler des combinaisons de combat médianes (1) et dégager leurs propulseurs dorsaux.
Alors qu'ils attachaient Panjari au baudrier du commando prêt à décoller, celui qui protégeait l'opération voit arriver Harmonie, qui court en vidant sont shock-gun sur le trio : le faisceau large ne fait que crépiter leur boucliers. Lorsque le défenseur riposte d'une longue rafale, elle doit pourtant se jeter derrière l'angle d'un bâtiment en ruine. Belisarius (car c'était lui) et le premier miles s'envolent soudain en direction du moyeu, mais Vincent reste au sol : un instant d'inattention du soldat lui a suffit pour se détacher, et le rusé Centauri rampe maintenant hors d'atteinte du troisième médian, bloqué à couvert par les dernières impulsions du pistolet d'Harmonie (2).
Mais Jackson arrive finalement en renfort et la cadence de tir de son lourd fusil cetan force le dernier commando à se replier. S'élevant toujours vers l'obscurité du moyeu, Belisarius a beau vider ses pistolets-mitrailleurs sur les Chiméronautes -blessant légèrement Harmonie et Vincent- la partie est perdue : son second soldat décolle à son tour et les trois Médians bredouilles disparaissent dans la pénombre, volant vers le réacteur à fusion...
Jackson Ibrahim prend juste le temps de vérifier que ses compagnons vont bien, recharge son fusil puis redescend au pas de gymnastique vers le lieu du combat, laissant leur capitaine à la garde de la Médiane : quelque part près du square, un p'tit clone et une ingénieure ont probablement besoin de son assistance.
Crevés par leur mésaventure, Harmonie et Vincent s'assoient pour souffler dans l'encadrement de porte oblique d'un restaurant abandonné qui se dresse presque à 45° du sol courbe [les deux PJ ont brûlé beaucoup d'Énergie et ont bien besoin d'une scène de répit].
Au loin, ils distinguent vaguement des silhouettes qui s'agitent parmi les lumières chiches et un début d'incendie, on entend même le crépitement de quelques fusillades sporadiques :
"Hé ben...hhhh....on... s'en sort....hhhh.... comme....hhhh... comme des chefs, halète Vincent !
_J'ai perdu le contact avec La Chimère, constate Harmonie.
_Moi...hhh... aussi...hhh...
_Rha merde, j'espère que le Jiang-Jià a eut mon message, râle la tueuse : j'ai laissé une miles assommée dans le square, je voulais qu'il la ramasse !
_Je crois bien... hh... que les com' sont coupées. Et puis...hh... la bagarre continue... On va avoir du mal... hh... à rejoindre le vaisseau...
_Mais... tu entends ? La soufflerie !?
_Quelle... hh... soufflerie ? J'entends rien moi...
_Justement : on entend plus la soufflerie de la station !
_Regarde ! En bas... les lumières d'alertes s'allument près de l'astroport !"
1) On avait plus vu ces petites merveilles de technologie soviétique depuis l'Épisode 4. Les combinaisons médianes sont aux exosquelettes de combat galactiques ce que les combinaison de plongée modernes sont aux scaphandres du XIX° siècle : une combinaison souple, anthracite, très près du corps, presque d'un seul tenant, plus épaisse sur le casque, aux jambières, aux coudes et aux épaules. Faîte dans un matériau à densité variable et dotée d'un puissant générateur, la combinaison peut se contracter par endroit pour soutenir l'effort musculaire de son porteur, son bouclier encaisse magnifiquement les tirs (beaucoup moins les armes tranchantes), elle résiste à des température et des pressions extrêmes (c'est vraiment une combinaison spatiale) et si les propulseurs sont plutôt conçus pour accompagner de grands bonds, en faible pesanteur, les commandos médians peuvent carrément voler !
Harmonie rêve d'en récupérer une intacte depuis longtemps...
2) Depuis le début de la campagne, c'est la première fois que des PJ arrivent à courts de munitions en seulement quelques minutes de combat : les joueurs ont fait grand usage des options de tir comme le faisceau large du shock-gun (qui peut assommer plusieurs personnes à la fois ou vous épargner de vraiment viser), les rafales ou les tirs concentrés des fusils d'assaut cetans...
Un silence inquiétant est effectivement tombé sur la station largement enténébrée où, par-dessus les lampions du souk et quelques flammes éparses, percent les lumières clignotantes des sas de sécurité et les vastes écrans holographiques. Dressés au dessus du souk, ces derniers se remplissent alors de la haute tête grise d'un mens. Dans l'immense visage buriné encore à moitié maquillé de fond de teint bistre, les faux-sourcils broussailleux surmontent un regard pâle qui semble contempler toute la population.
Et puis sa voix sinistre envahit l'espace, son Arabe teinté d'un accent râpeux :
"MOUDJAHIDINE DE NAÏN-NAÏN ! JE SUIS LE COLONEL 'BELISARIUS' DE L'UGSS !
QUAND DES ESPIONS DE LA FÉDÉRATION GALACTIQUE SE SONT INTRODUITS SUR LA STATION, JE VOUS AI OFFERT UNE PRIME POUR LEURS TÊTES. PUISQUE LA CAROTTE NE VOUS SUFFIT PAS, VOICI LE BÂTON :
NOUS CONTRÔLONS LE RÉACTEUR À FUSION COMME TOUS LES SYSTÈMES VITAUX. NOUS AVONS COUPÉS LES ACCÈS À L'ASTROPORT ET LES COMMUNICATIONS, NOUS ÉTEIGNONS MAINTENANT LA VENTILATION. NOUS NE LA RELANCERONT QUE LORSQUE VOUS NOUS LIVREREZ LES DÉPOUILLES DES ESPIONS : NOUS VOUS COMMUNIQUONS LEURS NOMS, LEURS PORTRAITS, L'EMPLACEMENT DE LEUR "CHIMÈRE". À L'EXTÉRIEUR, VOS PROPRES VAISSEAUX REÇOIVENT LE MÊME MESSAGE ET LES CANONS DE LA STATION SONT POINTÉS VERS EUX.
TROUVEZ-LES ESPIONS ET DÉPOSEZ LEURS CADAVRES SOUS LES ÉCRANS, SANS QUOI VOUS PÉRIREZ TOUS ÉTOUFFÉS DANS LA FOURNAISE !
IL N'Y A PAS D'ALTERNATIVE, IL N'Y AURA PAS D'AUTRE COMMUNICATION : VOUS AVEZ DEUX HEURES."
Et le visage gris disparait, remplacé par le défilement d'hologrammes géants des Chiméronautes...
La tronche des joueurs valaient son pesant de cacahuètes.
Il prévient ses "patrons" et le personnel disponible traverse la station en hâte pour le rejoindre : tous les autres étant occupés ailleurs, seuls Harmonie, Jackson, Dunya et Vincent se disséminent dans les vestiges d'une espèce de parc pentu (car éloigné du souk : la courbure de la station s'y fait nettement sentir), jonchés de détritus et dont toutes plantes ont disparu depuis longtemps. Vincent est d'ailleurs déguisée en femme voilée : sa meilleure idée pour éviter de montrer sa bobine, puisque les Médians diffusent désormais son portrait sur les quelques grands écrans holo qui fonctionnent encore, surmonté d'une prime de 3.000 unités énergétiques (comme pour Hansou Carlo, Vlad et Harmonie). Certes, le redouté Al Saafin a fait savoir qu'il décapiterait tous les imbéciles qui oseraient prêter main-forte à "l'occupant" médian, mais les PJ n'ont pas vraiment envie de tester ce que vaut cette très vague protection.
À ce stade, les Chiméronautes n'ont d'autre intention que de prendre les Médians en filature pour repérer l'entrée de la forteresse qu'ils ont établie autour de la centrale à fusion... même si Harmonie caresse l'idée de neutraliser la miles, voire de jouer les dopplegangers pour s'introduire dans le repaire de l'ennemi.
Et parce qu'elle connaît par cœur les procédures de la PatrOb, la commando repère aisément le troisième soldat grimé en moudjahid qui avaient échappé à "Marcus" : patrouillant discrètement entre le quai et le square, il couvre la voie de sortie de ses coéquipiers. La guerrière en déduit qu'ils ont adopté une formation agile pour ne pas attirer l'attention des pirates, mais qu'ils ne font guère confiance à Vivian Sorkin et que le mens qu'ils protègent est clairement un VIP : peut-être Belisarius lui-même ?
Quand les Médians quittent le Galatea, rejoignent leur sentinelle et commencent à traverser le square, Harmonie est prise d'un doute : la formation qu'ils adoptent n'est pas celle qu'elle attendait... À l'instant où Jackson repère deux autres miles convergeant vers lui à travers la foule massée autour d'un débit de boissons et qu'encore deux autres surgissent près de Vincent, tous comprennent que leur embuscade s'est faite embusquée.
Voici à quoi ressemble un "mens" : c'est en fait un portrait de Marcus -le "vrai", mort à la fin de l'Épisode 1- mais j'ai pensé que ça serait utile.
Incapable d'affronter les deux miles qui viennent de se saisir de lui, et ses camarades trop loin pour lui porter secours, Vincent Panjari prend un groupe de moudjahidine à parti en se mettant à hurler "Des Médians ! Au secours ! Des Médians !" et arrache la fausse barbe de l'un des deux soviétiques. Mais le "mens" et ses ailiers sont déjà sur eux, les miles ont dégainé des shock-gun et le petit "replet" sort deux pistolets-mitrailleurs de sa fausse bedaine : coincés entre les 5 Médians, les premiers pirates à intervenir sont illico descendus, et Vincent neutralisé d'une décharge à bout portant.
Depuis le couloir d'accès vers les quais, Dunya fonce à la rescousse... mais est immédiatement stoppée par les feux nourrit de plusieurs commandos : "Aaaargh ! Y en a partout !" crie-t-elle dans son com-link, alors qu'autour d'elle d'autres moudjahidine brandissent leurs armes et commencent à tirer un peu au hasard dans la direction générale des Médians, sans bien comprendre ce qui se passe.
En réalité, les PJ ont à faire à 5 groupes camouflés qui tentent de fermer une nasse sur le square : Belisarius et ses deux gardes du corps au milieu, le binôme qui vient de saisir Panjari, un autre qui met un moment à descendre des hauteurs, le duo qui arrivait du souk derrière Jackson Ibrahim et un quatrième binôme qui arrive depuis les quais. Donc 10 commandos en plus du chef, soit un bon cinquième des "forces spéciales" médianes disponibles, qui comptent environs 50 commandos de la PatrOb et 50 miles "de l'armée régulière", qui sont déjà pas des tendres.
Évidemment, les altercations déclenchées par les pirates vont nettement perturber la progression des médians et, dans la confusion qui s'ensuit, les PJ ne pourront guère les compter ni les situer clairement... sauf Harmonie. Elle a tôt fait de reconnaître leur formation en carré et, ayant situé deux groupes, déduit bientôt la position des autres.
À 50m de là, Jackson Ibrahim n'attend pas d'être pris en tenaille : il sort son lourd fusil d'assaut cetan de sous son burnous et ouvre le feu sur le binôme le plus proche de lui. La rafale crépite sur leurs boucliers, quelques impulsions frappent dans la foule et les deux miles répliquent aussitôt au shock-gun, manifestement décidé à le capturer... Mais, passé un instant de surprise, les moudjahidine alentours dégainent à leur tour et tirent sur les Médians comme sur le soufi. Celui-ci se jette à couvert et, voyant ses adversaires bientôt occupés par un groupe de druzes, s'élance vers Vincent en bousculant les badauds, un soldat médian à ses trousses.
Prenant la mesure de la scène de derrière ses fourneaux, Jiang "Marcus" en sort un neutraliseur et tire maladroitement sur les soldats qui allaient emporter son cher capitaine Panjari. Mais de nouveaux commandos sont apparus pour mitrailler la cuisine ambulante, et le petit clone n'a que le temps de se jeter derrière : malgré le clignotement de quelques boucliers personnels, du sang éclabousse son riz au gingembre, plusieurs de ses clients s'écroulent et les autres s'éparpillent.
Accrochée au contact par un miles qu'elle n'avait pas vu venir, Dunya n'a même pas le temps de comprendre : deux percussions, une clé de bras, deux coups de genoux et elle s'effondre, le visage en sang et plusieurs côtes brisées.
Dans le chaos qui s'empare bientôt du square et de ses alentours, Harmonie a pu approcher sans être remarquée : jaillissant derrière deux miles, elle en sèche un d'un atemi dans la gorge, saisit le shock-gun du second, lui retourne la crosse dans le groin et l'assomme d'une décharge en pleine tête. Mais alors qu'elle se lançait à la poursuite des ravisseurs, deux d'entre eux lâchent de longues rafales pour couvrir leur retraite et la tueuse réplique à la grenade shock.
Autour de Jackson, cloué derrière un générateur à hydro-fuel par les impulsions qui volent maintenant dans tous les sens, tout le monde défouraille sur tout le monde : derrière lui, les Médians ont sorti des pistolets-mitrailleurs pour se tailler une tranchée sanglante dans la foule, une grenade à plasma incinère un étal, des pirates vident de vieilles rancunes, quelques gardes du bey Ali Zayn cherchent sur qui tirer... À son tour, Jackson Ibrahim balance quelques grenades shock pour contenir l'assaut mais, soudain touché par une rafale des miles qui avaient mitraillé la cuisine ambulante de Jiang Marcus, le soufi sent bien que sa position va vite devenir intenable.
Sauf que, planqué sous sa cuisine criblée d'impacts, le p'tit clone bricole. Après avoir judicieusement prélevé la mémoire du scanner, il met le générateur en court-circuit sur l'auto-cuiseur et pousse le chariot roulant dans la pente : le temps que les soviétiques qui tiraient sur Jackson remarquent le stand bringuebalant qui dévale vers eux, la cuisinière explose en assommant le soldat le plus proche et éjectant l'autre sur plusieurs mètres dans un grand nuage de riz brûlé qui emporte plusieurs étals.
Des éclats de plastiques, des sacs de provisions et des tréteaux pleuvent tout autour, y compris sur Dunya, déjà affalée au pied d'un écran holographique hors-service (et qui sera oubliée là pour le reste de la scène).
Jackson en profite pour allumer le Médian le plus proche et chercher Harmonie du regard : à l'autre bout du square, pistolet à impulsion dans une main, shock-gun dans l'autre, la tueuse poursuit les soldats qui tentent d'extraire leur chef et leur captif du carnage.
En gravissant les pentes vers le moyeu sous les tirs des pirates et ceux d'Harmonie à leurs trousses, plusieurs commandos ont déjà mordu la poussière, mais les trois derniers ravisseurs atteignent bientôt un espace dégagé, hors des filets à marchandises, des guirlandes et des câbles électriques qui encombrent les abords du souk.... Vincent reprenait conscience depuis quelques secondes quand on le jette au sol : couverts par leurs camarades, le mens et le miles qui le portaient retirent leurs burnous pour révéler des combinaisons de combat médianes (1) et dégager leurs propulseurs dorsaux.
Alors qu'ils attachaient Panjari au baudrier du commando prêt à décoller, celui qui protégeait l'opération voit arriver Harmonie, qui court en vidant sont shock-gun sur le trio : le faisceau large ne fait que crépiter leur boucliers. Lorsque le défenseur riposte d'une longue rafale, elle doit pourtant se jeter derrière l'angle d'un bâtiment en ruine. Belisarius (car c'était lui) et le premier miles s'envolent soudain en direction du moyeu, mais Vincent reste au sol : un instant d'inattention du soldat lui a suffit pour se détacher, et le rusé Centauri rampe maintenant hors d'atteinte du troisième médian, bloqué à couvert par les dernières impulsions du pistolet d'Harmonie (2).
Mais Jackson arrive finalement en renfort et la cadence de tir de son lourd fusil cetan force le dernier commando à se replier. S'élevant toujours vers l'obscurité du moyeu, Belisarius a beau vider ses pistolets-mitrailleurs sur les Chiméronautes -blessant légèrement Harmonie et Vincent- la partie est perdue : son second soldat décolle à son tour et les trois Médians bredouilles disparaissent dans la pénombre, volant vers le réacteur à fusion...
Jackson Ibrahim prend juste le temps de vérifier que ses compagnons vont bien, recharge son fusil puis redescend au pas de gymnastique vers le lieu du combat, laissant leur capitaine à la garde de la Médiane : quelque part près du square, un p'tit clone et une ingénieure ont probablement besoin de son assistance.
Crevés par leur mésaventure, Harmonie et Vincent s'assoient pour souffler dans l'encadrement de porte oblique d'un restaurant abandonné qui se dresse presque à 45° du sol courbe [les deux PJ ont brûlé beaucoup d'Énergie et ont bien besoin d'une scène de répit].
Au loin, ils distinguent vaguement des silhouettes qui s'agitent parmi les lumières chiches et un début d'incendie, on entend même le crépitement de quelques fusillades sporadiques :
"Hé ben...hhhh....on... s'en sort....hhhh.... comme....hhhh... comme des chefs, halète Vincent !
_J'ai perdu le contact avec La Chimère, constate Harmonie.
_Moi...hhh... aussi...hhh...
_Rha merde, j'espère que le Jiang-Jià a eut mon message, râle la tueuse : j'ai laissé une miles assommée dans le square, je voulais qu'il la ramasse !
_Je crois bien... hh... que les com' sont coupées. Et puis...hh... la bagarre continue... On va avoir du mal... hh... à rejoindre le vaisseau...
_Mais... tu entends ? La soufflerie !?
_Quelle... hh... soufflerie ? J'entends rien moi...
_Justement : on entend plus la soufflerie de la station !
_Regarde ! En bas... les lumières d'alertes s'allument près de l'astroport !"
1) On avait plus vu ces petites merveilles de technologie soviétique depuis l'Épisode 4. Les combinaisons médianes sont aux exosquelettes de combat galactiques ce que les combinaison de plongée modernes sont aux scaphandres du XIX° siècle : une combinaison souple, anthracite, très près du corps, presque d'un seul tenant, plus épaisse sur le casque, aux jambières, aux coudes et aux épaules. Faîte dans un matériau à densité variable et dotée d'un puissant générateur, la combinaison peut se contracter par endroit pour soutenir l'effort musculaire de son porteur, son bouclier encaisse magnifiquement les tirs (beaucoup moins les armes tranchantes), elle résiste à des température et des pressions extrêmes (c'est vraiment une combinaison spatiale) et si les propulseurs sont plutôt conçus pour accompagner de grands bonds, en faible pesanteur, les commandos médians peuvent carrément voler !
Harmonie rêve d'en récupérer une intacte depuis longtemps...
2) Depuis le début de la campagne, c'est la première fois que des PJ arrivent à courts de munitions en seulement quelques minutes de combat : les joueurs ont fait grand usage des options de tir comme le faisceau large du shock-gun (qui peut assommer plusieurs personnes à la fois ou vous épargner de vraiment viser), les rafales ou les tirs concentrés des fusils d'assaut cetans...
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Un silence inquiétant est effectivement tombé sur la station largement enténébrée où, par-dessus les lampions du souk et quelques flammes éparses, percent les lumières clignotantes des sas de sécurité et les vastes écrans holographiques. Dressés au dessus du souk, ces derniers se remplissent alors de la haute tête grise d'un mens. Dans l'immense visage buriné encore à moitié maquillé de fond de teint bistre, les faux-sourcils broussailleux surmontent un regard pâle qui semble contempler toute la population.
Et puis sa voix sinistre envahit l'espace, son Arabe teinté d'un accent râpeux :
"MOUDJAHIDINE DE NAÏN-NAÏN ! JE SUIS LE COLONEL 'BELISARIUS' DE L'UGSS !
QUAND DES ESPIONS DE LA FÉDÉRATION GALACTIQUE SE SONT INTRODUITS SUR LA STATION, JE VOUS AI OFFERT UNE PRIME POUR LEURS TÊTES. PUISQUE LA CAROTTE NE VOUS SUFFIT PAS, VOICI LE BÂTON :
NOUS CONTRÔLONS LE RÉACTEUR À FUSION COMME TOUS LES SYSTÈMES VITAUX. NOUS AVONS COUPÉS LES ACCÈS À L'ASTROPORT ET LES COMMUNICATIONS, NOUS ÉTEIGNONS MAINTENANT LA VENTILATION. NOUS NE LA RELANCERONT QUE LORSQUE VOUS NOUS LIVREREZ LES DÉPOUILLES DES ESPIONS : NOUS VOUS COMMUNIQUONS LEURS NOMS, LEURS PORTRAITS, L'EMPLACEMENT DE LEUR "CHIMÈRE". À L'EXTÉRIEUR, VOS PROPRES VAISSEAUX REÇOIVENT LE MÊME MESSAGE ET LES CANONS DE LA STATION SONT POINTÉS VERS EUX.
TROUVEZ-LES ESPIONS ET DÉPOSEZ LEURS CADAVRES SOUS LES ÉCRANS, SANS QUOI VOUS PÉRIREZ TOUS ÉTOUFFÉS DANS LA FOURNAISE !
IL N'Y A PAS D'ALTERNATIVE, IL N'Y AURA PAS D'AUTRE COMMUNICATION : VOUS AVEZ DEUX HEURES."
Et le visage gris disparait, remplacé par le défilement d'hologrammes géants des Chiméronautes...
La tronche des joueurs valaient son pesant de cacahuètes.