4 septembre 1940, New York.
Tu croyais que je t’avais fait faux bond ? Un an sans nouvelle, je reconnais que c’est long. Remarque, j’avais parlé de septembre, et mariole comme je suis j’avais pas précisé l’année. Remarque encore, on est en septembre et toujours pas tout à fait prêt. Mieux vaut pas donner de dates, on est jamais sûr de rien et les enjeux sont trop grands pour risquer de se louper.
Je suis pas du genre à me défiler, et je te dois quelques explications. Depuis notre dernier contact, les choses se sont durcies. Quelques camarades se sont fait poissés, des planques importantes ont été logées et au pire de la crise, la cellule entière a été compromise. On a fait ce qu’on avait à faire : demi-sommeil et grand nettoyage, pour repartir sur des bases sûres et saines. Pas le moment d’accueillir une recrue, t’imagine bien.
Dernièrement, les choses s’améliorent. Un type que tu connais sûrement, parce qu’il traine par ici, nous a d’ailleurs donné un sacré coup de main pour peaufiner nos procédures et nos méthodes. Dans la Résistance, on ne balance pas de blase, mais peut-être qu’il aura suffisamment confiance en toi pour risquer son anonymat et te révéler que c’est un ami à nous.
J’espère qu’on a pas usé ta patience, que tu restes toujours désireux de détruire ta vie pour tenter d’ébrécher la Machine. Pour le moment, c’est tout ce qu’on a à offrir. Mais je suis un increvable optimiste : notre heure viendra et la Machine, on la détruira. Pièces par pièces, jusqu’au dernier écrou.
Après t’avoir filé entre les doigts aussi longtemps, ça me chagrine de te laisser à nouveau sans rien de concret. Alors je te propose un truc : trouve-nous dès maintenant. Si t’y arrives, on devra rebosser encore un peu sur nos mesures de clandestinité, mais on sera ravi de compter parmi nous quelqu’un d’aussi fortiche.