Il me semble que les félidés (histoire d'y rentrer les grandes espèces) pratiquant une chasse exclusive sont très rares. Le guépard chasse jusqu'à 80% de gazelles de Thomson par endroit. Mais certaines espèces de félidés charognent aussi, le lion est un gros charognard et un chasseur moins efficace que beaucoup d’autres espèces (dont les hyènes). Ils peuvent ingurgiter des carcasses en mauvais état et bien les digérer. La remarque de Kandjar peut faire sourire mais est tout à fait vraie, il faut pouvoir encaisser de digérer des trucs plus très frais, tous les organismes ne sont pas faits pour. Il me semble que les petits félidés, les félins, évitent en général (ce n’est pas une exclusion) le charognage justement car ils y sont peu adaptés. Il y a aussi une énorme compétition d’accès aux carcasses. Dans certains coins, manger de la carcasse implique une compétition directe avec des hyènes, des lions, des panthères, des léopards (faut quand même être sûr de soi). Ce sont les plus gros/agressifs/nombreux qui accèdent d’abord (quitte à virer les plus rapides) et qui laissent ensuite toute une pléthore de bestioles terminer le corps ou alors il faut développer des stratégies de mise à l’écart de la ressource (hisser dans un arbre sa proie est assez efficace). Il y a toute une chaine trophique du charognage. Certains vont l’éviter même absolument ne faisant pas le poids en cas de conflit autour d’un cadavre. Les lycaons qui commencent à dévorer leur proie avant même qu’elle soit morte participent de cette stratégie d’évitement (et ils mangent immédiatement la proie). Un autre point est que la chasse active te permet d’être moins dépendant de la mise à disposition d’une ressource. Que fais-tu quand tu ne trouves pas de corps (même les hyènes peuvent être d’excellentes chasseuses) ? Le vautour compense par exemple avec une vue hors norme permettant de multiplier les chances de trouver une carcasse.
Une très grande spécialisation est une réponse évolutive à son milieu. Si un prédateur se spécialise c’est que sa ressource est abondante et/ou cela permet de réduire la concurrence sur cette ressource-là. Mais c’est aussi une faiblesse, si la ressource se tarit pour une raison ou une autre, le prédateur ultra-spécialisé n’y survivra pas en général. Le cas du Lynx ibérique est bien documenté avec son hyper spécialisation sur les lapins de garenne. Quand ceux-ci furent décimés par la myxomatose dans les années 1950 puis une maladie hémorragique dans les 80’-90’, la population de lynx a suivi dans le précipice. Si on rajoute en prime une grosse pression anthropique sur le milieu… Cela a été un temps une des hypothèses quant à la disparition de Néandertal, une hyper spécialisation de la chasse aux grands mammifères des steppes gelées et qui ne survit pas au changement de son milieu.
Le garde-manger est plein !Qui Revient de Loin a écrit : ↑mar. mars 04, 2025 8:31 pm Ils choisissent les visages qu'ils mangent et éliminent les plus bêtes.