Vous l'attendiez tous (oupa), voici le dernier épisode de ma campagne Lanfeust !*
Nous, Klint le troll (moi), Pel le sage (PNJsé pour cette partie), Lamer le frère de feu Jean-Michel (et marchand von Beruf), Dikomé l'emo-kid, et T le guerrier dont j'oublie tout le temps le nom, sommes au pied de la forteresse du méchant baron Attilos, que nous soupçonnons d'avoir enlevé le sage d'Eckmül que nous cherchons (et l'artefact que ce dernier voulait ramener à Eckmül), planqués dans une maison dont nous nous sommes rendus propriétaires par un acte peu glorieux. La nuit va tomber d'ici une heure.
Nous commençons à réfléchir à un moyen d'infiltration. De ce que nous voyons, il suffit de passer le pont-levis tenu par 2 gardes et de ne pas paraître suspicieux aux yeux des soldats dans la cour du château, ensuite entrer dans le donjon sera un jeu d'enfant. Il faut donc éloigner les deux gardes. Motivé par la haine que les locaux semblent vouer aux "gens eud'magie", je propose de faire diversion, ça devrait passer tout seul. Et je refuse d'emblée d'appliquer pour la 432094613ème fois la tactique de Star Wars épisode 4.
Dik suggère même de complexifier la manoeuvre, en le grimant en soldat ; ainsi, pendant que je ferai l'arsouille, il criera "C'est une diversion, je les ai vus partir par là !" en montrant la direction opposée à celle de ma fuite. Cela réduira le nombre de mes poursuivants et contribuera à vider la caserne.
La diversion dans la diversion, pas con, hein ?
Aussitôt dit, aussitôt fait. Je prends une voix super féminine (oui, à chaque partie, je fais de l'imitation - demoiselle en détresse, chèvre, etc. - au moins une fois) et clame quand un soldat de la carrure de Dik passe près de la maison "Oh zut, j'ai une fuite, je vais être toute mouillée ! Si seulement un vigoureux soldat pouvait me la colmater !".
Ça ne rate pas, et nous avons un uniforme. Nous envoyons Dik dans le château. Puis j'enlève mon pagne (ça fait plus "bête barbare", comme ça) et sors. Une fois sur la place devant le pont-levis, profitant de la stupéfaction des gardes face à un troll à poil, j'attrape tranquillement une charrette vide et la balance (sans les chevaux) sur eux en hurlant "Je suis Klint le Sanguinaire, je vais tous vous tuer, RHAAAAAAAAAAA !". Puis je m'enfuis, poursuivi par une dizaine de soldats.
Au passage, il a été décidé au début que, pour s'assurer de la présence de notre sage cible, j'allais fuir avec Pel sur mon dos, afin de sortir mes amis de son champ de magie. Comme ça, quand leurs pouvoirs redeviennent opérationnels, c'est que la cible est dans les parages.
Je (joueur) sors donc un peu de la partie, le temps que mon troll soit éloigné de 3 bons kilomètres.
Pendant ce temps, Dik a mené une troupe de gardes loin du castel. C'est donc peinards que T et Lamer infiltrent le château. Oui, les deux persos les plus cons de la troupe (même moi j'ai plus en SAG + INT). Ils commencent par se balader dans le donjon, et prennent un escalier au hasard. Au cinquième étage, ils se retrouvent coincés contre une sorte de "mur invisible". Ils voient alors un jeune avec une coupe au bol minable et une femme avec une bonne... capacité pulmonaire et deux macarons sur la tête, qui s'interpellent à coups de "Louke" et "Léwa", traîner péniblement un gigantesque cube de métal vaguement bleuté à travers la salle, dans un silence parfait (ils ne veulent sûrement pas réveiller les gens, n'oubliez pas qu'on est en fin de soirée).
Intrigués, les deux PJs redescendent à l'étage du dessous, croisent Dik en chemin et l'informent de la situation. Dans la salle de l'étage inférieur, pendant que Lamer fouille pour piller la pièce (c'est bien, on n'est pas surpris, d'un perso à l'autre, avec ce joueur), T et Dik essaient de faire accéder ce dernier à la fenêtre d'au-dessus. La méthode "Banlieue 13 Ultimatum" pour atteindre le dessus d'un balcon en partant du dessous (regardez la bande-annonce, vous comprendrez) étant ici inapplicable, Dik décide d'escalader.
Oui, mais... s'il tombe ? Il vaut mieux s'encorder. Oui, mais... T n'a pas prouvé sa loyauté au groupe, et il pourrait tirer sur la corde pour faire chuter Dik et le blesser/tuer puis violer son cadavre. D'ailleurs, Dik étant émo, ça lui semble une perspective pas si désagréable. Oui, mais... et la mission ? Oui, mais... peut-on faire confiance à Lamer ? Il vaut mieux que T garde son arbalète à portée de main pour garder Lamer en vue...
Après ces tergiversations, le gamin finit par y aller, et escalade très bien, mais il y a aussi un "mur invisible" à hauteur de la fenêtre. Et les deux gens se dirigent vers l'escalier. Dik redescend alors et prévient les deux autres. Ils se ruent vers l'escalier, montent... et ne croisent personne. Réaction typiquement roleplay : "Mince, ils ont couru plus vite que nous, ils sont déjà sortis du château.". Et le fait qu'ils ont pu aussi onter au sixième, et le fait qu'ils portent un gros cube métallique, qui doit les ralentir ? Non, non, des détails.
Sur ces entrefaites, de mon côté, je joue à "raptors dans un champ de maïs", mais avec un troll et un champ de blé (mais comme je suis trouillard, je vérifie aussi qu'il n'y a pas de raptors dans mon dos), avec les miliciens qui me poursuivaient, puis repars vers la ville.
Au cinquième étage de la tour, nos trois héros fouillent. Lamer, dans une chambre, découvre le sage d'Eckmül (qui, rappelons-le, est de notre point de vue l'assistant du sage, puisqu'on croit que le cadavre qu'on a trouvé à Prech était le maître et non l'élève), en état de choc. C'est alors que, sans raison apparente, Lamer le chope par le col, lui crie "Tiens, c'est pour tous les enfants de Prech !" et le défenestre. Puis il rejoint ses deux acolytes, et les informe qu'il a trouvé le sage, mais que celui-ci s'est inexplicablement suicidé.
Ils choisissent alors de piller le château en attendant mon retour puis de mettre les voiles vers Eckmül. En se promenant, ils trouvent le baron, endormi, le réveillent et lui beuglent "Où est ton or ?". Attilos ne se démonte pas en réplique "DANS TON CUL !". Ce qui lui vaudra d'être égorgé**.
Puis, en montrant la tête du baron à tout le monde, ils se rendent maîtres du château. J'arrive alors, et me présente aux deux gardes à l'entrée. Comme je vois Lamer derrière eux, je le désigne et annonce, avec mon plus beau sourire, "Je suis avec lui". Lamer s'approche, me fait un énorme clin d'oeil, et lance "C'est le troll qui a attaqué le castel tout à l'heure ! Capt...". Sa phrase s'arrête là, car ne comprenant pas où il veut en venir (et pour des raisons de satisfaction de joueur, qui échappent à tout roleplay), je pousse les gardes pour abattre ma massue sur le crâne de Lamer. Hop, à 1 PV il fera moins le malin. Du coup il leur dit "Oui, c'est vrai, il est avec moi", et on entre. Il m'explique alors qu'il voulait asseoir sa crédibilité auprès des soldats en montrant qu'il avait "capturé un troll". Du coup il me propose de me mettre un petit coup de poign et que je fasse semblant d'être terrassé. Pourquoi pas, après tout ? Il me frappe donc mollement, et je me jette en arrière. Ah, merde, le sage, j'avais oublié qu'il était sur mon dos ! Sproutch, -2PV, table des mutilations : genou explosé. C'est lourd, un troll.
Sur ce, ils me mettent au courant du suicide de notre cible et de l'impossibilité subséquente de trouver l'artefact.
Désespéré, je suggère qu'on rentre à Eckmül, et qu'en cours de route on taille une plaque de pierre sur laquelle je graverai des symboles avec mes dents, et ça fera l'affaire.
Nous repartons pour la capitale et la civilisation, gravons une plaque de pierre, prenons un dragon (on a des sous, et j'en ai plein le cul du bateau), et arrivons au Conservatoire. Nous sommes amenés face aux Conservateurs, et exhibons avec fierté l'artefact. Lamer ajoute que le fourbe baron Attilos a défenestré le sage qu'on était venu chercher, ce qui explique qu'on n'ait pas le sage, et qu'on l'a tué après coup. Plausible, non ?
Sauf que les Conservateurs ne nous ont pas dit, au début, qu'ils avaient entretenu une correspondance fournie avec le sage, qui leur indiquait, je cite, "le cube, d'un mètre vingt de côté, est d'une matière métallique émettant lumière et chaleur". On a l'air fin avec notre stèle préhistorique.
Fin. C'est un échec total, GLORY !
* Je crois que c'est Thaumiel qui m'a demandé de lui passer le scénario : je crois que notre meujeu n'a que modérément envie de se sortir les doigts du cul pour te le scanner. Je ne saurais trop t'encourager à reprendre ce que j'ai raconté et à faire du reverse-engeneering dessus.
** À ce stade, je regrette vraiment de ne pas être présent pour pouvoir broyer deux trois têtes et mettre fin au bain de sang.