[CR] Warhammer v3 - New : Vol3 (page 3)

Critiques de Jeu, Comptes rendus et retour d'expérience
Leovric
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Re: [CR] Warhammer v3

Message par Leovric »

une remarque c'est une tres bonne interprétation de "an eye for an eye", très bien amené, et très bien narré. Quelle sont les carrières des PJ ? la fiche de groupe ? (servants of justice je suppose ?)
orlanth
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Re: [CR] Warhammer v3

Message par orlanth »

edophoenix a écrit :C'est génial ! J'adore et j'en redemanderais dès que j'aurais fini de lire tout ce qu'il y a déjà.
:yes:
question sérieuse : Tu comptes écrire un bouquin ?
Non :) Je n'ai pas cette prétention, mais pour l'instant je m’entraîne à écrire avec un style littéraire plutôt que synthétique comme je fais d'habitude.
[Edit] Une précision toutefois, j'ai aussi choisi ce style pour le CR pour que même les non-joueurs de warhammer puisse le lire et le trouver sympa. Je voulais que ce soit agréable pour tout le monde quoi. :geek
une remarque c'est une tres bonne interprétation de "an eye for an eye", très bien amené, et très bien narré. Quelle sont les carrières des PJ ? la fiche de groupe ? (servants of justice je suppose ?)
Il y a trois persos :
- Ottavio est un étudiant (un peu naif comme tu as pu le voir)
- Akney est un zélote de sigmar (que je prends pour un pretre et que je vénère comme mon sauveur, mais ça va bientôt changer)
- Camillia est une contrebandière qui parle pas des masse, du moins le perso, parce que le joueur si :).

La fiche des groupe est effectivement servant de la justice mais la contrebandière ne joue pas vraiment le jeu, ce qui fait qu'on se prend plein de tension de groupe. D'ou les embrouilles décrites dans le texte. Mais c'est bien fun :)
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Re: [CR] Warhammer v3 - volume 2

Message par orlanth »

Voici la suite des aventures d'Ottavio et de sa quête de connaissance.
Comme d'habitude, n'hésitez pas à me faire un retour, à poser des questions et à me faire des remarques.
Je ne sais toujours pas quel scénario on joue, donc considérez qu'il s'agit d'un gros spoiler.
Ah oui, et c'est assez long :)

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1 – Que d’eau !
Nous étions depuis plusieurs jours à l’auberge du rat à deux têtes, une gargote d’un petit village aux alentours d’Auerstreig, lorsqu’un matin Camillia vint nous voir, l’air encore plus sombre que d’habitude.
- Un homme de ma connaissance à des ennuis, nous dit-elle tout de go. Il y a maintenant une semaine qu’il a disparu. C’est un marchand de charbon qui devait déposer son chargement à Stromdorf et n’est pas rentré comme il l’aurait dû.
- Mais qu’a donc fait cet homme ? demandais-je.
- Et en quoi le retrouver nous permettra de rendre justice ? tonna le père Akney.
- La guilde des marchands lui a fourni un sceau, une lettre de marque, sous la forme d’une bague qui lui donne d’immenses pouvoirs, nous répondit-elle. Si cette bague tombait entre de mauvaises mains, la région pourrait connaitre une noire période.

Le père Akney ne semblait pas convaincu. Remarquant son air suspicieux, Camillia continua.
- Père Akney, cette bague donne autorité à quiconque la possède pour lever des taxes ou s’en affranchir. Nombre de familles de paysans ne pourraient survivre si la guilde et les états les écrasaient encore plus. Rendre cet insigne est un devoir.

Je levais un sourcil étonné. Ce n’était pas la première fois que j’entendais cette histoire de paysans et d’impôts. Il arrivait bien que quelques groupes se révoltent parfois, mais je considérai qu’il s’agissait de phénomènes isolés, provoqués par la gourmandise excessive d’un maitre mal conseillé ou mauvais gestionnaire. Et puis les paysans sont si fainéants parfois, toujours à se plaindre, d’une chose ou d’une autre, qu’on puisse comprendre que leurs maitres se lassent. Je ne pus pousser plus loin mes réflexions.
Le père Akney venait de se lever, repoussant violemment sa chaise.
- Camillia, nous ne travaillerons pas pour les marchands.
- Père, le nom de cet homme est Florian Weschler. Camillia marqua une pause. Il avait une famille, et quatre adorables enfants. Nous devons savoir ce qui s’est passé, vous comprenez ? Et s’il est mort, nous retrouverons ses assassins, et nous les châtierons comme il se doit.
Le changement de stratégie de Camillia avait porté ses fruits. Rasséréné par ces paroles, mon maitre se calma, et se rassit sur sa chaise en bougonnant.

Quelques heures plus tard, Camillia était à la barre de son bateau en direction de Stromdorf, une petite ville située sur le fleuve Teufel, quand elle pointa le doigt vers le ciel.
- On arrive bientôt, mais on va se taper un petit crachin, dit-elle en montrant les lourds nuages qui obscurcissaient l’horizon. Mettez-vous à l’abri.
Les premières gouttes tombèrent alors que j’attrapai la corde accrochée aux anneaux le long de la coque. Le père Akney rangeait sa chemise de maille, un cadeau de notre dernier employeur, l’air inquiet. Un éclair déchira le ciel.
- Vous êtes sûre qu’on va y arriver ? demanda mon maitre.
- Ce n’est qu’une petite brise, répondit Camillia. Tout va bien se passer.

Puis l’enfer se déchaina.

Des trombes d’eau s’abattirent sur le bateau, balayant le pont, envoyant valdinguer par-dessus bord tout ce qui n’étais pas accroché. La petite brise s’était transformée en tempête. L’esquif tanguait violemment, manquant de se retourner à tout instant. Apeuré, je tentai de voir mon maitre au travers du rideau d’eau qui nous tombait dessus. Mon cœur bondit dans ma poitrine : le père avait disparu ! J’enroulai fermement la corde autour de mon bras et regardai le fleuve lorsque je vis sa tête disparaitre sous l’eau. Je criai pour attirer son attention mais le bruit de la tempête couvrait ma voix. Je décidai alors de lui lancer une corde mais il était trop loin. Cherchant de l’aide auprès de Camillia, je m’aperçus avec horreur qu’elle aussi avait été projetée par-dessus bord. La barre du bateau n’était plus qu’un moignon de bois. Un nouvel éclair s’abattit juste devant moi, faisant voler en éclat le pont qui traversait le fleuve et projetant un énorme moellon dans l’eau. Emporté par les vagues, le bateau se retourna d’un seul coup. J’eus à peine le temps de prendre mon souffle que déjà j’étais submergé. Je tirai sur la corde qui me maintenait accroché à la coque et me servis de celle-ci pour sortir la tête de l’eau. L’instant d’après, ma planche de salut percuta le pilier du pont et je partis m’écraser sur la berge proche. A moitié assommé, je me relevai en crachant de l’eau. J’étais couvert de boue mais encore vivant.

Un nouvel éclair illumina le ciel et je vis l’ombre d’un chariot apparaitre non loin de moi. Répondant à mon appel à l’aide, il se détourna de sa route. Un homme courtaud habillé d’une longue gabardine et d’un chapeau à large bord en descendit et s’approcha de moi.
- Ben vla de vla, qu’esse vous fait’ là mon gars ? Voyez pas qu’il pleut ? me dit-il sincèrement surpris. Z’ètes pas d’ici à ce que j’voyes.
- Mes amis ! Ils sont tombés à l’eau, il faut les aider, hurlai-je paniqué.
- Jvois ben deux cadav’ là-bas, mais j’suis pas ben sûr que c’est vos amis, voyez ?
Cette homme avait une vue remarquable me dis-je en me retournant, les mains formant une casquette sur mon visage pour me protéger de la pluie. Il avait raison, quelques dizaines de mètres plus loin gisaient deux corps. Je fonçai vers eux, manquant de m’étaler plusieurs fois dans la boue et les pierres de la berge puis me jetai sur le père Akney. Il était vivant mais mal en point. L’homme à la gabardine était déjà en train de soulever Camillia et de la placer dans son chariot. Il m’aida ensuite à faire de même avec mon maitre tandis que je me confondais en remerciement.
- Z’ont pas l’air bien vos amis, dit-il sans se départir de son flegme. M’est avis que vous devriez les emmener voir le docteur Schneider. L’es à la ville là-bas.
- Pourquoi restons-nous là, lui demandais-je en m’apercevant qu’il ne bougeait pas.
- Dis-donc l’étranger, t’es pas du coin spa ? me dit-il, prouvant encore une fois sa formidable capacité d’observation. Ici, a rien de gratuit.
- Mais. Mais j’ai tout perdu dans le naufrage ! Je n’ai plus rien monsieur, je n’ai plus d’argent, plus d’équipement. Aidez-moi et je vous promets que je vous paierai plus tard.
- L’a un chouette bout de ferraille l’étranger, me dit-il en pointant du menton mon épée qui était resté accrochée à ma ceinture. Ça pourrait valoir quelques sols en ville.
- Mais. Heu. Hein ? fis-je avec aplomb.
- Soit qu’y m’file le tranchant, soit qu’j’y laisse ses potos par terre. Y pige mieux là l’étranger ?
Estomaqué, j’enlevai le fourreau de ma ceinture et lui tendit.
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Re: [CR] Warhammer v3 - vol2 (page 2)

Message par orlanth »

2 – Etranger
- Ça fera 25 sols, l’étranger, m’annonça le docteur.
Je ne réagis même pas. J’étais effondré. Mes amis était inconscients, allongés par terre devant l’âtre. Perdu dans la contemplation des flammes, je me laissai submerger par la fatigue.
- Je n’ai rien, je suis désolé, murmurais-je avant de relever brusquement la tête. Je venais de me souvenir de quelque chose.

Sachant que nous allions certainement rencontrer les membres de la petite bourgeoisie locale, je m’étais fait confectionner, quelques jours auparavant, un nouveau costume tout en velours et dentelles du plus bel effet. Des malandrins m’ayant subtilisé ma bourse pleine de sols d’argent quelques instants après être sorti du tailleur, j’avais décidé d’utiliser la doublure du veston pour y cacher la dernière pièce d’or que je possédai. Je me souviens encore de l’air entendu de l’artisan lorsqu’il me montra l’emplacement prévu à cet effet. Manifestement, ce n’était pas là sa première demande.
J’ouvris ma veste et fit sauter la couture qui fermait la poche secrète puis tendit au docteur la couronne d’or qu’elle contenait.
- N’oubliez pas la monnaie, insistai-je. J’avais finalement compris comment fonctionnait cet endroit. Camillia allait être ravie.

Il faisait chaud et nous étions plutôt tranquilles. Le feu crépitait dans l’âtre. La pluie battait contre les vitres. Le tic-tac de l’horloge résonnait doucement dans la petite pièce. La chaise sur laquelle j’étais assis grinçait. Sous l’action de la chaleur, la boue séchait sur mes vêtements. En velours. Presque neufs.
- Y vont pas rester toute la journée, les étrangers, si ?
J’allais exploser de rage lorsque je sentis la main de père Akney sur mon bras. Oubliant toute colère, je pris son bras pour l’aider à se relever.
- Ça va, ça va, dit-il d’une voix rauque en me repoussant. Je suis pas mort. T’es pas mort. On va pas en faire un fromage. Et Camillia ?
- Elle va bien maitre.
- Ce n’est pas tout ça mais il va falloir penser à partir maintenant, insista le docteur en regardant l’horloge. On ferme. Si vous pouvez, vous devriez aller à l’auberge de l’eau tonnerre, c’est juste en face. Ah, et faites attention, je crois qu’il pleut un peu aujourd’hui, ajouta le docteur en refermant la porte derrière nous.

Camillia, encore affaiblie, avait le bras passé par-dessus l’épaule de mon maitre. L’auberge n’était effectivement pas très loin. Sur la place du marché des trottoirs en bois avaient été disposés pour permettre aux badauds de se déplacer d’étals en étals sans se couvrir de boue. J’avais l’impression que cette ville n’était qu’eau. Les rues étaient des rigoles et des toits en pentes des rideaux d’eau tombaient sans discontinuer. Et cela ne gênait personne.

Lorsque nous entrâmes dans l’auberge, les discussions s’arrêtèrent et les regards se posèrent sur nous.
- Z’êtes pas d’ici vous, lança la serveuse, une petite brune avec un tablier sale. C’est 2 sols le repas, et 3 la chambre.
- Mais sur l’écriteau, il y a écrit 1 sol pour le repas et…
- Sont pas à jour, c’est tout, me coupa-t-elle d’un air revêche, y’a un problème ?
- Paye, m’ordonna le père Akney. J’ai faim et je n’ai pas envie de discuter.
La serveuse empocha rapidement les pièces d’argent dans son tablier et nous apporta notre repas, une soupe tiède sans goût et un morceau de pain dur. Dans mon assiette flottait une sorte de haricot visqueux, que, dans le doute, je mis sagement de côté.

Peu après nous interrogeâmes les habitués. Personne n’avait vu quelqu’un correspondant à la description du disparu. Ou plutôt personne ne voulait nous en parler. La mention de son nom ne fit pas plus d’effet. Le regard de Camillia s’attardait sur les mains de nos interlocuteurs, cherchant une trace de la bague mais sans succès. Ne voulant pas perdre plus de temps nous décidâmes d’enquêter dans la ville pour y trouver des indices.

La pluie tombait sans discontinuer. Les éclairs zébraient le ciel. Soudain l’un d’entre eux tomba sur le clocher du temple de Sigmar, situé sur la place du marché. En fait, tout était situé soit sur la place du marché soit à l’une des deux portes. La ville ne faisant qu’une centaine de mètre de diamètre, tout était regroupé. L’office venait de commencer. L’homme qui prononçait les sermons était un gaillard de près de deux mètres, chauve, portant une épaisse robe de laine blanche et un plastron portant le signe du marteau de Sigmar.
- Gloire à Sigmar ! dit mon maitre en s’approchant de l’homme à la carrure de taureau. Je suis le père Akney, zélote de sigmar. Là, c’est mon disciple, Ottavio. Il est un peu mou, mais je travaille à l’endurcir.
Je baissais la tête, à moitié honteux. La voix du prêtre tonna dans le temple, résonnant sous les voutes de pierre.
- Gloire à Sigmar, zélote, et bienvenu dans le sanctuaire de l’empereur-dieu. Je suis le lecteur Magnus Gottschalk. Et je suis heureux de rencontrer un véritable croyant. Que puis-je faire pour toi mon ami ?
Le lecteur, un titre honorifique sigmarite, était un homme charmant et de très bonne compagnie. Il nous apprit qu’il avait vu celui que nous recherchions, quelques jours auparavant, mais qu’il ne savait pas ce qu’il en était advenu après qu’il eut déchargé sa cargaison à la tannerie. Selon lui, il serait judicieux d’aller rencontrer le responsable de cet atelier. L’auberge du pot à ragout serait peut-être une piste à envisager. Enfin, il nous prévint de nous tenir à l’écart de la famille Holtz, des dégénérés qui vivait sur les collines juste à l’extérieur de la ville. Nous le remerciâmes pour tous ces précieux renseignements, et priment congés non sans avoir fait un don, conséquent, au culte de l’empereur-dieu.
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Message par orlanth »

3 – Recherche
Lorsque qu’une fois de plus les conversations s’arrêtèrent à notre entrée dans l’auberge du pot à ragout, je décidais d’utiliser ma technique la plus secrète. Et sans doute la plus efficace.
- Tournée générale ! criais-je aussitôt la porte passée. Il se passa une seconde, le temps que l’information monte aux cerveaux puis les visages se détendirent et la serveuse, une halfeline au visage avenant, s’approcha de nous. Cette technique fonctionnait à tous les coups.

Nous y passâmes une partie de l’après-midi. La propriétaire était aussi une halfeline. Elle avait les traits fins et gracieux et un rire communicatif. Je dû lui faire de l’effet, ou peut-être cherchait-elle simplement à alléger le peu qu’il restait dans ma bourse, car elle passa bien plus de temps avec nous qu’avec les autres clients. Nous profitâmes de l’instant pour nous renseigner de nouveau. Le marchand Florian était bien passé ici quelques jours auparavant mais était reparti dès le lendemain. Rien de plus que nous ne savions déjà.

Mon maitre ne parlait pas. Et ne buvait pas non plus. Camillia était plus détendue et, après avoir descendu tranquillement sa première chope s’éclipsa discrètement.
- Y’a un truc louche, nous dit-elle quelques minutes après. J’ai trouvé ça dans la cave.
Je passais sur le fait que les latrines ne se trouvaient pas dans la cave et approchai mon nez de la fiole qu’elle venait de déboucher devant nous. Une odeur douce-amère en émanait. Pour moi, cela évoquait l’odeur d’une plante particulièrement toxique. Il s’agissait sans doute d’un poison, ou d’un somnifère puissant. Malgré les rumeurs que nous avions entendues sur la qualité douteuse de la nourriture, je ne pouvais croire que notre hôte fut une empoisonneuse. Tout au plus avait-elle des rats dans sa cave, ce qui justifiait l’utilisation de ce genre de produit. Ce n’était pas l’avis de mes compagnons.

Légèrement tracassé par ces suspicions infondées, je me levai et changeait de table, bien décidé à les priver de ma compagnie. Quelques minutes plus tard, voyant l’inutilité manifeste de mon geste, je rejoignis mes compagnons à l’extérieur. Camillia était en grande conversation avec un homme agitant une sébile.
- Ouaip, ptet ben que je l’ai vu vot’ bonhomme, dit-il à Camillia.
Il baragouinait avec un horrible accent Estalien. Et ses vêtements étaient sales, et troués me dis-je avant de me rappeler que les miens étaient dans un état encore pire. Mais tout de même.
- Not’gars avait un poney blanc, fit Camillia en se redressant.
Les gardes de la porte de la ville n’avaient rien vu mais il leur semblait que la famille Holtz en avait un depuis peu.
La nuit venait de tomber. Impossible d’aller jusque-là avec ce temps et sans lumière. Nous décidâmes d’attendre le lendemain en prenant une chambre à l’auberge du pot à ragout. Nous passâmes une soirée typique, entre concours de boissons et jeux de fléchette, dans cet ordre un peu dangereux d’ailleurs. Présumant de mes forces, je m’écroulai bien avant la patronne qui avait décidé de s’amuser un peu avec nous.

Le lendemain matin, nous nous levâmes tôt et allâmes à la tannerie sous un ciel gris foncé, menaçant à tout instant de se rompre pour nous arroser de nouveau.
- Tirez-vous, on veut pas de vous ici, gueula le contremaitre avant de nous claquer la porte au nez.
- Y’a pas à dire, des gens charmants, dis-je pour moi-même. S’il vous plait ? Monsieur, on ne vous dérangera qu’une minute ! Pas de réponse.
- Laisse tomber, on s’en va, dit le père Akney en m’attrapant par l’épaule.
Chou blanc. Il faudra revenir plus tard, plus discrètement. Au loin apparu un nuage de fumée noirâtre au-dessus d’une lumière rougeoyante. Une ferme était en train de bruler. Un quart d’heure plus tard nous arrivâmes sur place. La pluie s’était remise à tomber et le feu était en train de s’éteindre. De grandes traces noires étaient visibles sur la maison et plusieurs petites dépendances étaient effondrées sur le sol boueux. Des traces de sang et de luttes étaient visibles sur le sol. Des pattes griffues. Du coin de l’œil, j’aperçus un mouvement rapide. Un homme était en train de courir mais le temps de comprendre, il avait disparu dans la forêt.

Nous entrâmes dans la maison encore debout pour y chercher des survivants mais il n’y avait personne. Soudain il y eu du bruit à l’extérieur. Je regardai par la fenêtre et vis monter de la forêt une demi-douzaine de formes humanoïdes. Deux grands gaillards à l’air bête ouvraient la marche, pointant devant eux une fourche et une faux. Quelques touffes de cheveux parsemaient leurs crânes déformés. Celui de gauche avait un œil plus bas que l’autre tandis que son frère avait la mâchoire de travers. Ils étaient suivis d’un petit gars maigrichon tenant un instrument à corde, une sorte de luth ou de banjo. Enfin, derrière eux se tenait une petite vieille à la longue tignasse blanche et au menton crochu. Elle les poussait, et gesticulait en les invectivant.

Camillia dégaina son épée d’un air résolu et se planta sur le chemin. Elle ajusta son chapeau et laissa passer quelque secondes pour ménager son effet.
- Au nom de l’empire, je vous sommes de vous arrêter, dit-elle d‘une voix autoritaire que je ne lui connaissais pas. Nous sommes des répurgateurs, en mission officielle.

Il y eu un instant de flottement.
Puis tout se passa très vite. Les deux garçons levèrent leurs armes de fortune et coururent vers nous. Le gamin au banjo se déplaça tranquillement sur le côté et se mit à jouer de la musique. Camillia, surprise par la réaction des fermiers encaissa le premier choc et roula dans la boue pour éviter un coup de faux. Le père Akney surgit en hurlant, les deux mains sur sa hache levée loin au-dessus de sa tête. D’un geste ample il l’abattit sur l’homme à la fourche mais le rata de peu. Les bougres étaient rapides et la pluie gênait les mouvements. La mêlée devint confuse. Les uns tombaient sur les autres, déséquilibrés. Au milieu de la cour, le sang se mélangeait à la pluie. La vieille criait sans discontinuer dans un patois incompréhensible. La musique était atroce, discordante. Profitant que l’un des fermiers se relevait, je sortis opportunément de ma cachette et lançai la dague que m’avait judicieusement donnée Camillia pour remplacer la perte de mon épée. La lame s’enfonça profondément entre les omoplates de mon adversaire qui s’écroula en beuglant.
- Arrêtez !
Le père Akney était un genou à terre, la hache levée, prêt à achever le fermier. Camillia, debout face à lui, ruisselante, tenait son épée rouge de sang poisseux. Et derrière eux se trouvait une meute d’une vingtaine d’homme-bêtes dont le chef, le bras levé, venait de demander l’arrêt des combats.
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Message par orlanth »

4 – Un pacte contre-nature
Nous étions dépassés en nombre et en armes. Nous n’avions d’autres choix que d’écouter Dent-folle, le chef des homme-bêtes, et de faire ce qu’il voulait, sans quoi il nous tuait sans autre forme de procès. Vue la situation, j’étais plutôt content de sa proposition, de toute façon, nous n’aurions rien pu faire.
Dans les marécages de l’est habitait une autre tribu d’homme-bête. Des ennemis, des « autres », comme disait Dent-folle qui parlait le langage des humains comme une vache Estalienne. Il voulait que nous allions sur leur territoire pour leur enlever, ou détruire, ou supprimer, les mots n’étaient pas bien clairs, une pierre d’orage qui était posée sur leur totem, dans un cercle de pierre ; et qui devait leur apporter gloire et puissance. Sans cette pierre, la tribu de Dent-folle pourrait reprendre son territoire.
De plus, nous devions laisser tranquille la famille Holtz avec qui ils étaient en affaire. Que pouvions-nous faire à part accepter ?

Je passai une nuit éprouvante dans la grange de Holtz. J’étais épuisé et avec le bruit de l’orage, la pluie battante et le sentiment qu’à n’importe quel moment un des fermiers tenterait de venir nous assassiner dans la nuit, sans oublier les homme-bêtes dont l’odeur écœurante imprégnait les murs, il était impossible de dormir. Le père Akney se tournait et se retournait constamment, grommelant des imprécations incompréhensibles. Je l’entendais s’adresser à Sigmar, tenter de plier sa conscience, d’accepter de ne pas mourir aujourd’hui pour pouvoir se venger demain. Camillia s’était emmitouflée dans son manteau, et comme à son habitude ne disait rien, perdue dans ses pensées, cherchant une solution à notre situation.

C’est hagard que nous prîmes le lendemain le chemin du cercle de pierre.
Il n’était pas difficile de se diriger vers le bon endroit : des éclairs tombaient sans discontinuer sur la pierre, montrant la route d’une manière très efficace.
La pluie tombait encore et encore. Le fleuve avait depuis longtemps débordé de son lit, noyant ses berges d’une boue grasse. Nous pataugions dans un limon épais. De temps en temps, j’arrivais à trouver un passage un peu moins détrempé qui nous permettait de gagner un peu de temps et d’économiser nos forces. Le père Akney avait voulu emmener la carriole des Holtz pour transporter la pierre plus facilement. Avec le temps et à cause de la fatigue, nous n’avions pas encore vu que sur ses flancs était peint le blason de la famille Weschler, l’homme que nous recherchions.

Quelques heures d’effort plus tard nous arrivions sur une colline en vue de la pierre.
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Message par orlanth »

Hop la suite.

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5 – Un plan sans faille
Ce qui suit fut écrit bien après ce qu’il s’est passé. Je ne sais toujours pas si tout était réel ou si ce n’était qu’une projection de mon esprit malade, une hallucination provoquée par ma santé mentale défaillante.

Sachez que les évènements s’étaient précipités, qu’à aucun moment nous n’avions pu nous reposer, réfléchir à ce que nous allions faire ou même nous équiper. L’ambiance qui régnait depuis que nous étions arrivés en ville était lourde, mauvaise, impie. Nous n’aurions pas dû accepter, nous aurions dû fuir. Et peut-être que nous n’aurions pas mené à terme le plus fou, le plus suicidaire des plans d’action.

La pierre que nous devions reprendre était attachée par de solides cordes détrempées au sommet d’un obélisque de près de deux mètres de haut, lui-même situé au milieu d’un cercle de mégalithes sur lesquels était gravées des runes démoniaques. Des ossements jonchaient le sol, organisés de telle manière qu’ils formaient des signes étranges, un tribut au chaos. Des chaines rouillées pendaient de plusieurs de ces pierres dressées, raclant le sang incrusté dans la couche minérale avec un bruit métallique.

Une odeur étrange saturait la zone. Nos cheveux et nos poils se dressaient sur nos peaux. Les éclairs s’abattaient sans discontinuer sur la pierre centrale.
Devant celle-ci se tenait agenouillé, en une position propice à la prière, le plus massif des homme-bêtes que nous ayons jamais vu.

Le regard du père Akney avait pris une teinte rouge. Son visage s’était déformé en un rictus ignoble.
Camillia nous remit des peaux d’animaux et des crânes de vaches qu’elle avait préparées pendant la nuit. L’idée était simple, les peaux devaient camoufler notre odeur et les crânes nous faire passer pour des homme-bêtes, le temps de nous approcher suffisamment pour tuer par surprise celui qui se trouvait devant nous.

Ragaillardi par la confiance qui émanait de Camillia, galvanisé par la haine farouche du père Akney, je n’ai même pas cherché à protester.
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Re: [CR] Warhammer v3 - vol2 (page 2)

Message par orlanth »

6 – Mort et folie
Le père Akney tirait le charriot, Camillia était devant nous, et moi sur le côté droit. Ma main se crispait sur le manche de ma dague. Je me forçai à réprimer les spasmes involontaires qui m’agitaient, de peur de nous trahir. L’homme-bête ne se retournait pas. Les derniers mètres qui nous séparaient de lui étaient les plus difficiles. Encore un instant et nous pourrions le frapper.
C’est le père Akney qui sonna l’attaque. Il dégaina sa hache et prit le bouclier qu’il avait dissimulé dans le charriot. L’épée de Camillia brilla d’un éclat bleuté lorsqu’un éclair vint frapper la pierre juste devant nous. Quant à moi, tendu comme une corde, je dévoilais ma dague et frappais de toutes mes forces le dos du monstre.

Transpercé, le dos lacéré, l’homme-bête hurla et se redressa d’un seul coup, nous faisant tous les trois tomber à la renverse. En se retournant, il vit voler Camillia à plusieurs mètres. Celle-ci retomba dans la boue mais après une roulade se releva avec agilité. Je me relevai plus lentement, à moitié sonné. J’avais l’impression d’avoir frappé un mur de brique. Mes bras étaient encore engourdis par la violence du choc. Tandis que je tentai d’apercevoir où se trouvaient mes compagnon, un éclair frappa une nouvelle fois la pierre.
La lumière éclaira toute la clairière et ce que j’y vis me prouva encore une fois que nous n’avions pas pu été guidé par la raison et que seule la folie avait pu nous entrainer. Au moins quinze homme-bêtes se tenaient tout autour de nous, les armes levées, leurs visages déformés ruisselants de pluie tournés vers nous. Je me mis dos-à dos avec le père Akney. Je ne savais pas ce que je pouvais faire mais j’allais vendre chèrement ma peau. Mon maitre se battait contre la créature, haute comme deux hommes, qui lui faisait face. Sa voix n’était plus qu’un cri étranglé.

Au ralenti, je voyais les hommes-bête foncer vers moi, se gênant mutuellement, se marchant littéralement dessus pour avoir le privilège de me tuer en premier.

Ma dernière heure était venue.
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Re: [CR] Warhammer v3 - vol2 (page 2)

Message par orlanth »

Et voici la fin du volume 2 des aventures d'Ottavio.

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7 – Délivrance
Derrière moi, un coup sourd résonna, comme le claquement d’un éclair mais dont je ne vis pas la lumière. Dans le silence qui s’ensuivit je vis la bouche de mon maitre former des mots que je n’entendis pas. Devant lui, le chef des homme-bête reculait, déséquilibré par la puissance du coup de bouclier qu’il venait d’encaisser en pleine poitrine. Au-dessus de sa tête, j’aperçus Camillia qui avait bondi sur l’obélisque central, au mépris du danger et qui venait de couper la dernière corde qui tenait la pierre attachée. Je n’entendais plus rien mais j’avais compris les ordres de mon maitre, c’était maintenant ou jamais.

Puisant dans mes dernière réserves d’énergie, je me dégageais de l’étreinte des hommes-bêtes et basculait en arrière, quasiment entre les jambes du père Akney, la dague fermement agrippée. Cette seconde fut interminable. Depuis le sol où je glissais sur le dos, je voyais le père Akney se retourner vers les créatures qui m’assaillaient, dans l’intention de me protéger. Le chef des hommes-bêtes toucha le sol et rebondit une fois. En un instant j’étais sur lui. Je plongeai ma lame dans sa poitrine puis je m’écroulai au sol, tétanisé.

Je voulais dormir, juste dormir. Au travers de mes yeux mi-clos, mon esprit luttait pour conserver une étincelle de lucidité. La tête renversée, je voyais à la verticale le père Akney se battre à un contre quinze. Je remarquai qu’étrangement les éclairs s’éloignaient et perdaient en intensité. Nous avions perdu, nous étions morts. Je fermai les yeux pour la dernière fois, enfin heureux de rejoindre les jardins de Mòrr.
La douche et la vaisselle sont les derniers endroits où se cachent les muses.
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Re: [CR] Warhammer v3 - vol2 (page 2)

Message par orlanth »

8 – Tu vivras pour souffrir
- Réveille-toi bordel à cul ! Réveille-toi ou tu vas crever ! hurlait le père Akney en me mettant de grandes claques sonores.
J’ouvris les yeux mais ne put émettre aucun son. Je l’entendis grogner tandis qu’il me soulevait brutalement pour me mettre sur son épaule.
- Camillia a réussi à prendre la pierre. Elle a entrainé tout le monde avec elle. On a peut-être encore une chance de s’en sortir.
Il gueulait, plus pour lui-même que pour moi, pour se donner du courage, peut-être pour me redonner de l’espoir. Après quelques minutes, il me posa sur le sol pour examiner mes blessures. Je ne devais pas être beau à voir vu le désespoir que je pouvais lire dans son regard.
- Par Sigmar, je ne peux rien faire pour le moment petit mais j’peux pas te laisser crever. Tiens bon, je vais t’emmener au temple.
Personne ne s’était jamais occupé de moi de cette façon. Je repensai à ma vie d’avant, à mes frasques de jeune estudiant qui croyait avoir tout vu, tout fait parce qu’il avait couché avec deux filles le même soir. Comment s’appelaient-elles déjà ? Que tout ceci était loin. Allons, il y avait Rose et.. et Camillia je crois. Camillia ?

Enfin j’émergeais de ma brume délirante. J’avais le bras autour du cou de mon maitre qui m’aidait à marcher.
- Nous ne pouvons pas laisser Camillia maitre dit-je dans un souffle.
- Allons donc, maintenant tu parles. Est-ce que tu peux marcher petit ?

Mon crâne sonnait le tocsin. J’étais couvert de sang et une vilaine blessure au flanc me faisait terriblement souffrir mais je pouvais encore tenir quelques minutes. Camillia avait la pierre, le père Akney était debout, il y avait encore de l’espoir.
Cet espoir se brisa comme une cruche de grès sur le sol d’une auberge.

Des grognements rauques se firent entendre. Au travers du rideau d’eau apparut une patrouille d’homme-bête. Un vilain sourire se dessina sur le visage de celui qui avait le visage le moins animal. Il leva le bras vers nous et attaquèrent.

Le père Akney se saisit de sa hache. Il avait perdu son bouclier. Il ruisselait de sang. Je le vis courir vers eux au milieu des éclairs et de la pluie, l’arme levée.
C’est plus que je n’en pouvais supporter. J’avais été arraché à la mort. Je ne voulais pas mourir. Je ne voulais plus suivre le père Akney. Je voulais retourner chez moi, retrouver ma vie facile et ennuyeuse. Les larmes coulaient sur mon visage. J’avais pris ma décision. Puissent tous les dieux me pardonner pour ce que j’ai fait ensuite. Résistant aux imprécations et aux ordres de mon maitre, je détournai les yeux et je fuis dans les marais.
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Re: [CR] Warhammer v3 - vol2 (page 2)

Message par orlanth »

9 – Bruit blanc
Je repris conscience alors que j’arrivai en vue des murs de la ville. Je ne sais comment j’ai pu survivre à cette journée et à la nuit qui s’ensuivit. Les dieux sont cruels. Je sais aujourd’hui qu’ils ne m’ont permis de vivre que pour mieux me tourmenter. J’étais devenu une bête traquée, un animal. Par moment, des souvenirs surgissaient dans mon esprit. La manière dont j’ai tué un homme-bête alors que j’étais acculé et blessé. Comment j’avais mangé des racines et des insectes cachés derrière l’écorce de certains arbres. Et comment j’avais abandonné le père Akney qui me hurlait de charger, de combattre avec lui, d’en finir avec le chaos.
La ville était en fête. Sur la place du village un banquet était organisé sous de grandes bâches disposées pour l’occasion. Sur une estrade se tenait le maire, un homme replet portant une courte barbe. Il tenait dans ses bras une femme aux cheveux noirs : Camillia.

La suite me fut racontée alors que je me remettais chez le médecin des horreurs que j’avais vécues. La pierre n’était pas si lourde que ça et Camillia avait réussi à la prendre sur son dos et à s’enfuir avec. Les homme-bêtes l’avait poursuivie un moment mais les éclairs qui tombaient autour les en avait dissuadés. Une fois éloignée de l’obélisque, la magie qui liait ce dernier à la pierre s’était évanouie, permettant à Camillia de retourner sans danger au village. Comme moi, elle ne s’était pas arrêtée chez les Holtz. Elle était seule, et pensait que nous avions été tués.

Lorsque je lui annonçais la mort de mon maitre, cachant honteusement ma propre lâcheté, elle baissa la tête et je crus voir une larme couler sur sa joue mais elle se reprit immédiatement.
- Le chaos vient de prendre le meilleur d’entre nous. Que cela nous serve de leçon à l’avenir dit-elle d’une voix rauque.
- Le père Akney était fou lui répondis-je dans un souffle. Je ne sais pas si mon esprit tentait de rationnaliser, d’expliquer l’inexcusable mais j’avais compris. La colère montait en moi tandis qu’enfin j’osais dire ce que je pensais à mon dernier compagnon.
- Il était fou et il nous a entrainés. Ce que nous prenions pour de la ferveur n’était que le fruit d’un esprit malade. Tu comprends Camillia ? Il n’était pas celui que nous pensions, il n’était qu’une marionnette mue par la vengeance. Je ne sais même pas si les stigmates de Sigmar qu’il portait sur son dos étaient vrais. Que sais-tu de lui ?
Camillia m’écoutait patiemment, ne montrant jamais ses émotions. Elle baissa la tête pour éviter l’orage, sans doute aussi confuse que moi.
- Vois la vérité en face. Le père Akney est mort parce qu’il l’a décidé. Parce que son aveuglement nous a tous entrainé à faire n’importe quoi. Comment avons-nous pu être stupides à ce point ? Il nous a tués ! Tu comprends ?
- Le père Akney était exemplaire, me répondit Camillia d’une voix à fendre la glace. Il t’a protégé comme personne n’a pu le faire jusqu’à présent. Tu insultes sa mémoire. Tu salis sa vie, ce qu’il était, ce qu’il a fait. Il était l’étincelle de notre équipe. Et surtout il était ton maitre. Ne l’oublie jamais.
- Il était mon premier maitre, il sera le dernier. Il m’a fallu du temps mais son enseignement a porté ses fruits. Camillia, je ne sais pas ce que nous allons devenir. Je ne sais pas ce que nous réserve l’avenir, ni si nous allons continuer à voyager ensemble pour combattre le mal. Mais s’il y a une chose que je sais c’est que je serais mon propre maitre et que je ne laisserais plus personne me donner d’ordre. Je ne suivrais plus un fou et les dieux peuvent bien aller se faire foutre.
- Tu blasphèmes Ottavio. Et ton discours n’est que le produit de ton remord et de la fièvre qui t’habite. Nous en reparlerons bientôt, fais-moi confiance.

Le lendemain, le maire vint me voir pour me remercier de ce que nous avions fait pour la ville. Il m’apprit que la patronne du pot-à-ragout était effectivement une empoisonneuse. A la demande de Camillia, la garde avait fouillé sa cave et son logement et y avait trouvé des somnifères ainsi que les affaires de bon nombre de voyageurs. Elle endormait les étrangers, leur volait leur or puis donnait les corps à la famille Holtz qui avait passé un marché avec les homme-bêtes. En échange de victimes à sacrifier, ils obtenaient des homme-bêtes des services que la morale réprouve, ainsi que la tranquillité pour eux et, ironiquement, pour la ville.

Nombre d’homme-bêtes s’étaient dispersés après que la pierre eut été ramenée par Camillia. Le maire avait fait arrêté la famille Holtz et leur complice.
Leur exécution par pendaison eut lieu au matin après un rapide procès prononcé par le lecteur Magnus. Par la suite, une oraison funèbre avait été organisée par le lecteur en la mémoire du père Akney, dont j’appris à cette occasion qu’il avait usurpé ce titre, n’étant même pas encore frère du temple de Sigmar, à peine un simple croyant de base, une grenouille de bénitier qui avait un jour saisi une hache. Cela me confortait dans mes conclusions. Je partis avant la fin de l’oraison.

La pierre des homme-bêtes semblait recevoir beaucoup d’attention. Tout d’abord elle fut identifiée par le lecteur comme étant d’origine elfique. Il ne savait pas lire le langage avec lequel avaient été écrites les runes qui en parsemaient la surface mais il était sûr qu’il s’agissait d’une relique ancienne extrêmement importante. Bientôt un expert de nuln serait là et pourrait l’identifier.

Une semaine s’était passée. Mon corps s’était remis mais mon esprit était encore fiévreux. Toutes les nuit, je revoyais le visage d’Akney se déchirer. J’entendais les os se briser et ses appels à l’aide désespérés. Toutes les nuits, il m’apparaissait et me questionnait en silence, ses yeux fous rivés sur moi. Son regard brulant me rappelait ma honte et ma lâcheté.
- Pourquoi ? me demandait-il. Pourquoi m’as-tu abandonné ? Lâche, lâche, lâche, résonnaient ses mots en écho dans mes cauchemars.

Un bruit sourd me tira de mon sommeil. Nous séjournions dans l’auberge du pot-à-ragout, qui avait été repris temporairement par la ville, le temps de trouver un nouveau propriétaire. Dans la salle principale, ce qui faisait un bruit d’ours maladroit venait de rentrer. En un clin d’œil j’étais debout, la dague à la main. J’avançais prudemment dans le couloir des chambres en direction de l’escalier de bois qui menait à la salle. En passant, je réveillai Camillia qui saisit aussitôt sa fine épée.
Nous nous approchâmes de la rambarde pour jeter un œil discret sur nos visiteurs. Cinq formes épaisses se déplaçaient maladroitement au milieu des tables rangées pour la nuit, bousculant des chaises et cassant les bouteilles. Un rayon de lune passa au travers des fenêtres et éclaira la scène d’une lumière spectrale. Mon sang se glaça et je dû me mordre la lèvre pour ne pas hurler.

Au milieu de la salle déambulaient les cadavres réanimés des membres de la famille Holtz.

Fin.
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orlanth
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Re: [CR] Warhammer v3 - vol2 (page 2)

Message par orlanth »

Voilà pour le moment.

Que va devenir le jeune Ottavio ?
Vont-il accueillir un nouveau compagnon qui remplacera le père Akney dans le coeur de l'étudiant ?
Est-ce que Camillia et lui vont continuer leurs aventures ?

La suite au prochain épisode.
N'hésitez à faire des retours hein ;)
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Erida
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Re: [CR] Warhammer v3 - vol2 (page 2)

Message par Erida »

Justement j'hésitais...

C'est super bien écrit et tu joues très bien le naïf.
Dans notre campagne, Karla Wagner - la cuisinière cultiste, avait réussi à s'enfuir. Nous l'avons donc poursuivie jusqu' à Stromdorf. Le cocher du seigneur Aschaffenberg nous accompagnait car un de ses amis marchand avait disparu après avoir livré Stromdorf – bref tu connais l’histoire…
On a retrouvé Karla Wagner attachée dans la grange des Hotz. Elle avait eu le malheur d’être une étrangère et de s’arrêter au pot-à-ragout. Ce fut un grand moment de jeu quand Karla pensait que des gens allaient la sortir de ce mauvais pas et qu’elle nous a vus dans la grange. Comme on a aussi retrouvé le petit voisin de Holtz attaché, ainsi que le seau du marchant chez eux. On a emmené tout le monde en ville pour de faire pendre, …, heu, juger !

Vivement la suite des aventures d'Ottavio
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Re: [CR] Warhammer v3 - vol2 (page 2)

Message par Leovric »

toujours un aussi excellente compte rendu, très bonne manière d'aborder gathering storm. D'ailleurs toujours à propos du second chapitre, mes Pj ont tentés tant bien que mal de faire épargner les enfants des Holtz, (ils ont en revanche bien chargé les autres membres de la famille) vos Pj ont ils eu des remords ou ont ils livrés froidements à la populace ou à la justice un gamin autiste et deux fillettes accusés d'être cultistes ?
Erida
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Re: [CR] Warhammer v3 - vol2 (page 2)

Message par Erida »

Je vais répondre pour mon groupe. On s’est un peu fâche pour savoir s’il fallait exécuter tout le monde sur place – à la ferme - ou les amener à la justice. Notre novice de Sigmar ressemble beaucoup au père Akney dans son caractère. On a quand meme emmene tout le monde a la ville pour un procès. Le gamin au banjo me fille la chaire de poule.
Notre MJ, a essayé de nous tirer une larme pour la petite hobbit, qui était forcée d’aider les Holtz – vous comprenez je ne pouvais pas allez voir la justice, la parole d’une hobbit dans ce village ne vaut pas lourd… Nous on a été dur comme fer, Police menottes prison, ou plutôt Prêtre de Sigmar, chaines, pendaison.

Ce qui m’a embêté c’est le voisin, celui dont la ferme a brulée. Il s’est repenti, sa ferme c’est fait attaquer, il s’est fait capturer par les Holtz, nous avoue tout et se repent encore. Nous accompagne en foret, et nous montre l’arbre aux sacrifices, sauve un pj d’un homme bête et se prend une méchante blessure. Pour moi il s’était racheté. Mais au moment du procès. Les Holtz l’accusent et le foule le linche sans qu’on puisse rien faire.
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