À part les graphismes et la maquettes, le jeu est bien ? Le système est intéressant et rend bien le côté post-apo ?
Hello
J’ai vu ta question hier soir, et j’avoue qu’elle me pose un vrai problème conceptuel, à deux niveaux :
Qu’est-ce qu’un système intéressant, d’une part, et qu’est-ce que « bien rendre le coté post apo » ?
Je ne peux répondre précisément ni à l’une, ni à l’autre. Mais je vais essayer de te faire partager les réflexions que ta question a posé.
Un système intéressant, d’abord, c’est un système qui colle au jeu. De cela ne sont sortis à mes yeux que 2 systèmes, INS/MV et deadlands, parce que le 111/666 colle à un univers satanique, et les chips de poker, c’est juste ultime. Le BRP est intéressant, il motorise quelques cadors du genre, et j’ai encore des larmes dans les yeux de certaines parties de stormbringer. Et quelques fous rires à des demandes de jet de TOC incongrues dans les geôles melnibonéennes. Ca a fait le job quand même. BITUME a été motorisé avec une déclinaison, si tu prends le post apo. Prends COPS : les cartes ont très drôles, mais c’est avant tout la campagne qui a fait le job.
Mais ce ne sont pas des systèmes qui collent à Degenesis, et je ne vois pas de "particularisme" spécifique.
Donc le système, au final, je m’en care. Il a besoin d’être assez discret pour laisser place à l’histoire, et j’aimerai assez éviter d’avoir à gérer des cas particuliers dans tous les sens. Mais d’autres preferent du crunch partout. L’intérêt d’un système est tres personnel. Je pense qu’il doit être derrière l’histoire, dorénavant, tout en permettant au joueur d’avoir des choix de gestion, le rendre maitre de ses décisions plutôt que de subir les décisions MJ. Si vous vous souvenez de RDD

, c’est à ca que je pense.
Bref.
L’autre aspect : « bien rendre le coté post apo »… j’ai regardé ce à quoi j’ai joué en « apres l’apocalypse », donc après la Révélation, il y a pléthore de jeux, dont en particulier KULT, Unknown Armies Nephilim et INS, bizarrement : tu saisis le coté ésotérique du monde d’un coup. Si tu vas par la, Shadowrun c’est assez post apo… mais je ne pense pas que ce soit ta question, car ta compréhension de post apo, c'est "apres la peignée qui détruit l'univers tel qu'on le connait"
Si c’est jouer après la destruction, c’est encore un autre sens. Et pour le coup, le spectre est très large. BITUME, Cendres, Morrow Projet, TWILIGHT 2000, RIFTS, TRIBE 8, VERMINE, Aftermath, un tres vieux test d’ ”after the bomb”… Je laisse volontairement de coté les jeux à zombies.
Tout ceci est très éclectique. Tu as les jeux ou tu vis la destruction et tu y survis (T2000, Aftermath), ceux ou tu vies après et tu tentes de reconstruire, soit dans le flou, soit avec le douloureux regret de la splendeur du passé (morrow projetc et son opposé, BITUME), soit tu vis dans un environnement qui est flippant pour le joueur (qui vis le présent) et vaguement mythique pour le personnage. Un humain né après la destruction dans un monde qui revit (Cendres) voit la technologie résiduelle comme de la magie et la la différence avec Earthdawn n’est pas flagrante à mes yeux. Un shotgun, c’est une grosse boule de feu, en somme, quand tu piges pas la poudre et un minimum de physique. Entre cendres et bitume, la différence c’est que dans le premier t’as un peu d’espoir et dans le second, t’es très années 80 et donc encore des punks et des skins. Et dans tous les cas tu as un joueur qui a des connaissances qui en font une bibliothèque face à un personnage qui est très limité et à qui ca pose des problèmes. Rien que pour l’hygiène, tu es au niveau du milieu du 19eme siècle, et le peux que tu as retenu des cours de physique font de toi un Leonard de Vinci…
Un autre aspect me passionne, celui de la Rédemption. L’humanité a été punie, soit de manière injuste (Tribe 8, à ma compréhension, RIFTS) soit par sa faute … et la je sèche … Vermines peut être ?… et a chuté. De là, elle doit survivre face aux nouvelles menaces, à ses concurrents pour le trone de créature APEX. Et survivre veut dire évoluer. Et cette évolution est souvent sale, génératrice de comportements excessifs et totalitaires. Les Fatimas de Tribe 8, le NC de Rifts pour le côté politique, et juicers, crazys, colation dog pack pour le côté « individuel » : je choisis de muter pour survivre, mais ça me permet aussi d’asservir mon voisin. Cette course à la puissance pousse à abolir les limites, car il vaut toujours mieux avoir le fusil que la pelle, et au final deux questions vont sortir :
Est-ce que je reste humain à force de muter, et donc qu’est-ce qu’un être humain ? la réponse du LIVRE « je suis une légende » est géniale à ce stade,
Est-ce que l’humanité elle-même à force de nier ses spécificités reste elle l’humanité ? si tu fais de tes poètes des soldats et de tes danseuses des putes, n’as-tu pas déjà perdu le combat ? a quoi sert le trone de créature APEX si tu ne comprends pas ce que cela signifie ?
La question est : que se passe t il quand l’homme n’est plus le centre de l’univers, quand ce n’est plus lui qui forge le monde par ce qu’il est le seul à le maitriser ? que se passe-t-il quant une étoile n’est plus une étoile parce qu’un homme lui a donné un nom, mais parce qu’elle a pondu des prédateurs chitineux qui appellent l’homme « proie juteuse » ? c’est encore plus dur à trouver quand tu as envoyé le carton d’invitation via le SETI

La période n’a pas d’importance, un peu après, beaucoup apres, très longtemps après …. La question telle qu’elle est souvent posée me parait être : est ce que la compréhension du passé, via un artefact par exemple, permet de « gagner » ce combat ? quand c’est oui, je n’aime pas. L’homme doit apporter une nouvelle réponse et s’imposer en restant lui-même.
DEGENESIS me permet d’envisager de joueur ces questions-là. Pas forcément en termes de jeux, ou de scénarios, mais en filigrane de la campagne. Il y a des réponses politiques humaines, les organisations, les cultes qui cohabitent, et les menaces cosmiques qui arrivent : les clans pour la barbarie, la dégénérescence cosmique. Avec le filtre de l’ancien monde qui suinte de partout, mais trop éloigné pour que le joueur puisse masquer le personnage par ses connaissances comme dans cendres ou bitume.
A titre personnel, j’envisage beaucoup de jouer à la manière des chevaliers dragons, la BD : une lutte contre la pourriture, presque perdue d’avance. J’aimerais présenter à mes joueurs une faible possibilité qu’entre le moment où ils prennent les armes et le moment où ils meurent, le monde ait oscillé entre le néant et l’absolu, qu’ils aient fait pencher la balance cosmique du bon coté. À condition de tout sacrifier sauf leur humanité. Le choix sera leur : ils sacrifieront leur vie pour leur intégrité, sachant que le contraire est possible, facile et rapide. The dark side, quoi. Luc, je suis ton Degenesis.
J’espère un système facilement appréhendable, j’attends un monde à couper le souffle, j’attends une campagne de folie qui présente tous les aspects esquissés par le jeu. et ca fait LONGTEMPS que j'avais pas eu envoie de me sortir les doigts pour écrire une campagne de JDR. (faut dire que j'ai acheté le recueil de Tristan LHOMME, et queca calme sévère les véléités d'écriture

)
Je lirai en écoutant « once we were kings » - et suicide commando, faut pas déconner.
Voila… j’ai hate….