Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

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vermer
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par vermer »

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Livres très sympathique et léger sur le déclin futur des grandes villes. Il y a un petit coté humoristique comme chez Sheckley ou chez Vance avec ce comédien qui est engagé pour aller civiliser les bourbeux primitifs. Cela se lit vite et présente aussi une biotech futuriste assez pittoresque.
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fafnir
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par fafnir »

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La maison des veilleurs, Patrick Dewdney

4e tome des aventures de Syffe, qu'on retrouve avec sa coterie au service du primat. C'est toujours aussi bien écrit, la nature et les éléments sont toujours décrits au point qu'on ressent la température, les odeurs, l'atmosphère etc comme si on y était. C'est vraiment le point fort de cette série.

Dans ce tome, il de l'action mais l'affaire prend aussi un tour encore plus politique, avec un conflit de loyauté de Syffe entre le primat et ses amis nomades, avec en toile de fond la question de la légitimité du pouvoir, de l'autorité dynastique contre l'autogestion, la liberté contre le collectif, l'embrigadement ou le conditionnement contre le choix.

A la fin, on apprend des choses essentielles sur les puissances mystérieuses qu'on a vues à l'oeuvre dans les précédents tomes, et ça se termine sur un gros cliffhanger...winter is coming !

C'est un de mes cycles de fantasy favoris, et j'en ai lu des tonnes, j'espère que l'auteur saura le clôturer sans délayer en 36 tomes.
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madame ridulle
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Message par madame ridulle »

@sherinford j ai la librairie dans ma pile à lire je vais la remonter de quelques crans fu coup!
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Sammael99
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Sammael99 »

Moi j'attends qu'il sorte en poche, mais avec je dois l'avouer une certaine impatience.
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
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Harfang2
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Message par Harfang2 »

Les bienveillantes, Jonahtan Littell, 887 p., 2006

Enorme. A tout niveau.
L'oeuvre de l'auteur tient de la performance littéraire, que ce soit dans la durée, la documentation ou dans la maîtrise narrative.
Dire que c'est sombre, serait trop édulcoré. Rien n'est beau dans ce roman, et on plonge dans les égouts. Les égouts psychique du narrateur, d'ailleurs, puisque là est, sans doute, la vrai horreur du roman, mettre en scène ce personnage qui, malgré les actes répugnants qu'il commet, continue a se mentir à lui-même, et a nous, d'ailleurs, puisqu'il est un héros narrateur.
Extraordinaire roman à clefs, d'ailleurs.Et avec une découpe, tout aussi magistrale.
Même l'écriture qui, rappellons-le, est celle du narrateur est parfaite, froide, clinique, très peu émotive.
En philigrane, bien sûr, la question du libre-arbitre. L'homme est-il le produit de l'Histoire (avec un grand H), de son histoire (avec un petit h) ou est-il pleinement responsable?
Un narrateur qu'on haïra sans doute... La question est, surtout, de savoir pour quelle raison, principalement, on le haïra? De raisons, il n'en manque pas... Mais après tout est-il si horrible? N'est-il pas, lui aussi, une victime des circonstances? De son histoire? de l'Histoire?
Spoiler:
je ne peux m'empêcher, et ce n'est pas aussi évident qu'il y parati d'évoquer la notion de narrateur non fiable, car, et c'est l'une des forces du roman amha, le narrateur nous renseigne dès le début sur son projet. Ses écrits de ne seront pas lu. On peut jeter ses écrits, d'ailleurs... Donc, il ne va pas nous mentir? Evidemment. Oui, sauf que le narrateur ment aux autres, se ment a lui-même, aussi. Nous ment-il à nous? Par omission, peut-être, mais surtout quand il se ment à lui-même, par essence, sa narration n'est pas fiable. En fait, ce qui, pour moi, rend le personnage le plus haïssable, ce n'est pas tant le fait qu'il fasse le mal, mais qu'il n'arrive pas à le reconnaître, mieux, qu'il se positionne en victime, toujours, alors que dans d'autres circonstances il est assez évident qu'il manipule avec beacuoup de facilité et sait dire ce que ses interlocuteurs veulent entendre.

Sinon, pour ceux qui ne connaitrait pas, on suit le récit, à la première personne d'un officier de la SS de sa campagne de Russie dans les Sanderkommando, jusqu'a la chute de Berlin.

Bon, l'expérience littéraire est extraordinaire, mais je ne le conseillerai pas cependant sauf si vous êtes un peu masochiste.
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Paiji
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Paiji »

Harfang2 a écrit : jeu. janv. 02, 2025 2:17 pm Un narrateur qu'on haïra sans doute... La question est, surtout, de savoir pour quelle raison, principalement, on le haïra? De raisons, il n'en manque pas...

C'est la seule faiblesse de ce livre, amha, avoir fait du narrateur un tel monstre. Un narrateur plus "banal" aurait fait encore plus ressortir la monstruosité du reste. Mais ça reste une claque littéraire.
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Erwan G
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Erwan G »

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LES OISEAUX
Tarjei Vesaas
Je ne connaissais pas du tout Tarjei Vesaas, dont ce livre (de 1957) m’a été recommandé par mon libraire habituelles, toujours les Lucioles de Vienne.

Mattis et Hege sont frère et sœur. Ils habitent ensemble, dans une cabane au fond de la forêt, non loin d’un lac. Mattis, le plus âgé, est atteint d’un handicap mental et Hege, sa sœur, s’occupe de lui depuis la mort de ses parents. La vie a passé, la quarantaine arrive et rien n’a changé. La vie est loin d’être simple, Hege étant la seule à pouvoir travailler et ne peut réellement quitter la cabane. Les deux vivent donc de ce que Hege peut réussir à gagner et, très rarement, de l’activité de Mattis. En effet, celui-ci a une peur panique de l’orage, dont seules les toilettes extérieures peuvent le protéger. Il n’arrive à garder un travail parce que même quand il est plein de bonne volonté, il peine à comprendre et à persévérer dans ce qu’il doit faire. Bien plus, tout le monde se moque de lui, même lorsqu’il essaie de leur expliquer des choses importantes, comme le fait qu’une bonne chose s’est produite : un oiseau vole régulièrement au-dessus de sa cabane !
Un jour, il décide de devenir passeur sur le lac et trouve son premier client, un bûcheron, qu’il invite dans leur cabane. Avec l’accord de Hege, ce dernier va s’installer dans le grenier, contre le paiement d’un petit loyer qui ne fait qu’arranger les affaires des deux propriétaires de la cabane.

C’est un très beau roman, très touchant. La description de la nature, son importance, le lien entre Mattis et elle, y sont joliment décrits, tout comme le reste des personnages que l’on croise, parfois pour quelques pages. La particularité de Mattis est aussi joliment mise en scène, la façon dont il peine à s’intégrer dans un monde qu’il ne comprend pas mais qu’il envie, de ses envies, de ses besoins, de ses limites. On y trouve aussi une autre approche de la nature et la façon dont elle peut être rejeté par des gens qui ne s’y intéressent que pour des raisons pratiques. En effet, le lien entre la Mattis et la nature se fonde sur le ressenti, sur un tout auquel Mattis appartient, alors que les autres n’y voient qu’une source de travail et de revenus (le bucheron), de loisir intéressé (le chasseur) ou subi (Hege).

Il montre bien aussi à quel point le regard de l’autre sur la différence peut avoir un impact puissant. Ce regard toujours condescendant, moqueur mais jamais constructif : l’idiot du village amuse par la répétitivité de ses folies, fatigue au point qu’on refuse de le voir par son incapacité à faire même la plus simple des tâches, impressionne quand il réalise quelque chose que les autres ne peuvent imaginer. Mai jamais, jamais personne ne s’intéresse suffisamment à lui pour lui donner une direction, une aide réelle, sauf dans le cadre d’une forme de charité, de pitié soit pour lui, soit pour sa sœur qui a sacrifié sa vie pour le prendre en charge, lui dont personne d’autre ne veut. On touche du doigt la détresse d’Hege qui espère toujours, 40 ans plus tard, qu’une sorte de miracle permettrait à son frère de réussir à entre un tout petit peu dans la normalité, pour leur simplifier la vie et la détresse que cette mission impossible ne peut que générer. Jusqu’au point où lorsqu’elle s’autorise à vivre, Mattis doit, d’une façon ou d’une autre, disparaitre.

C’est un livre assez court, mais très poétique, dur par moment, soit dans ce que l’on peut percevoir d’Hege, toujours vue à travers les yeux de Mattis (comme tout le livre) comme dans la situation de Mattis, dont les zones de sécurité sont assez rares et fragiles. Un joli roman.
Va prophétiser ailleurs, c'est interdit dans le centre ville !
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Erwan G
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Message par Erwan G »

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TERRA MATER
Les Guerrier du silence tome 2
Pierre Bordage
16 ans se sont écoulé. Seize ans pendant lesquels les « guerriers du silence », le mahdi Shari des Hymlyas, Tixu Oty et Afikit Mitsu ont vécu sur Terra Matter sans réellement prendre conscience de la progression de leur ennemis et de la décadence de l’humanité.
En effet, pendant ce temps, les Scaythes ont formé une nouvelle unité, les effaceurs, qui effacent et reprogramment les humains. L’Ang Empire et l’église du Kreutz se sont développés et sont devenus plus tyrannique que jamais, grâce aux armes redoutables que sont les scaythes inquisiteurs et les scaythes effaceurs.

Le Mahdi Shari est parti à la recherche du temple des annales hindiques mais s’est perdu en chemin, se trouvant contraint à chercher refuge sur la planète Ephren où une Thuta (membre d’une sororité dont l’objet est le nettoyage des orgues de corail qui protègent la vie sur la planète, Oniki Kay, le cache. Les deux tombent amoureux et conçoivent un enfant.

Sur la planète Ut-Gen, un jeune garçon, Jek At-Skin, rejette l’enseignement du Kreutz et passe ses journées avec un vieil homme du terrarium nord qui lui raconte des histoires sur Naya Fikit et Sri Lumpa, les Guerriers du silence. Lorsque ses parents décident de l’envoyer dans une école de propagande sacrée, Jek At-Skin fugue et part retrouver le vieil homme au moment où le cardina Fracist Bogue décide de gazer le terrarium nord pour débarrasser Ut-Gen des âmes souillées de ceux qui portent le sceau de l’infamie atomique.
Les Scaythe programment, de leur côté, un noble syracusien qui se perdait dans une opposition de façade, menant des rituels impies à la gloire de ses ancêtres, pour qu’il emmène un programme espion, à la recherche d’Afikit et de Tixu Oty, pour détruire définitivement les guerriers du silence.

Bordage continue à faire du Bordage : des idées classiques mais relativement bien mises en œuvre, dans un univers toujours en carton-pâte mais sur certains points plus consistant que d’autres univers de même type, dans le but de pouvoir raconter cette aventure qui reste, malgré tout, prenante.

Il y a néanmoins des défauts qui se sont aggravés depuis le premier tome : la répétitivité de l’opposition croyance/recherche personnelle, le dogme et la Loi étant des ennemis de l’humanité. Le schéma est répété à l’envie pour ne pas dire à l’ennui. Des longueurs, que ce soit dans des passages qui apportent peu de consistance à l’histoire ou des passages qui se révèlent être inutilement longs en ce qu’ils visent à répéter les mêmes choses, encore et encore.

Pas assez pour rendre le livre illisible. Il reste ce qu’est le premier tome : une aventure bigarrée, riche en rebondissements et en lieu communs attendus et rencontrées. Il est dans la lignée du premier même si une centaine de pages de moins n’aurait pas été un luxe incompris.
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Erwan G
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Message par Erwan G »

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ZOULEIKHA OUVRE LES YEUX
Gouzel Iakhina

Zouleikha ouvre les yeux dans la République socialiste Tatare (Tatarstan), en 1930, quand les communistes ont décidé de dékoulakiser le pays. Femme soumise à un homme fort mais totalement soumis à sa mère, mariée depuis ses quinze ans mais incapable d’avoir un enfant qui survit plus de quelques mois et, de surcroit, de filles, première levée, dernière couchée, Zouleikha vit à la place que l’époque, les mœurs et les croyances lui attribuent. Mais lorsque son mari est abattu par les soldats de la horde rouge, qu’elle se retrouve sur la route sans savoir ni où elle va ni comment elle y va, Zouleikha va réellement ouvrir les yeux et essayer de trouver un sens à sa vie.

C’est un roman russe et tatar à la fois. Il est dépaysant de par l’approche, celle du peuple tatar dans un univers soviétique, à un moment particulier de l’histoire, quand le XIXème siècle mourant est percuté de plein fouet par les nouveautés du XXème siècle.

L’autrice revient, à travers les yeux de Zouleikha mais aussi d’autres acteurs du roman, du médecin bourgeois ayant perdu pied avec la réalité dans les suites de la première guerre mondiale au soldat de l’armée rouge chargé de regrouper puis de convoyer, d’installer puis de surveiller, la dékoulakisation, la déportation des koulaks, leur installation et leur (sur)vie dans leur nouveau foyer, la Sibérie, la purge stalinienne et le fonctionnement de ces camps de travail qui ne sont pas devenus, au lendemain de la guerre, des villages comme les autres.

C’est dur, comme un roman russe. Et c’est beau, là aussi, comme un roman russe. A la dureté des conditions, que ce soient les croyances religieuses et régionales, politiques ou même morales s’opposent un désir de vivre, une interrogation sur ce qu’est l’amour, le désir, l’envie et l’adaptation. Rien n’est épargné à personne et à aucun moment l’autrice ne transige dans l’intérêt du récit : les personnages restent prisonniers de leurs passions, de leurs systèmes. Si la réalité leur permet de prendre un peu de recul, c’est toujours dans la continuité directe des personnages. Loin des archétypes des romans américains, les personnages de Zouleikha sont des personnages profondément russes, profondément acteurs et victimes d’eux-mêmes autant que de leur environnement.

J’ai apprécié ce manque de compromis qui me semble donner à l’ensemble une cohérence, une densité qui marque. Et même si nous sommes loin des envolées spirituelles d’un Karamazov quelconque, on retrouve cependant une réelle portée poétique et spirituelle. Zouleikha, la musulmane de façade et païenne de fond, ne s’adaptera pas dans le moule soviétique, même si ce dernier la poussera loin dans ses réflexions et ses interrogations. J’ai également apprécié la justesse des éléments du roman : du convoi de train emportant les koulaks mais pas la nourriture ou le chauffage pour les garder en vie au procès fait au commandant du convoi qui a essuyé de lourdes pertes, en passant par l’arrivée, à l’aube de l’hiver, dans un pays hostile sans aucune infrastructure et quasiment aucun outil avec, pour ordre, de survivre jusqu’au printemps. La relation entre le commandant et ses koulaks, celle entre Zouleikha et l’homme qu’elle aime, les contraintes et les limites imposées par le milieu d’origine des différents acteurs, ne laisse pas indifférent.

Je suis heureux de voir que le roman russe n’est pas mort et qu’il prolonge ses ramifications dans des pays qui ont aussi connu son influence.
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Erwan G
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Erwan G »

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LA CITADELLE HYPONEROS
Les guerriers du silence 3
Pierre Bordage

A la vue de la couverture présentée, on se rend compte qu’Hardigan met autant d’énergie dans ses couvertures que dans ses jingles inutiles entre deux chapitre : la même musique avec une sonorité différente selon que l’on se trouve à Sharakai, sur la Terre du XXVème siècle ou dans l’espace 10.000 ans après la création de la confédération de Naflin (ou un truc du genre).

Avant d’être un auteur de science-fiction, Pierre Bordage est un cuisinier. Il met au point une recette et il la décline en fonction de ses envies et de ses besoins. Certes, il ne prend pas les bas morceaux, le résultat est agréable pour les gens qui, comme moi, ont l’habitude de s’arrêter dans d’autres restau routiers mais force doit être d’admettre que la recette est toujours un peu la même : faire revenir les oignons, y ajouter des bouts de bidoche qui peuvent être cuits longtemps, verser de l’alcool issu d’une région donnée, ajouter des dés de carottes pour le goût, un bouquet garni. Selon l’humeur, on pourra rajouter un peu de gras (crème, lardons…) ou des bouts de trucs qui trainent (un peu plus de carottes, d’autres légumes, du pain moutardé…). Les guerriers du silence, c’est un peu ça.

Donc, dans ce tome 3, il restait de la place dans la marmite pour ajouter un peu de légumes et un peu de gras. On va donc avoir non plus trois sauveurs de l’humanité (le mahdi et les deux maitres hindiques), mais douze, des humains sources pas encore formés aux sciences hindiques. Dans les 12, on va retrouver toujours à peu près la même recette : le gars pétri de bonnes intention au départ mais qui s’est coulé dans une vie facile qui lui permet d’oublier son renoncement, la nana issue d’une société dont les fondements ont été détournés par les dirigeants et les propragandistes, le gars qui appartient à une unité dirigeante et propagandiste qui s’interroge sur le bien-fondé de cette unité et de ses actes antérieurs, des méchants très méchants dont le plan est toujours plus alambiqué sans aucune raison, le héros qui est aux portes de la disparition mais que l’amour, le vrai, va sauver comme les deux tiers des intervenants du bouquin, les enfants prodiges qui, en réalité, dans leur âme, sont plus vieux que tout le monde (mais pourquoi, alors, savent-ils faire des trucs dans le tome 2 alors qu’ils doivent apprendre à le faire dans le tome 3 ? Mystère et boule de chewing gum).

Facile ? Vous avez dit facile ? Oui, facile, comme du Bordage. Mais comme du Bordage, si tu ne cherches pas à savoir exactement ce que tu manges ou que tu es un amateur des spécificités locales (ah oui, vous faite ça dans du vin rouge ? Nous, on fait ça dans de la bière brune), ça passe bien. C’est roboratif mais c’est un peu ce que l’on cherchait en venant au routier, non ? Je veux dire, si l’on cherche du fin, du très fin, bien préparé, bien présenté et qui reste longtemps en bouche, on ne va pas au restau routier 15 € café compris, non ? C’est pareil pour les romans. Si tu veux de la bonne qualité, tu vas voir du coté de vrais auteurs. Tu laisses les Bordages, Barjavel, Scalzi et tu fonces voir Iakhina, Brunner ou Vesaas.

Donc, un tome 3 qui aggrave encore les défauts des précédents mais qui reste quand même assez jouissif, malgré ses longueurs et ses répétitions. Après tout, si on lit du Bordage, c’est pour le voir haïr les institutions, les congrélations religieuses et faire de parfait losers des héros de poèmes épiques. L’aventure est au rendez vous, comme les trahisons et les deus ex machina. Il fallait finir cette série en beauté, non ?

Bordage, le Scalzi francophone.
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Erwan G
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Erwan G »

BILAN 2024

L’année 2024 étant finie, j’ai pu mener à bien mon expérience : lister les livres lus pour voir combien de livres je lisais à peu près par an. Cette année a été marquée par la « découverte » du livre audio. Je n’en lisais que très peu avant, essentiellement des cours (notamment ceux de Mattei sur les philosophes pré-socratiques que j’ai écouté au moins deux fois). Je me suis rendu compte, l’année dernière, que cela me permettait de lire des romans que je n’avais réussi à lire en version papier (le Silmarillon, le Comte de Monte Christo…). J’ai découvert cette année que ce format me permet aussi de relire des livres lus il y a longtemps que je n’ai ni le temps ni l’envie de reprendre en papier (le cycle d’Hypérion, les Guerriers du silence).

Au final, j’ai donc lu 28 livres audios, 66 livres papiers et j’ai commencé et posé trois livres : un que je pense ne jamais reprendre (les 7 piliers de la sagesse), un que je reprendrai parce que tout lire d’un coup était compliqué (le Roman de la rose) et un que j’ai dû interrompre mais que j’ai repris depuis (omnibus des tragédies de Shakespear). Cela compense, quelque part, la lecture de petits livres très rapidement lus comme Membrane ou le loup.

J’arrive donc à une moyenne de 5,5 livres par mois, soit presque un livre un tiers par semaine.

J’ai pu constater qu’il existe des périodes différentes : à un moment, je lisais beaucoup plus parce que je n’avais pas réussi à retrouver un jeu vidéo qui m’attire autant que cela. Il y a aussi des moments où je lis plus, quand je suis lassé desdits jeux vidéo ou pendant les vacances.

L’année a été exceptionnellement pleine de romans : à part dans les lectures audio, il y a peu de livres d’histoire ou de philo. Je remédierai à cela l’année prochaine.

Dans les livres qui m’ont le plus marqué cette année, il y a :
  • Patagonie Route 203
  • Le dernier rêve de la raison
  • Zouleikha, ouvre les yeux
  • Tous à Zanzibar (relecture)
  • Déracinée
  • Pottsville, 1280 ha
  • Les Frères Sisters

J’ai aussi découvert ou approfondi des auteurs que je ne connaissais pas ou peu :
  • Ron Rash
  • Edgard Hilsenrath
  • Octavia E. Butler
  • Becky Chambers
  • Les frères Strougatski

Mes grosses déceptions :
  • Le talon de fer
    Hypérion (relecture)
    Le Sorceleur
Je compte quelques déceptions, c’est-à-dire des livres que j’ai lus et que je n’ai pas apprécié mais dont je reconnais volontiers les qualités :
  • Un pays à l’aube (ce n'est pas horrible, mais c'est plein de défauts)
  • Un souvenir nommé empire (ce n’est pas intrinsèquement mauvais mais je me suis ennuyé)
  • La Cinquième saison (ce n’est pas intrinsèquement mauvais, mais très prévisible et un peu fade)
  • Jésus Vidéo (ça n’est pas mauvais mais c’est quand même très voire même trop facile sur de nombreux points)
Il y a un auteur dont je suis certain que je ne lirai pas de nouveau un livre sans y être contraint :
  • Barjavel

J’ai eu l’occasion de lire des prix Nobel de littérature. Cela a été parfois un argument de vente, parfois une ignorance brute mais je trouve que tous ont tenu leur rang. Ce sont tous de bons livres et s’ils ne figurent pas dans mes livres à retenir au titre des lectures de l’année, c’est peut être parce qu’ils étaient un peu trop attendu pour être une sorte de révélation ou d’explosion.

En conclusion, je trouve que j’ai eu une belle année de lecture, avec d’excellents livres et, finalement, peu de mauvais. La majorité des livres de grands auteurs ont tenu leurs promesses. J’ai lu assez peu de mauvais livres, seulement 3 que je ne recommanderai qu’à des gens qui se vanteraient d’avoir une carte dans un parti politique ou qui aiment faire souffrir les animaux pour leur simple plaisir : Ravage, la Nuit des temps et le Talon de fer.

Même si je suis content d’avoir lu autant de bons livres et de livres très satisfaisant, je suis un peu déçu de ne pas avoir trouvé un livre que je recommanderai contre vents et marée, un livre que je mettrai à mon panthéon des excellentes lectures, comme le furent l’Infini dans un roseau, des Milliards de tapis de cheveux ou le Nuage et la valse au cours des années écoulées.

Je pense que je continuerai à lister les livres que j’ai lus au cours de l’année à venir. Mes challenges sont : explorer Shakespeare (en version bilingue, je n’ai pas le niveau pour ne le lire qu’en anglais mais j’ai souvent besoin/envie de me référer au texte source quand je le lis, surtout pour les passages forts), approfondir Ron Rash, John Brunner, Ursula K Le Guinn , Aldous Huxley et Octavia E. Buttler, découvrir de nouveaux auteurs, relire certains classiques pour voir si j’y trouve la même chose.

Liste des livres lus
Spoiler:
1. L’Armée fantoche
2. Stalker : pique-nique au bord du chemin
3. Et frappe le père à mort
4. Les Croisades vues par les arabes
5. Solaris
6. Chroniques du pays des gens les plus heureux du monde
7. Le dernier vœu
8. L’espace d’un an
9. La Vallée des fleurs
10. Aux comptoirs du Cosmos
11. Cailloux dans le ciel
12. Défaillances Systèmes
13. Athènes
14. Vers les étoiles
15. La Chorale des maitres-bouchers
16. Zothique
17. Manaraga
18. Orgasme à Moscou
19. L’histoire des mythes grecs
20. La Planète d’exil
21. Contes initiatiques peuls
22. Il est difficile d’être un dieu
23. La Dernière vendange de Merle
24. Jesus Video
25. Abattoir 5
26. La Cité des illusions
27. Le Grand nulle part
28. Pottsville, 1280 habitants
29. Les Routes de la soie
30. Le Voyage au bout de la nuit
31. Un souvenir nommé empire
32. Un pied au paradis
33. Le vieil homme et la guerre
34. Les frères Sisters
35. Ces princes
36. L’homme des jeux
37. Ironopolis
38. La Cinquième saison
39. L’Affaire Jesus
40. Le club des policiers yiddish
41. Les Brigades fantomes
42. La Dernière colonnie
43. Les Boutiques de canelle
44. Zoé
45. Nuit
46. Dans la forêt
47. Humanité divisée
48. La fin de tout
49. Le Docteur Jivago
50. Membrane
51. Carthage
52. Premier amour
53. La Route
54. La princesse des glaces
55. Serena
56. Le Talon de fer
57. La dame de pique & les récits de feu Ivan Petrovitch Belkine
58. le Dernier loup
59. La Reine Margot
60. Beloved
61. Le dernier rêve de la raison
62. le Neuromancien
63. En avoir ou pas
64. Eugene Oneguine
65. Patagonie route 203
66. The City & the City
67. le convive de pierre et autres scenes dramatiques
68. Terminus Berlin
69. Une terre d’ombre
70. Déracinée
71. Vers mars
72. La conjuration des imbéciles
73. Au guet !
74. Hypérion
75. Libration
76. La République romaine
77. Un Pays à l’aube
78. Carbone modifié
79. Le Banquet des empouses
80. La fête au bouc
81. Père & fils
82. La Chute d’Hypérion
83. Le gang de la clef à molette
84. Ravage
85. Le joueur d’échec
86. La Garde blanche
87. L’initiation
88. Les Guerriers du silence
89. La Nuit des temps
90. Tous à Zanzibar
91. Les oiseaux
92. Terra mater
93. Zouleikha ouvre les yeux
94. La citadelle Hyponeros
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par fafnir »

Petit retour sur 3 livres que j'ai lu (ou presque) parce qu'ils ont été recommandés sur ce forum
Ils sont loin d'être les seuls et j'en profite pour remercier les casusiens pour leurs retours de lectures, qui m'ont permis de découvrir plein de trucs que je n'aurais jamais connus autrement (y compris dans la section adultes).


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Je me le suis fait offrir pour Noël, très sympa témoignage d'une intelligentsia russe lucide sur Poutine et parfois engagée, pas très éclairant en revanche sur la proportion de partisans, complaisants, indifférents et impuissants dans la majorité silencieuse.

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J'ai adoré, c'est de la grosse Histoire événementielle qui tache, mais le parti pris est justement d'essayer de décrire la mystique collective de cette épopée complètement délirante que fut la 1ère croisade, comment la foi notamment a poussé ces dizaines de milliers d'individus à tant de sacrifices, de souffrances, d'héroïsme mais aussi de crimes abominables.
Mention spéciale à la carte détachée qui permet d'avoir la géographie du récit sous le nez sans tourner les pages.

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Celui là je l'ai arrêté au tiers. J'ai trouvé le point de départ intéressant, une jeune fille découvre ses pouvoirs magiques, à la fois puissants et inquiétants, dans un coin d'Afrique dystopique en proie à des violences ethniques dures.
Par contre, la psychologie des personnages m'a laissé perplexe ce qui a fini par me saouler, en particulier l'héroïne tour à tour terrorisée, furieuse, rebelle, curieuse, désespérée, le tout puissance 1000, sans qu'on comprenne toujours le pourquoi.
Sinon c'est original, bien écrit, donc ça vaut quand-même le coup d'essayer.
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Sammael99
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Sammael99 »

fafnir a écrit : sam. janv. 04, 2025 8:47 pm
Spoiler:
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Celui là je l'ai arrêté au tiers. J'ai trouvé le point de départ intéressant, une jeune fille découvre ses pouvoirs magiques, à la fois puissants et inquiétants, dans un coin d'Afrique dystopique en proie à des violences ethniques dures.
Par contre, la psychologie des personnages m'a laissé perplexe ce qui a fini par me saouler, en particulier l'héroïne tour à tour terrorisée, furieuse, rebelle, curieuse, désespérée, le tout puissance 1000, sans qu'on comprenne toujours le pourquoi.
Sinon c'est original, bien écrit, donc ça vaut quand-même le coup d'essayer.

Je l'avais lu en 2021, et si j'avais plutôt apprécié à l'époque, en lisant ta chronique je me suis souvenu de l'avoir lu, mais pas grand chose d'autre...

Ma chronique de l'époque (en Anglais) : https://benfelten.blogspot.com/2021/07/ ... rafor.html
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
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Harfang2
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Harfang2 »

fafnir a écrit : sam. janv. 04, 2025 8:47 pm
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J'ai adoré, c'est de la grosse Histoire événementielle qui tache, mais le parti pris est justement d'essayer de décrire la mystique collective de cette épopée complètement délirante que fut la 1ère croisade, comment la foi notamment a poussé ces dizaines de milliers d'individus à tant de sacrifices, de souffrances, d'héroïsme mais aussi de crimes abominables.
Mention spéciale à la carte détachée qui permet d'avoir la géographie du récit sous le nez sans tourner les pages.

L'un des rares livres que j'ai lu deux fois et dont je m'étonne qu'il ne soit pas plus connu.
Du bien bel ouvrage.
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fafnir
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par fafnir »

@Sammael99 En toute franchise je ne me souviens plus si c'est toi qui m'a donné l'envie de le lire. Mais je partage un peu le commentaire sur ton site, j'ai trouvé une connexion un peu bancale entre les personnages (et ce qu'ils ressentent) et les évènements.

@Harfang2 c'est effectivement ton avis élogieux qui m'a donné envie de le lire, je m'étais noté ça.
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