Merlock a écrit :
Sinon, spéciale dédicace à Tristan avec un titre "Harry Dicksonien":
Le cadavre récalcitrant. 
Nous sommes en 192x.
M. Dupont était un Homme de Lettres, un de ces aimables vieux messieurs qui prospèrent entre Saint-Germain-des-Prés et le quai Conti. Une carrière passée à être d'accord avec tout le monde et à systématiquement rejoindre l'opinion dominante lui a valu honneurs, fortune, réputation flatteuse, bref, tout dont un homme a besoin.
Il a également une fille, Hermione.
La jeune Herminone eut le mauvais goût de se fiancer à un juif vaguement russe, à moins que ça ne soit le contraire, qui débarquait de sa steppe avec des yeux enflammés, des principes radicaux et une vision de la littérature diamétralement opposée à celle de son futur beau-père.
Les fiançailles déplurent aussi beaucoup à Maximilien qui, à défaut d'être l'élu du cœur de la jeune fille, était le choix de M. Dupont. Maximilien, poète sans imagination et journaliste sans talent (à moins que ça ne soit le contraire), entrepris de descendre férocement toutes les œuvres d'Igor (car c'est ainsi que se nommait le nouveau fiancé d'Herminone).
Tout cela se termina dans la propriété normande de M. Dupont, par une scène d'abord navrante, puis tragique, lorsque Maximilien défonça le crâne d'Igor à l'aide d'un maillet de croquet. Le cadavre, promptement jeté à la Seine, eut le bon goût de ne pas refaire surface.
Mais à partir de cet instant, M. Dupont... changea. Brusquement. Du tout au tout. Alors qu'il vivait des rentes de sa notoriété depuis bien longtemps, il se remit à écrire... des œuvres qui ne lui ressemblaient absolument pas, alors qu'elles évoquaient de manière troublante la main d'Igor.
Au bout d'un moment, sa conversion à l'aile radicale des mouvements littéraires les plus extrêmes commence à faire scandale.
Maximilien, qui s'est re-fiancé à Hermione, constate avec horreur que M. Dupont
fait la cour à sa propre fille, en utilisant des mots et des expressions qu'Igor était seul à connaître.
Quant à lui, il a l'impression d'être suivi par un homme au visage ensanglanté, dont il ne distingue jamais les traits, mais qui ressemble de manière troublante à Igor.
En désespoir de cause, il contacte les investigateurs, sans leur révéler toute l'histoire, bien entendu.
Le spectre d'Igor possède-t-il le vieux monsieur Dupont ? Si oui, comment le neutraliser ? Sans doute y a-t-il, dans les croyances de sa Lointainie natale, un rite pour l'exorciser, mais où trouver un expert en folklore lointainiain ?
A moins, bien entendu, qu'Igor ait eu un jumeau, que nous appellerons Grichka pour simplifier qui, exploitant les confidences de son frère, s'est embarqué dans une vengeance tordue à base d'hypnose ?
Voilà voilà.
T.