Dany40 a écrit : ↑ven. avr. 25, 2025 1:30 pm
Alors … bonne nouvelle … l’édition 20eme anniversaire par AAP de Changeling le Songe est dans les tuyaux chez nous.
L’un de mes camarades est sur le sujet , ça devrait sortir dans un futur proche
On avait un peu échangé précédemment sur cette revue, et je me faisais une joie maintenant qu'elle est parue de la découvrir et de la dévorer. Quelle déception ! Allez, je balance un peu de purée pour réveiller ce fil trop calme (et pour lire l'article en référence dans le FIX c'est ici :
https://lefix.di6dent.fr/archives/28721)
L'auteur déjà connaît manifestement peu son sujet : inscrire Changelin Le Songe avec Démon La Descente (merci mais la bonne traduction officielle est La Damnation, et il ne fait pas partie du même ensemble, mais du New World of Darkness), ou Momie : l’Eternel qui n'existe juste pas (je suppose là aussi qu'il s'agissait de Momie : la Résurrection ?), ça pose déjà le niveau de connaissance pour quelqu'un qui se flatte d'avoir des relations privilégiées avec l'éditeur (j'y reviens après).
Le décorticage du jeu est ensuite euh... nul. Résumer Changelin à un jeu purement politique avec ses Cours Seelie et Unseelie, et ses Maisons, ben non. Le jeu permet certes ceci, comme tous les autres jeux du MdT d’ailleurs, mais contrairement à Vampire, ce n’est pas son propos premier. L’auteur de la critique a manifestement peu suivi le jeu depuis ses origines (j’y reviendrai aussi) puisque dans la première édition, le concept des Cours et des Maisons étaient beaucoup moins développées : les Maisons se limitaient alors à 5, et ce n’est que dans l’évolution de la gamme et des suppléments que le jeu joue davantage sur cet angle, notamment les luttes entre Nobles et Roturiers.
L’affirmation « Ici pas de quête épique ni d’enquête aux ramifications cosmiques. Changelin […] est un jeu de négociations et d’ingénierie sociale mettant les joueurs aux prises avec des luttes politiques à la limite du compréhensible, tant d’un point de vue intellectuel que mystique ». Outre que la phrase n’est pas très intelligible, elle n’engage de mon point de vue que la pratique de l’auteur. Du même acabit, on appréciera le « Pour faire simple, les Seelie sont des communistes »
Mais vu le niveau posé, rien n’empêche la suite du massacre. J’ai particulièrement savouré le
message de White Wolf (« tous les ennemis désignés du WoD sont liés à la surconsommation humaine et au capitalisme, à la volonté fascisante d’éliminer la différence pour le bien des dominants et leur contrôle sur le monde »). Et au risque d’être classifié droitiste (ou droitard / droiteux / droiteur / droitien ???) puisque manifestement je rejoins ce camp si j’ai l’outrecuidance de critiquer l’Auteur ™

, je m’interroge sur l’autre affirmation gratuite que « cette théorie [est] confirmée par nos sources au sein de White Wolf » : ah oui ? on parle de qui ? de Bobby qui a été 6 mois freelance en 2003 chez l’éditeur ? de Stewart Wieck revenu d’entre les morts et avec qui on a discuté avec son esprit chez la voyante du coin ? Pour un éditeur qui a été aussi protéiforme que White Wolf, je rigole doucement sur un tel scoop improbable. Et puis quand même il y aurait un soupçon de vérité ici, les frères Wieck sont au capitalisme ce que les frères Blume l’ont été, ne soyons pas bêtement naïfs…
Passé cette mauvaise humeur, je reviens sur le contenu à proprement parler de la critique. Aucune rétrospective n’est faite par rapport à l’antériorité de la gamme : sur les deux éditions publiées et l’évolution de la storyline, qu’est-ce qui a été retenu et qu’est-ce qui a été abandonné dans cette édition XXème anniversaire ? Ce qui continue à fortement m’interroger sur la maîtrise de l’auteur sur l’histoire de la gamme.
Pareil sur cette VF : que retenir du travail d’AAP par rapport à la VO ? Est-ce que la traduction est de bonne qualité ? qu’est-ce qui a été repris ou corrigé de la VF de la première édition chez Ludis ? On n’en saura rien non plus.
Je termine sur les gros soucis de syntaxe / grammaire / bévues qui montrent que l’article n’a même pas été correctement relu, et qui en montre bien le travail plus que léger effectué dessus
Pour conclure sur ce constat particulièrement navré, je ne résiste pas à reprendre cet extrait de la critique de Fabrice Colin lors de la parution de la VF de la 1ère édition (Casus Belli 97 – septembre 1996) : « Changelin soulève un certain nombre de problèmes douloureux : nous-mêmes, joueurs de jeux de rôles (
sic), ne sommes-nous pas un peu les changelins d’une société gorgée de Banalité, qui réfute l’imaginaire lorsqu’elle n’en fait pas un objet de commerce standardisé ? Combien d’entre-nous se sont-ils fait traiter de gamins immatures par des donneurs de leçon en costume-cravate, fiers d’appartenir au clan des « gagneurs » (
re-sic, probablement les droitistes de l’époque…) mais incapables de s’enthousiasmer pour autre chose qu’un bilan financier ? […]. » Ce que je viens de lire sonne comme un écho avec la version manichéenne et caricaturale de Fabrice, sauf qu’en 1996, on avait tous 30 balais de moins pour en justifier l’immaturité.
Je redis : quelle déception, il y avait tellement d’autres choses à dire sur ce jeu que les banalités et prescriptions doctrinaires qui nous sont balancées ici, et qui étonnent par rapport à la qualité de ce que produit normalement le FIX.