Re: [-isme] Comment rendre les univers, les jeux, les scénarios plus inclusifs
Publié : ven. oct. 07, 2022 12:06 pm
Éviter le validisme : 5 signes que la scène, le PNJ est validiste :
Pour des monstres non validistes ? (Altay, JoKer, QRDL, Tybalt)
Fay Onyx, 2021. Ridding Your Monsters of Ableism https://mythcreants.com/blog/ridding-your-monsters-of-ableism/
- Leur corps est utilisé de manière comique (ex: l’œil de bois dans Pirates des Caraïbes);
- L’invalidité est présentée comme une grande tragédie, et la seule motivation du personnage est de trouver un remède (ex: Jake Sully dans Avatar, Dr Strange);
- L’invalidité disparaît miraculeusement (ex: John Locke dans Lost);
- Les maladies mentales sont une menace (ex: les pensionnaires de l’asile d’Arkham);
- Les personnages qui simulent une invalidité pour ne pas attirer l’attention, être sous-estimé (Usual Suspects).
- Rire avec le personnage invalide, pas de lui ; définir le personnage par d’autres caractéristiques que son invalidité;
- Donner une raison à la déchéance du personnage que son invalidité ; une autre motivation que son annulation;
- Rendre l’invalidité permanente, permettre une bonne adaptation à celle-ci (prothèse, entraînement, etc.);
- Casser le stéréotype liant maladie mentale et vilénie ; faire de la maladie mentale une faiblesse de l’adversaire et non sa cause ou sa motivation;
- Ne pas simuler d’invalidité, éventuellement rendre des invalides capables de prouesses, quitte à ce qu’elles soient temporaires ou coûteuses en effort.
Pour des monstres non validistes ? (Altay, JoKer, QRDL, Tybalt)
(Synthèse et réécriture de choses que l'on a déjà évoqué sur ce fil.)
Le monstre est commun en JDR, il emplit les catalogues. Or le monstre renvoie souvent à l’anomalie physique, donc potentiellement au validisme.
Le monstre est commun en JDR, il emplit les catalogues. Or le monstre renvoie souvent à l’anomalie physique, donc potentiellement au validisme.
Il y a trois vision du monstre :
- l'anormalité, d'abord des corps (créature de Frankenstein, chimère, zombi, etc.) puis de l'esprit (serial killer, psychopathe) créée par quelque chose : accident génétique, maladie, malédiction (très souvent le cas dans la mythologie grecque), expérimentation médicale, torture, corruptions divers par le côté obscur, le chaos, etc. Fondamentalement validiste, c'est pourtant une création, par nature unique, qui pose la question non pas de sa nature mais des causes de son apparition. En montrant, expliquant bien cela, on peut s’extraire de la posture validiste et réfléchir au système, à ses effets et à sa réparation. Ce monstre est un symptôme.
- la créature du bestiaire, simple représentant d’une espèce (gobelin, géant, hibours), tout aussi normale que le tigre et le géranium puissent l’être. Sans relation avec le validisme, hormis sa désignation en tant que monstre, et alors son essentialisation (“tous les tigres sont mangeurs d’humains”) et le désintérêt quant à son comportement (la tigresse de Champawat qui mangeait des gens car… blessée par un chasseur, elle ne pouvait plus chasser ses proies naturelles).
- la créature paracausale, issue d’un plan démoniaque ou du tréfond de l’espace, cette chose en dehors du principe de causalité, qui peut être si étrangère, si alien, qu'elle paraît être un monstre "par nature", mais qui est tant en dehors de la normalité qu’elle sort du paradigme valide/non-valide.
Toutefois, en matière d’horreur, il peut être essentiel de jouer sur le validisme car c'est la source de certaines formes de peur (body horror, vallée de l’étrange, perte de contrôle en raison de l'imprédictibilité). C'est le cas par exemple du contraste au sein d’un même individu de traits incongrus, étranges et de traits normaux, innocents (c’est sûrement pour ça que les enfants glauques sont tellement populaires dans les films d’horreur).
Enfin, si l’on veut se confronter avec l’anormalité, explorer la différence, on peut mettre en valeur l'anormalité au lieu de la stigmatiser. Sans dire que c'est vieux comme le monde, c'est une tendance qui remonte au moins au XIXe siècle : La demeure d'Astérion de Borges (dans L'Aleph) qui voit le mythe de Thésée du point de vue du Minotaure dans les années 1940, Une tempête de Césaire qui retourne le personnage de Caliban en 1959, Grendel de John Gardner qui réécrit Beowulf dans les années 1970, les séries du type True Blood où les vampires deviennent un moyen détourné de parler des minorités, etc.
Ce qui est validiste dans les “monstres” :
- La faible intelligence
- La laideur (dos voûté, saleté, verrues, dents anarchiques, corps déformés, maladies, etc.), que l’on ne retrouve pas chez des animaux par exemple, mais qui représente un lien supposé entre laideur physique et laideur morale.
- L'inadaptation à ses invalidités
- La “folie”
Fay Onyx, 2021. Ridding Your Monsters of Ableism https://mythcreants.com/blog/ridding-your-monsters-of-ableism/