Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

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Cassius Clef
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Cassius Clef »

Moui, voilà beaucoup de travail d'interprétation pour un si petit passage. Qui aurait envie de suspendre sa lecture pour s'y livrer, d'ailleurs ?
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sherinford
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par sherinford »

Cassius Clef a écrit : ven. févr. 14, 2025 12:03 am
Harfang2 a écrit : jeu. févr. 13, 2025 7:23 pm A vous lire, j'ai des regrets. Dune m'est tombé des mains; sans même que je sache quoi reprocher au livre, en fait.

Je peux te dire ce que je lui "reproche", là où j'en suis et quoique cela n'arrête tout de même pas ma lecture : c'est assez sec. Je ne sais trop comment le dire, à ce stade, mais l'écriture manque de liant.

C'est peut-être le même "défaut" ou la même caractéristique de l'écriture qui me fait quelquefois brièvement sortir de la lecture parce que je ne comprends pas ce que font ou disent les personnages.

Page 150. Leto parle à Gurney. "Je désire que nous mettions au point un nouvel ordre de dispersion planétaire, les escouades blindées venant en premier." Gurney paraît très surpris et lui répond: "Vous prévoyez ce genre de difficultés, Mon Seigneur ? Je croyais que l'on avait désigné un Arbitre du Changement." "Combat ouvert, combat clandestin, dit le Duc. Il y aura beaucoup de sang répandu ici avant que nous en ayons terminé."

Moi: 8O

D'accord, j'accepte de ne pas déjà comprendre ce qu'est un Arbitre du Changement parce que je nourris l'espoir que la suite finira par le rendre clair. Mais qu'est-ce qu'un ordre de dispersion planétaire ? Pourquoi les escouades blindées viendraient en premier ? Pourquoi Gurney est-il surpris ? Quel rapport avec l'Arbitre ? Que signifie le paradoxal adage que le duc prononce ? Etc.

Bon, tant pis pour mes questions. Manifestement, moi lecteur, je suis parfois comme un intrus dans l'histoire que vivent les personnages. Ils me tolèrent dans leur tête et au-dessus de leur tête, mais ils n'ont pas l'intention de m'expliquer ce qui les préoccupe.

Ah ben...

"Arbitre du changement", est expliqué dans le lexique en fin d'ouvrage, comme des dizaines d'autres termes.

Ma première lecture de ce livre comportait de constants va et vient entre le chapitre en cours et le lexique. C'est un peu pénible, mais pas complètement rédhibitoire, par rapport à des dizaines d'autres oeuvres de SF qui font pareil... mais sans lexique...
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Cassius Clef
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Cassius Clef »

Je n'avais pas vu qu'il y avait un lexique en fin d'ouvrage, merci ! :mrgreen:

Cela dit, ce n'était pas "Arbitre du Changement" le problème principal de ce passage, c'était plutôt tout le reste. Et je ne le citais que pour illustrer le manque de liant, le caractère parfois froid et peu compréhensible du récit.

Quelque chose que je me suis formulé aujourd'hui, c'est le caractère lapidaire, souvent lacunaire, en tout cas peu évocateur des descriptions de lieu et de situation. Herbert ne s'attarde presque jamais sur ça. Trois traits, et c'est fini. Pour ma part, ça ne suffit pas toujours à former une représentation mentale.

Cela étant dit, je poursuis ma lecture avec bonheur ! Il faut dire que j'adhère complètement aux "voix intérieures" des différents personnages. Pour ceux qui n'accrochent pas du tout au procédé, je comprends que le livre leur tombe des mains.
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par sherinford »

Cassius Clef a écrit : sam. févr. 15, 2025 8:01 pm Je n'avais pas vu qu'il y avait un lexique en fin d'ouvrage, merci ! :mrgreen:

Cela dit, ce n'était pas "Arbitre du Changement" le problème principal de ce passage, c'était plutôt tout le reste. Et je ne le citais que pour illustrer le manque de liant, le caractère parfois froid et peu compréhensible du récit.

Quelque chose que je me suis formulé aujourd'hui, c'est le caractère lapidaire, souvent lacunaire, en tout cas peu évocateur des descriptions de lieu et de situation. Herbert ne s'attarde presque jamais sur ça. Trois traits, et c'est fini. Pour ma part, ça ne suffit pas toujours à former une représentation mentale.

Cela étant dit, je poursuis ma lecture avec bonheur ! Il faut dire que j'adhère complètement aux "voix intérieures" des différents personnages. Pour ceux qui n'accrochent pas du tout au procédé, je comprends que le livre leur tombe des mains.

De mémoire, dans le passage que tu cites, Leto exprime simplement un scepticisme exprimé par presque tous que "ça ne peut pas être si simple". Il parle stratégie avec son bras droit, et au final, ça n'a pas une très grande importance.

Gurney, un peu naïvement, indique qu'il existe une autorité supposée permettre la transition, mais bien sûr Leto n'est pas dupe.
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Inigin »

Cassius Clef a écrit : sam. févr. 15, 2025 7:50 pm Moui, voilà beaucoup de travail d'interprétation pour un si petit passage. Qui aurait envie de suspendre sa lecture pour s'y livrer, d'ailleurs ?

Mais c'est évident en fait, et ça passe sans interruption : c'est juste une tournure d'esprit à avoir(1). Et ses bouquins sont littéralement remplis de passages pleins de sens, faut juste les percevoir(2) (et aussi de passages nettement plus abscons, je me souviens encore de Jessica et du prince impérial qui essaie de se placer comme consort possible... le pauvre :P ).

Herbert a écrit une saga qui parle essentiellement d'énergie et de dynamique des civilisations, des conditions nécessaires à l'écologie (de l'espèce humaine). Il est parfaitement signifiant que Dune ait été inspiré par ça : https://fr.wikipedia.org/wiki/Oregon_Du ... ation_Area À cette aune, la tragédie et le contexte militaire, c'est certes une mise en scène des rapports de force entre satrapes (et de l'éthique du pouvoir), mais c'est de l'enrobage, et le coeur du propos porte sur la planète, l'accès aux ressources, et d'ailleurs se révèle mieux à la fin du cycle quand le Sentir d'or a rebattu les cartes.

(1) je recommande le Henri V de Shakespeare.
(2) ok parfois je les perçois mieux à la deuxième lecture...
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Harfang2 »

Un printemps de sang, Fabrice Cerruti, 428 p., ed Memnos, 2024

Les aventures du Bâtard de Kosigan se poursuivent.
Une lecture toujours aussi plaisante. Son univers historique, nous nous situons durant les guerres de cent ans, tout autant que fantastique puisque nous y rencontrons Ogres, Svartalfar et autres golems, est toujours aussi plaisant, et présente une belle logique interne.
Pour le reste, on reste sur une écriture fluide, un style très correct, et ce mélange d'actions et d'intrigues toujours aussi pulp. Car, oui, ici comme dans les autres romans, l'action avance vite de rebondissements en rebondissements émaillés de l'approfondissement de son univers.
Changement majeur ici, c'en est fini de l'alternance avec notre XXème siècle et les recherches de son descendant. C'est tout aussi bien, c'était la partie qui, a mon sens, entravait l'action et que je lisais vite, voir en diagonale par hâte de voir l'action principale se dérouler.

Les amateurs, ne seront donc pas décus avec ces nouvelles aventures qui nous mèneront, cette fois-ci en Bourgogne et jusqu'au Comté de Kosigan même.
Dernière modification par Harfang2 le sam. févr. 22, 2025 3:09 pm, modifié 1 fois.
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Les enfants de Dune

Message par sherinford »

Dernière lecture:

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"Les enfants de Dune" par Frank Herbert.

Neuf ans se sont écoulés depuis l’époque du “Messie de Dune”. Paul Muad’Dib, aveuglé par le feu d’une arme atomique, s’est exilé dans le désert après que Chani lui ait donné deux jumeaux, Leto II et Ghanima, conformément à la tradition fremen. La plupart le pensent mort, mais certains soupçonnent qu’il soit devenu ce mystérieux prêcheur aveugle qui erre dans le désert, et dont les paroles frisent l’hérésie. Alia, la soeur de Paul, assure la régence en attendant que les enfants de Paul soient en âge de régner.

Dune est en train de changer de visage, le désert verdit sous les efforts des tribus fremen qui utilisent leur stocks d’eau pour alimenter des qanats. Cette politique menace cependant les vers des sables, qui ne supportent pas l’humidité.

C’est une période de transition, et de telles périodes recèlent bien des dangers.

Alia abrite en elle les mémoires de tous ses ancêtres, car sa mère a participé à un rituel destiné à en faire une révérende mère (dans le premier tome) alors qu’elle était encore enceinte de sa fille. Pour cette raison, Alia est considérée comme une abomination par l’ordre des Bene Gesserit. Pour une raison peu claire, Leto II et Ghanima disposent des mêmes pouvoirs. Ce sont donc des enfants spéciaux, qui abritent en eux les souvenirs de milliers de vies adultes.

La nature des “abominations” est explorée un peu plus dans ce roman: comme celles-ci sont nées avec les souvenirs de leurs ancêtres, mais sans que leur personnalité propre ne se soit affirmée, et sans avoir bénéficié de l’entraînement adéquat, il est possible que leur corps soit “possédé” par un de leurs ancêtres.

Alia subit de plein fouet cette malédiction quand l’âme du Baron Vladimir Harkonnen commence à lui susurrer ses plans machiavéliques, afin de l’aider à s’emparer du pouvoir laissé par son frère.

Sur Salusa Secundus, le fils de Padishah Shaddam IV complote également pour mettre fin à la vie des héritiers de Paul, afin de reprendre l’Empire en main.

Mais il n’est pas si simple de se débarrasser de ces enfants pas comme les autres. Leto II a perçu dans la trame des futurs possibles un “sentier d’or” qu’il compte bien parcourir pour assurer la survie de l’humanité…

Ce troisième roman continue de développer l’univers de Dune. Il foisonne d’événements et multiplie les points de vues, ce qui rend sa lecture un peu plus aride que les deux tomes précédents. Je ne le recommanderais qu’à ceux qui ont vraiment accroché à cet univers.


Lectures de 2025:

Spoiler:
1. "Le dernier voeu & l’épée de la providence" de Andrzej Sapkowski (10/10).
2. "Voix d’extinction" de Sophie Hénaff (6/10).
3. "Béantes portes du ciel" de Robert Reed (7/10).
4. "Dernier meurtre au bout du monde" de Stuart Turton (9/10).
5. "Drame de pique" de Sophie Hénaff (8/10).
6. "La vengeance du Manitou" de Graham Masterton (7/10).
7. "Les chevaliers d'émeraude - tome 1 - Le feu dans le ciel" de Anne Robillard (6/10).
8. "Itinéraires nocturnes" par Tim Powers (4/10).
9. "Dune" par Frank Herbert (10/10).
10. "Le Messie de Dune" par Frank Herbert (8/10).
11. "Les enfants de Dune" par Frank Herbert (6/10).
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Re: Le Messie de Dune

Message par Islayre d'Argolh »

Sammael99 a écrit : mer. févr. 12, 2025 2:07 pm
sherinford a écrit : mer. févr. 12, 2025 8:08 am Dans mes souvenirs, j’avais quelques réserves quant à cette suite, mais après relecture, je me dois de réviser mon opinion. Si ce second volume de la saga de Dune ne bénéficie plus de l’aura de la fraîcheur que le premier roman apportait, il a autant d'intérêt, dans la mesure où il développe encore l’univers esquissé dans le premier volume et où il explore comment la prescience pose autant de problèmes qu’elle n’en résout.

Quand je l'ai lu à 15 ans, après avoir adoré Dune, c'était une déception. Les intrigues politiques me faisaient chier, et le héros que j'adorais avait les pieds d'argile.

Quand je l'ai relu à 35 ans, j'ai trouvé ça absolument magistral, subtil et profond.

Un peu comme toi, quoi.

J'arrive largement après la bataille mais parcours inverse en ce qui me concerne.

J'avais lu Dune (le premier) au lycée et trouvé ça "bien mais pas top". Relecture l'année dernière et là grosse claque.
Dans la foulée je me dis que je vais lire le cycle, j'achète le Messie et là re-grosse claque mais dans l'autre sens : j'ai détesté et trouvé ça complètement creux/inutile.
Du coup je ne suis pas allé plus loin...
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Message par Harfang2 »

Un gout de rouille et d'Os, Craig Davidson, 317 p., ed Points, 2010

L'un de mes plaisirs est de tomber sur des livres au hasard, sortant de mes sentiers battus et rebattus.
Ici, las, il fallait bien compléter le lot de livre du club des cinq que voulait ma fille, alors, dans le bac des occasions easy cash, je jetais mon dévolu sur cette couverture un peu interpellante et ce titre, tout deux imageant parfaitement l'ouvrage.

Oui, parceque Un gout de rouille et d'os, ne fleure pas le "feelgood", le "positive attitude" ou quoi que ce soit de bienveillant et de gnangnan.
Non, les histoires sont moches et tristes. Des gueules cassés, des trajectoires qui se sont brisées en pleine ascenscion... et effectivement, un gout de sang dans la bouche.

Globalement, les huit nouvelles sont bonnes. Deux tournent autour de la boxe et, quelque part, rendent hommages à celle-ci et aux hommes qui arpentent les rings et les salles de boxes. La plupart, donc sont dures; un peu malsaine, même, pour certaines, mais globalement, les personnages restent attachant. Ils ont leur humanité que les fêlures et brisures ont pu malemener mals jamais enlever. C'est là, je crois que se situe la ligne particulière de Craig Davidson savoir garder leur dignité même a ceux qui ont été envoyés au tapis. Aucun de ses personnages n'est pitoyable et aucun ne demande pitié, non, ils ont pris des coups, certains continuent à en prendre, mais aucun ne jettera l'éponge... Et je trouve une beauté là-dedans.

Bref, grâce au Club des cinq j'ai dévouvert Craig Davidson et ce premier livre de lui ne sera pas le dernier, si vous tombez dessus, faites un petit test, je pense que ça le mérite.
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Erwan G »

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L’ECUME DES JOURS
Boris Vian

J’ai lu une première fois l’Ecume des jours à l’adolescence. A la lecture de ce livre, je suis devenu un grand admirateur de Boris Vian dont j’ai lu plusieurs recueils de nouvelles. Il m’aura fallu du temps pour aller plus loin et découvrir d’autres romans de lui, que ce soit l’Arrache cœur que je n’ai pas trop apprécié ou J’irai cracher sur vos tombes. Le livre ayant été donné à lire à ma grande, âgée de 12 ans, je me suis dit qu’il serait bon que je le relise avant pour pouvoir échanger avec elle sur le livre et sur les thématiques.
Colin est un jeune rentier, qui vit une vie simple autour de Duke Ellington, de la cuisine réalisée par son cuisinier personnel, un adepte de Gouffé, ses amis dont Chick, l’ingénieur obsédé par Jean-Sol Parte. Sa vie simple bascule le jour où Chick rencontre Alise, la nièce du cuisinier de Colin. Jeune, jolie, vivante, elle donne immédiatement envie à Colin d’être amoureux et de se marier. Il va alors, dans une soirée, rencontrer Chloé, qui n’est pas arrangée par Duke Ellington. Leur rencontre va rapidement mener à un beau mariage. Malheureusement, très rapidement après, Chloé va tomber malade : un nénuphar pousse dans l’un de ses poumons. Les seuls traitements sont extrêmement onéreux, puisqu’ils consistent à des séjours à la montagne et des cures de fleurs qui doivent donner honte au nénuphar. La fortune de Colin s’épuise et il doit trouver un travail.

J’ai retrouvé, une fois de plus, le plaisir de la lecture de ce livre que j’ai tant aimé à l’époque : une certaine poésie qui prend forme, qui s’incarne. La différence entre mes deux lectures réside certainement dans une meilleure connaissance des références de Boris Vian. A l’époque de ma première lecture, j’avais quelques notions de qui était Duke Ellington, mais sans plus. Pour moi, c’était du big band jazz et, pfff, ça me passait au-dessus de la tête. Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir trouver le titre auquel Vian fait référence après 1 minutes passée sur mon téléphone et je peux l’écouter en lisant le passage concerné. Et cela fait une différence. Simplement parce que même dans les moments les plus riants du livre, on perçoit la mélancolie du blues Ellingtonnien qui est présent tout au long du livre, pas seulement dans les moments les plus tristes. La joie, l’humour garde une forme de tristesse, un peu comme si l’on n’en profitait pas assez sur le moment ou que, une fois ce moment passé, il n’en restera plus que le souvenir. Tout est éphémère, sauf peut-être l’inanité du travail.

Après cette lecture, j’ai aussi rencontré la perplexité. Je me demande réellement ce que ma gamine de 12 ans, atteinte d’un TSA et tendant à prendre les choses au premier degré, va pouvoir appréhender ce livre et comment elle va pouvoir répondre à la question qui lui est posée : l’Ecume des jours est-il, pour vous, une utopie ? C’est une question que je trouve tellement extérieure au livre que je me demande comment on peut arriver à la penser et à la poser. C’est un peu comme si l’on posait la question de savoir si l’Ecume des jours est rouge ou bleu.

Ceci étant dit, c’est une agréable relecture que j’ai de loin préféré à la découverte de l’arrache cœur, que j’ai trouvé moins poétique, plus lourd, moins subtil.
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Message par Harfang2 »

Du coup, je découvre, musicalement, Duke Ellington que je ne connaissais que de nom. :)
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Erwan G »

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DANS LES PROFONDEURS DU TEMPS
Adrian Tchaikovsky

Après un premier tome dévoré, j’ai eu envie de voir ce qu’Adrian Tchaikovsky avait encore à raconter dans son univers. Nous reprenons où nous nous sommes arrêtés dans le livre précédent, à savoir de nouveaux vaisseaux d’exploration comprenant un double équipage homme araignée.

On y retrouve donc une Portia, une Bianca et une Viola, ainsi qu’un Fabian. Et, du coté humain, une linguiste petite fille de Holsten. Leur voyage va les mener sur un autre projet de terraformation entrepris avant la chute de l’Ancien empire. Alors que l’équipe de terraformation devait coloniser la planète la plus adapté, l’équipe arrivé sur place y découvre une forme de vie très différente de la nôtre. Elle se décide alors à se diviser en deux : une première équipe qui va analyser et décrypter la nouvelle forme de vie pendant que la deuxième va terraformer la planète suivante, une planète couverte d’eau sous forme de glace. Dans la seconde équipe se trouve un scientifique un peu fou, une sorte d’Avrana Kern moins fort, qui a une passion pour les poulpes. Il va donc tenter des expériences avec ces derniers, en profitant du nano virus utilisé sur Kern pour faire évoluer, à l’origine, les singes. Les poulpes vont se mettre à développer une forme avancée d’intelligence et, à l’aide de leur curiosité, à comprendre la technologie qui leur est offerte et vont commencer à coloniser ce nouveau monde, dans un premier temps pour faire avancer la terraformation. Puis, survient la chute de l’Ancien empire. Après avoir réchappé de justesse à la mort, en raison de la nécessité de couper le système informatique du réseau pour empêcher sa destruction par les poulpes, les humains découvrent que la nouvelle forme de vie est invasive et qu’elle tend à utiliser le corps qu’elle peut infecter, contraignant le scientifique du vaisseau à empêcher tout contact avec les explorateurs. Seul, il continue d’essayer de communiquer avec les poulpes et tente de leur présenter le danger que constituent la planète explorée et la navette engloutie qu’il a dû détruire.

Si le livre présente des qualités similaires à Dans la toile du temps, il présent aussi les défauts trop classiques de ce type de livre. Le dépaysement est toujours important : appréhender le langage des poulpes, mais aussi la complexité de la communication entre humains et araignées, appréhender une société intelligente différente, un type même de créature différente constituent le cœur du livre. Toute l’approche du fonctionnement des poulpes est passionnante. Nous sommes face à une société très différente et construite sur d’autres valeurs que la société humaine, ce qui apporte une réelle différence et une lecture riche, loin de l’anthropomorphisme des auteurs classiques.

Toutefois, donc, on y trouve aussi les défauts classiques du genre, comme les flashbacks qui permettent d’expliquer certains points pour mieux cerner l’environnement et être moins perdu que les protagonistes du livre. Je suis lassé de ce trope trop facile que l’on rencontre beaucoup trop souvent en SF et qui me semble être une façon fainéante de raconter une histoire. De plus, les passages avec les humains de l’Ancien empire n’apportent pas grand-chose ou, plus exactement, elles permettent de combler les lacunes de la narration en temps réel. C’est dommage, c’est toujours frustrant.

En dehors de ce problème, le livre reste intéressant même si j’ai un peu du mal avec des fins très positives. Je peux comprendre pour le monde de Kern, mais là, c’est un peu facile et dommage, je trouve, après être passé par une sorte d’horreur spatiale. Bon livre, donc, mais moins que le premier.
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Message par Erwan G »

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IMAGO
Xenogenesis 3
Octavia E. Butler

Imago est le troisième tome de la série Xénogenesis. Dans cette série, Octavia E. Butler imagine un monde détruit par l’humanité : tout l’hémisphère nord est victime d’une guerre totale au moment où une espèce extra terrestre arrive sur place. Les oankalis, lesdits extra terrestres, sont des commerçants de gènes : ils prennent des gènes des peuples qu’ils croisent et, en échange, leur en donnent d’autres. Ils décident de sauver l’humanité, mais en la changeant, en la faisant devenir différente : des façonnés, issus d’un mélange humains-oankalis.

Dans le premier tome est abordée l’histoire de Lilith, une humaine modifiée pour amener les humains à accepter le don des oankalis et à construire un avenir libéré de la contrainte hiérarchique, qui conduit les humains à s’affronter pour les ressources, le pouvoir ou simplement l’ego. Dans le second, on suit son fils, un façonné, qui va être coupé de sa famille et élevé par des opposants, des humains qui refusent d’avoir des enfants matinés d’extra-terrestre, qui va déboucher sur une solution permettant aux humains qui souhaitent le rester et reconstruire une société humaine de le faire, sur Mars. Enfin, dans ce troisième tome, nous suivons Jodah, un façonné né de Lilith mais qui, arrivé à l’âge de la transformation, va devenir un Ooloi, le troisième sexe des oankalis, ceux capables de soigner, de modifier ou corriger le contenu des gènes d’un individu, celui à travers lequel les couples conçoivent des enfants. Or, une telle apparition n’était pas prévue. Visiblement, les Oolois présents sur la Terre ont commis un certain nombre d’erreur et ont pris le risque de fabriquer trop tôt des Oolois façonnés et de provoquer une catastrophe.

Dans les trois livres, Octavia Butler interroge à la fois ce qui fait l’humanité, mais aussi l’être et la façon dont une culture exogène peut modifier, profondément et irrémédiablement, la culture d’un peuple. Il est difficile de ne pas voir, dans cette série, le parallèle entre l’esclavage et les promesses des Oankalis. Alors, certes, ils ne contraignent pas les humains à travailler, à être constamment humiliés, mais ils opèrent un changement de culture qui n’est pas voulu. La reproduction n’a lieu que si les Oankalis l’acceptent et dans les conditions qu’ils ont posées. Et les bébés ne sont plus comme leurs parents. Ils ont développé des différences, qui les rapprochent de ceux qui ont imposé ces changements. Tout en entendant répéter, à chaque fois, que cela est de la faute des humains et qu’ils doivent changer parce qu’ils ne sont pas rassurants ou parfait selon les critères Oankalis. Certains humains vont même réussir à se ranger à l’avis des extra-terrestres. Mais, pour autant, réussit-on à faire disparaitre totalement l’humain dans cette création nouvelle ?

Les trois tomes de la série sont d’une excellente qualité. L’écriture est fluide, la thématique intéressante et l’angle de vue original. Le fait de passer d’une catégorie à l’autre permet aussi de voir le chemin parcouru par l’humanité dans ce voyage qu’elle n’a pas souhaité mais auquel elle est confrontée.

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette série qui présente une race d’extra-terrestre différente qui, sans être tout à fait aussi originale que les araignées et les poulpes de Tchaikovsky, demeure néanmoins atypique et est présentée dans cette atypicité. Une belle série à découvrir pour ceux qui sont passés à coté.
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Message par Sama64 »

Harfang2 a écrit : lun. févr. 17, 2025 10:02 pm Un printemps de sang, Fabrice Cerruti, 428 p., ed Memnos, 2024

Les aventures du Bâtard de Kosigan se poursuivent.
Une lecture toujours aussi plaisant. Son univers historique, nous nous situons durant les guerres de cent ans, tout autant que fantastique puisque nous y rencontrons Ogres, Svartalfar et autres golems, est toujours aussi plaisant, et présente une belle logique interne.
Pour le reste, on reste sur une écriture fluide, un style très correct, et se mélange d'action et d'intrigues toujours aussi pulp. Car, oui, ici comme dans les autres romans, l'action avance vite de rebondissements en rebondissements émaillés de l'approfondissement de son univers.
Changement majeur ici, c'en est fini de l'alternance avec notre XXème siècle et les recherches de son descendant. C'est tout aussi bien, c'était la partie qui, a mon sens, entravait l'action et que je lisais vite, voir en diagonale par hâte de voir l'action principale se dérouler.

Les amateurs, ne seront donc pas décus avec ces nouvelles aventures qui nous mèneront, cette fois-ci en Bourgogne et jusqu'au Comté de Kosigan même.
Merci pour la bonne nouvelle: un nouveau tome, et l'arrêt des passages contemporains (chiants et cassant le rythme)
L'expression "adolescent boutonneux" est désormais proscrite : Bienvenue chez les ayatollahs du dictionnaire

"Le tact dans l'audace, c'est de savoir jusqu'où on peut aller trop loin" J. Cocteau
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Harfang2 »

Les monstres de Gor, John Norman, 571 p, ed J'ai lu, 1999

J'avais lu les deux trois premiers du cycle de Gor il y a de celà trente ou vingt-cinq ans... à l'époque, si certains éléments étaient très dépaysant et si l'univers possédait une identité forte, j'avais abandonné le cycle conséquemment au rapport à l'esclavagisme & l'essentiellisation des personnages féminins.

Trente ans plus tard, après avoir eu en tête les polémiques concernant ces ouvrages, je me décide a en relire un, histoire de voir si, vraiment, nous sommes là dans le lamentatio féministe, la pensée déconstructive ou, si, vraiment, John Norman est vraiment imbuvable idéologiquement (humainement, en fait).

Histoire de bien faire les choses, autant choisir un ouvrage avancé du cycle, pour apprécier toute la substance de, comment dire, "l'originalité" du monde de Gor et la suite des aventures de Tarl Cabot.

Et bien, mon dieu, c'est pire que dans mes souvenirs. Quelle complaisance affligeante dans une misogynie bien lourdingue. Dans Gor, on ne rencontre que des femmes jeunes et belles, qui, si elles ne sont pas esclaves soumises au plaisir de leur maître, le deviendront. Norman se plait, d'ailleurs à justifier ça de toutes les manières possibles... Quand vous lisez "Mais, l'un dans l'autre, les chaînes conviennent aux femmes. Elles sont bonne pour elles.": c'est la pensée du héros de la saga et la mantra de l'auteur.
Hors-donc, nous aurons quelques viols (nan, mais rassurez-vous, elles en redemanderont à la fin à tel point que Tarl devra les repousser brutalement, merde, il doit bien dormir pour tuer des ennemis aussi), asservissement et soumissions plus ou moins heureuse de jeunes femmes qui, globalement finiront par abolir leur volonté à leur maître avec enthousiasme et joie (même quand il la donne à ses hommes pour la nuit) et de se balader à moitié a poil tout le temps (même par 0 degré, hein...). Mieux, il s'en trouvera pour demander avec passion de se faire marquer au fer rouge. Mais comprenez bien, Tarl les fait tellement grimper aux rideaux, qu'elles ne peuvent avoir d'autres perspectives que celle d'avoir l'honneur de dormir a ses pieds et de se faire sauter si le maître est d'humeur libineuse.
Voilà, voilà....
C'est d'autant plus un gâchis que, l'univers présente une construction intéressante, et même une belle peinture que ce soit dans la zoologie, les moeurs, la langue ou la politique... Un passage sur un tournoi de jeu Goréen variante des échecs, l'autre sur un repas typique, il y a des scènes illustrant l'univers très engageantes.... Mais tout celà est balayé par la redondance du discours sur l'esclavage féminin, sa justification sans nuances et le côté complétement insane qui s'en dégage. Car, bon, un univers avec misogynie lourde, essentialisation et esclavage, c'est hard, mais, bon, pris par un angle intéressant, il y a matière a Histoire. Mais il n'y a pas de recul, pas de rébellion secrète, pas d'alternative. On sent bien que tout celà est considéré comme bienvenue, par tout le monde, y compris le héros, l'auteur et les victimes... affligeant: du phantasme d'adolescent* mélangeant bondage, sadomasochisme et harem.

A côté de Tarl Cabot, S.A.S le prince Malko est un gentleman un peu efféminé et à moitié impuissant, et Conan un doux romantique un peu niais.
Au moins l'auteur ne fait-il pas dans le gore ou le pornographique, c'est bien la seule fois, d'ailleurs ou l'on pourra parler de bon gout concernant Norman.

Quand à la scène finale, il fait le tour des six jeunes et belles esclaves languissantes qu'il a asservi durant son aventure et s'interroge sur le fait de savoir s'il va les garder, les vendres ou les dresser en maison de plaisir, clôt le roman, sur une dernière délicatesse...

Bref, je me suis fait du mal pour rien en voulant revisiter l'avis général sur cet auteur: c'est objectivement insane et, hélas, ce qu'il y aurait à sauver ne mérite pas de s'infliger tout le reste.

Bon, l'avantage c'est qu'avoir lu (en diagonale, quand même) cet ouvrage ne pourra m'amener qu'a l'indulgence pour tous les ouvrages de cette année...

* Et encore, d'adolescent pas net...
Dernière modification par Harfang2 le dim. févr. 23, 2025 12:18 pm, modifié 9 fois.
Plurima leges, pessima republica
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