legnou a écrit :
Hum... Voyons donc comment T. va s'en sortir avec ça...
LA SOLITUDE DU COLLECTIF 
Bon, d'accord.
Nous sommes vers 1975.
La SF française est ébranlée par l'apparition du "Collectif", un petit groupe qui refuse la convention bourgeoise de l'individualisation, et signe (collectivement) des romans comme
Cosmos communiste ou des recueils de nouvelles comme
Planète béton et
Mars napalm, sans parler d'articles critiques dans
Fiction sur des sujets comme "Jules Verne, pantin du capitalisme ou léniniste qui s'ignorait ?"
Ils sont tout à fait dans le ton de la SF française de l'époque, mais leur refus obstiné de participer au petit jeu des conventions les isole du reste du milieu. Des rumeurs, faisant d'eux des crypto-staliniens ou des néo-fascistes mal déguisés, ne tardent pas à circuler.
Un beau jour, le Collectif annonce, dans un communiqué, que "poursuivi par la haine des forces bourgeoises qui tiennent l'édition et les comités de rédaction", il met un terme à ses activités littéraires et se prépare à "engager de nouvelles actions".
Huit jours plus tard, Alain Fassollieux, rédacteur en chef d'un magazine de science-fiction qui avait qualifié les œuvres du Collectif de "masturbation gauchisante", disparaît dans sa voiture. Littéralement : on retrouve la voiture dans le fossé, sur une route de campagne. Ses vêtements sont en tas sur le siège du conducteur, comme s'il avait été désintégré.
D'autres disparitions impossibles suivent. Les circonstances varient, mais toutes frappent des auteurs ou éditeurs qui, soit sont restés fidèles à la SF "de papa", celle d'Asimov ou de Van Vogt, voire de Heinlein, soit ont exprimé des critiques sur le travail du Collectif. Ou pire, l'ont ignoré.
Les postes libérés par ces absents sont immédiatement occupés par des admirateurs du Collectif.
Les personnages sont, au choix et vous pouvez panacher, des flics/agents des RG qui enquêtent sur l'angle légal des disparitions ; des proches de l'un des disparus qui entreprennent une investigation parallèle ; ou des universitaires qui, ignorant les avertissements des mandarins de la littérature moisie, ont fait du Collectif leur sujet d'études.
Les premiers découvrent que le Collectif se compose de cinq personnes, installées dans un coin perdu de l'Auvergne : Jean-Pierre, Jean-Luc, Jean-Christophe, Jean-Louis et Gérard. Ils ont des papiers en règle, mais rien ne prouve leur existence avant juin 1968. A cette date, ils louent des fermes dans la région, achètent des machines à écrire, et commencent à produire les textes qui les rendront (modérément) célèbres.
Les seconds parviennent à dresser une liste de victimes potentielles, et peut-être, à être présent lors de la prochaine désintégration - s'agit-il de meurtres ou de kidnappings ?
Enfin, les universitaires, se livrant à un travail d'analyse sémiotique assisté par ordinateur (une machine à bande), découvrent que la prose trop parfaite du Collectif cache quelque chose, un sous-texte qui semble relié à des ouvrages occultes qui reposent dans l'Enfer de la Bibliothèque nationale.
Les trois groupes finissent par converger, avec la perspective d'affronter un Collectif qui, à ce stade, n'est bel et bien plus qu'une entité en cinq personnes, et qui, à l'aide des écrivains kidnappés, prépare une bombe sémantique. Ce texte, très court, est censé être bientôt diffusé sur l'antenne d'une radio pirate et changer ses auditeurs. Qui s'emploieront ensuite à le propager par tous les moyens, jusqu'à ce qu'il se retrouve à une heure de grande écoute sur la Première Chaîne. A ce moment-là, tout le monde fera partie du Collectif.
Voilà, voilà.
Des questions ?
T.