Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)
Publié : dim. déc. 01, 2024 6:56 pm
Forum avec de vrais morceaux de JDR dedans.
https://www.casus-no.net/
Harfang2 a écrit : ↑dim. déc. 01, 2024 7:48 amBelphégor a écrit : ↑sam. nov. 30, 2024 10:55 am J'ai vu que mon bouquiniste vendait à prix d'occaz des exemplaires de Game of Thrones en anglais, du coup je suis curieux, pour ceux qui ont lu la traduction **ET** la version originale est-ce qu'il y a une différence significative ou est-ce que çà reste très similaire ? Est-ce que vous pensez que la VO de Game of thrones vaut le coup d'être lue même après avoir lu la VF ?
Pour ma part, c'est justement, la qualité du premier traducteur, Jean Sola, qui a emporté mon adéhsion à la saga. La traduction change à partir du 13 volume français, ça s'est ressenti a mes yeux
Mais chacun ses gouts.
En parlant de qualité de traduction, je viens de finir:
La dame de Pique - Récits de feu Ivan Pétrovitch Bielkine, de Pouchkine, aux ed du Livre de poche, 1966
Sur la forme l'ouvrage est stylistiquement impeccable, et bien que je ne doute pas du talent de Pouchkine, la traduction d'André Gide ne doit pas y être pour rien.
Les nouvelles, globalement, oscillent entre un fantastique léger, un peu d'absurde et, surtout, une bonne dose d'observation de la société russe. On ne pourra que noter, en transversal, l'amour que cette même Russie avait alors pour une France qui lui semblait distingué... Sic transit gloria mundi.
Parmis ces nouvelles, deux sortent du lot, "La dame de pique" et "Le coup de pistolet"
Alors, oui, Pouchkine, contrairement a nombre d'auteurs du XIX est toujours des plus lisibles. Stylistiquement, et narrativement, c'est talentueux. Historiquement, on se plait même a voyager dans les moeurs et les paysages de cette Russie des Tsars, et, à l'arrivée on ne regrette pas d'y être passé.
Pour autant, certaines nouvelles ont des enjeux ou des troubles qui ne nous parlent plus guère, et je ne saurais le conseiller avec excès à tout le monde.
Il faut, je pense, être aujourd'hui amateur de littérature pour s'y plonger et ceux qui ont moins de temps pour lire où moins de gout pour l'Histoire ou la culture russe devraient s'éviter ce voyage qui ne mérite pas d'être arpenté par un lecteur ennuyé ou pressé, à ceux-ci je conseille éventuellement, de se restreindre aux deux nouvelles citées qui, je pense, ont gardé une universalité que les autres ont perdu.
Ma bien-aimée, mon abandonnée, ma perdue, je t'ai laissée là-bas au fond du monde, j'ai regagné ma chambre d'homme de la ville avec ses meubles familiers sur lesquels j'ai si souvent posé mes mains qui les aimaient, avec ses livres qui m'ont nourri, avec son vieux lit de merisier où a dormi mon enfance et où, cette nuit, j'ai cherché en vain le sommeil. Et tout ce décor qui m'a vu grandir, pousser, devenir moi, me parait aujourd'hui étranger, impossible. Ce monde qui n'est pas le tien est devenu un monde faux, dans lequel ma place n'a jamais existé.
C'est mon pays pourtant, je l'ai connu...
Il va falloir le reconnaître, réapprendre à y respirer, à y faire mon travail d'homme au milieu des hommes. En serai-je capable ?
Je suis arrivé hier soir par le jet australien. À l'aérogare de Paris-Nord, une meute de journalistes m'attendaient, avec leurs micros, leurs caméras, leurs questions innombrables. Que pouvais-je répondre ?
Ils te connaissaient tous, ils avaient tous vu sur leurs écrans la couleur de tes yeux, l'incroyable distance de ton regard, les formes bouleversantes de ton visage et de ton corps. Même ceux qui ne t'avaient vue qu'une fois n'avaient pu l'oublier. Je les sentais, derrière les réflexes de leur curiosité professionnelle, secrètement émus, déchirés, blessés... Mais peut-être était-ce ma propre peine que je projetais sur leurs visages, ma propre blessure qui saignait quand ils prononçaient ton nom...
J'ai regagné ma chambre. Je ne l'ai pas reconnue. La nuit a passé. Je n'ai pas dormi. Derrière le mur de verre, le ciel qui était noir devient blême. Les trente tours de la Défense se teintent de rose. La tour Eiffel et la tour Montparnasse enfoncent leurs pieds dans la brume. Le Sacré-Coeur a l'air d'une maquette en plâtre posée sur du coton. Sous cette brume empoisonnée par leurs fatigues d'hier, des millions d'hommes s'éveillent, déjà exténués d'aujourd'hui. Du côté de Courbevoie, une haute cheminée jette une fumée noire qui essaie de retenir la nuit. Sur la Seine, un remorqueur pousse son cri de monstre triste. Je frissonne. Jamais, jamais plus je n'aurai chaud dans mon sang et dans ma chair...
Harfang2 a écrit : ↑mar. déc. 03, 2024 6:38 pm Je n'ai jamais compris que ce livre "Les guerriers du silence" soit apprécié, tellement, je l'avais trouvé sans imagination et pas formidablement écrit non plus.
Pour autant, j'avais aimé Bordage, je me disais que, sans doute, je ratai quelque chose... et en fait, non. Toujours les mêmes thématiques, toujours les mêmes analyses... a part la trilogie 1793 où, là, seulement, j'ai eu l'impression qu'il sortait de sa zone de confort.
On peut faire de la SF sans aimer la science, sans aimer le progrès, sans imaginer que le progrès technique mène au Bien. Le XX° siècle, aux nuits illuminées de bombes, aux massacres perpétrés par la chimie et l'atome, offre des arguments pour tout, y compris le pessimisme quand aux effets de la science.D’abord, pour commencer, je suis épaté que l’on présente comme un père de la SF française quelqu’un qui déteste autant la science. C’est bien simple, les scientifiques sont tout sauf des gens intelligents. Sauf ceux qui renoncent aux avancées de la science. Ainsi, dans le rôle du méchant, nous avons Coban, le scientifique du Gondawa, ce pays très avancé technologiquement mais dans lequel les gens sont avant tout des numéros, avec une vie ordonnée par l’Ordinateur, qui va coupler les gens pour leur permettre de créer des couples. Cet individu va choisir l’une des plus belles femmes du Gondawa pour l’aider à faire renaitre leur civilisation après la destruction de leur monde. Il a la subtilité d’un bulldozer lancé dans un magasin de porcelaine. A cette approche peu flatteuse, s’ajoute celle de tous les scientifiques, sauf deux : Simon, le médecin qui refuse les machines de diagnostic et qui veut ausculter à l’ancienne ses patients et un ingénieur issu de la paysannerie qui est bien meilleur que tout le monde parce qu’il vient de la paysannerie, ce qui produit, nécessairement, les meilleures gens : « Le seul qui fut né à la campagne. Les autres, dans les villes, avaient grandi au milieu du provisoire, de l'éphémère, de ce qui se construit, brûle, s'écroule, change, se détruit. Lui, au voisinage des roches alpines, avait appris à compter grand et à envisager la durée. ». Considérer qu’une ville est éphémère, je trouve cela assez cocasse.
Mais, justement, Coban, c'est le méchant, celui qui brise les vies du couple formé par l'héroïne et son amant au nom de la survie de son peuple (et de sa propre concupiscence, un peu, quand même).Ainsi, dans le rôle du méchant, nous avons Coban, le scientifique du Gondawa, ce pays très avancé technologiquement mais dans lequel les gens sont avant tout des numéros, avec une vie ordonnée par l’Ordinateur, qui va coupler les gens pour leur permettre de créer des couples. Cet individu va choisir l’une des plus belles femmes du Gondawa pour l’aider à faire renaitre leur civilisation après la destruction de leur monde. Il a la subtilité d’un bulldozer lancé dans un magasin de porcelaine.
Qu'est-ce qu'une histoire d’amour shakespearienne ?mais qui n’ont pas tout à fait compris ce qu’est une histoire d’amour shakespearienne
Inigin a écrit : ↑mar. déc. 03, 2024 7:34 pm [
On peut faire de la SF sans aimer la science, sans aimer le progrès, sans imaginer que le progrès technique mène au Bien. Le XX° siècle, aux nuits illuminées de bombes, aux massacres perpétrés par la chimie et l'atome, offre des arguments pour tout, y compris le pessimisme quand aux effets de la science.
Et Barjavel, comme Céline, peut être u grand écrivain même quand on conspue ses idées. Typiquement, les extraits que tu cites sont remplis de lyrisme passionné. Ils illustrent aussi la méfiance devant l'éphémère, non des villes, mais des objets du quotidien, et au moment de la naissance du consumérisme de masse d'après-guerre, c'est intéressant de trouver dès 66 une critique de l'obsolescence programmée.
Nous avons besoin de la protection de murs capitonnés contre la folie de notre intelligence.
Mais, justement, Coban, c'est le méchant, celui qui brise les vies du couple formé par l'héroïne et son amant au nom de la survie de son peuple (et de sa propre concupiscence, un peu, quand même).
Qu'est-ce qu'une histoire d’amour shakespearienne ?
Chtulhu durant la Révolution Russe (et les quelques années suivantes, jusqu'en 1928) ... un truc que je rêve de faire depuis des années...