
La Bretagne est en danger. C'est grave.
photo Aurélien pour Durandal
À quoi voit-on qu'un démonstrateur a pexé, demandez-vous ? À la manière dont il gère son matos. Tout rôliste sait à quel point l'équipement est crucial. Quand tu te déplaces avec ta maison sur ton dos (je vais en conv en transports), chaque truc que tu portes et n'utilises pas t'encombre. C'est du volume pénible à gérer, et du poids aussi. Ouais, piéton que je suis, j'ai les mêmes problèmes de barda que toutes les armées du monde depuis au moins l'Antiquité. Passé une certaine limite, faut faire des choix.
Comme je viens en conv pour écouler du zine, j'ai envie de me déplacer avec un maximum de stock. Or un numéro de Sombre pèse 110 gr. Un kilo de matos en plus ou en moins, c'est neuf zines que je laisse chez moi ou peux mettre dans mon sac. Pas négligeable. Depuis longtemps, j'ai pris l'habitude de me renseigner sur la météo avant chaque conv pour savoir comment m'habiller, et ainsi éviter de trimbaler des fringues inutiles.
Pour le Festival du Jeu de Stratégie (FJS), on prévoit du grand beau, mais vu qu'on est au début du printemps, les températures restent raisonnables. Le jeune moi ne serait parti qu'avec un pantalon. C'est plus présentable derrière ma table. Les démos en slip, je ne recommande pas. Et puisque je porte mon futal sur moi, il ne me bouffe pas de place dans mes sacs. Smart move, hein. En fait, pas tant que ça.
Le vieux moi a appris que la température annoncée par la météo n'est qu'un indicateur approximatif de celle qu'il fera vraiment à ma table. La météo te cause outdoor, mais moi, je mène presque toujours indoor. Heureusement d'ailleurs parce que dès qu'il y a ne serait-ce qu'un peu de vent, mes aides de jeu en papier s'envolent. Pénible au possible. Mais à l'intérieur, tout un tas de paramètres thermiques entrent en ligne de compte, à commencer par la qualité de l'isolation, dont je ne sais strictement rien avant d'entrer pour la première fois dans le lieu choisi pour l'event.
En l'occurrence, le FJS se déroule dans une ancienne ferme. L'endroit est très joli et sa rénovation plaisamment fonctionnelle. On m'a casé dans un coin de la plus grande pièce (une ancienne grange ?), qui peut être aménagée en salle de spectacle. Les murs sont bien épais, des moellons assemblés par mortier (on le voit sur la photo), et ça, en général, ça annonce du frais. Sauf que le toit a été entièrement refait et, c'est là que le bât blesse, pas des masses isolé.
Résultat, dehors y'a du soleil et du vent. Agréable. Dedans par contre, sans la brise et par effet de serre, on prend facile cinq à six degrés. Ce n'en est pas au point de virer tropical parce qu'on n'est qu'en avril. Quand même, chaud patate. Dans ces conditions, le pantalon est inconfortable. En un quart d'heure de démo, tu sues déjà comme un porc. Pas cool. Quand je bosse, j'ai besoin d'un minimum de confort. Il faut que je sois bien dans mon corps pour être bien dans ma tête, et ainsi disponible pour les joueurs. Le slip n'étant toujours pas une option, comment faire ?
Je sors mon long short de mon sac et vais me changer aux toilettes. Hééé ouais, c'est ça le pexage. Prendre le (petit) risque de se charger d'une fringue supplémentaire parce que s'il fait un peu chaud, c'est du confort. Et quand même venir en pantalon car en début de printemps, les soirées restent fraîches. Dimanche, rincé après deux jours de démos, j'étais hyper content de pouvoir me le remettre sur le cul pour rentrer chez moi. Tout ça pour dire que j'ai mené deux jours en long short. Breaking news.
Dis donc Johan, tu n'as rien d'autre à nous raconter que la vie de ta garde-robe ? Il ne s'est rien passé d'intéressant à ta table ce week-end ? Si bien sûr, j'y viens. Déjà, ce fut très cool. Je suis arrivé assez fatigué parce que cela fait un bon mois que je suis sérieusement monté en puissance sur le prochain numéro de Sombre. Le FJS est ma première conv de l'année. L'articulation écriture / démos est toujours délicate, surtout quand je prends du retard sur l'écriture. La faute à un cycle de playtests qui a duré plus longtemps que je ne l'avais prévu. À côté de ça, j'avais de l'envie (pas de conv depuis novembre, ça fait long) et l'orga était nickel, donc tout s'est super bien passé.
L'association Durandal, qui m'a invité, est remplie de gars tous plus sympathiques les uns que les autres. Il y a des rôlistes et d'autres qui poussent de la fig dans des décors en résine. Ils sont accueillants et très efficaces. Un bonheur. Ils m'avaient alloué un stand de deux tables, je n'en ai conservé qu'une pour mener plus à mon aise. Michel, mon voisin, poussait de la fig avec un système et des décors maison. De temps en temps, il sonorisait ses combats à grand coup de cloches de village, une manière de Hells Bells sans les frères Young. Heureusement, ce n'était jamais trop fort ni trop long. Il y avait du brouhaha (cette grande salle est sonore), mais point trop. J'ai donc enchaîné les démos dans des conditions très correctes.
Bien aidé par les durandalais, dont un bon nombre a tenté une démo de Sombre, je n'ai pas galéré à remplir ma table. Il n'y avait pas de gros flux, mais assez pour asseoir plus d'une cinquantaine de personnes en deux jours. Résultat, cinq parties le samedi, six le dimanche. J'aurais pu pousser à sept, mais avais tout donné sur la sixième. J'ai préféré m'abstenir plutôt que de me ramasser. À la place, j'ai tapé la discute avec une élue soucieuse de la valorisation culturelle de son territoire. En français d'en bas, une conseillère municipale qui a voté pour le soutien au FJS. Une brave dame.
Je pense que la météo a joué contre la conv. Il m'est déjà arrivé de participer à des events qui, par pure déveine, se sont déroulés le premier beau week-end de l'année, et la fréquentation fut à chaque fois en dessous de ce qui était espéré. L'idéal est le demi beau. Suffisamment de soleil pour que les gens veuillent sortir de chez eux, pas assez pour qu'ils préfèrent rester dehors. Là, je crois qu'un certain nombre a préféré la forêt (le 77, c'est la campagne. T'as plus d'arbres que de gens) aux jeux de stratégie. Faute de goût, dont on ne peut guère les blâmer.
Allez, des anecdotes. Convention municipale = public local et familial. Écrasante majorité de novices, beaucoup de gamins. En conséquence, dix Camlann. En arrivant samedi, j'ai attaqué par un Overlord car il n'y avait pas de visiteurs. La table de durandalais pour laquelle j'ai mené était constituée de rôlistes. Ensuite, deux tunnels de Camlann. En petites foulées, s'il vous plize. Je gagne la moitié des parties, et me fais tôler sévère à deux reprises. Trois survivants, rude même à 5 joueurs. Dans une autre partie, ce fut l'inverse. J'ai nettoyé la table en un Tour. Trois instakills consécutifs, folie furieuse. Trois 3 en trois jets. L'hallu.
Dimanche, je suis en pause entre deux parties. Un petit bonhomme rigolo s'approche de ma table. Sept ans. Il est tout seul, déambulant en mode YOLO. Son oncle, qui le chaperonne, est en train de pousser de la fig sur un stand voisin, et en a encore visiblement pour un petit moment. Un peu timide, le gamin me murmure « Je veux jouer avec toi » et sort un d6 promotionnel, un goodie frappé du logo Durandal sur la face 6. On se lance dans une bataille de dés. Le môme m'explique les règles. Le système est simple vraiment simple, comme j'aime. On lance chacun notre tour, le résultat le plus élevé gagne. Huit parties de suite. Trop bien ce jeu ! On ne s'en lasse pas. Hâte de voir ce que va donner l'adaptation ciné. J'espère qu'il y aura Jack Black dedans. Arrive un durandalais, auquel je demande de garder mon stand une minute tandis que je fais un aller et retour aux toilettes. Quand je reviens, le jeu en est déjà à sa seconde édition. Le durandalais ayant sorti son propre dé promo, la victoire se joue désormais sur 2d6. Boy, that escaladed quickly. Peu après, je monte une table avec le gamin, le durandalais et deux autres joueurs. Un Camlann trèèès sympa.
Les mercis
+ Merci aux bénévoles de l'association Durandal. Votre amabilité m'a ravi, votre curiosité sincère à l'endroit de mon jeu m'a fait super plaisir.
+ Merci en particulier à Clément pour l'aimable invitation, ainsi que l'orga avant et pendant.
+ Merci à Jonathan pour les véhiculages gracieux.
+ Merci à Ianis pour le recrutement efficace.
Mon body count
11 parties, 53 joueurs, 52 personnages, 41 morts