Macbesse a écrit :Lotus d'or, fleurs pourpres
San Francisco 1850.
Nous sommes en 1850, à San Francisco durant la durant la ruée vers l'or (1848 - 1856). Les PJs sont venus attités par l'or et l'aventure, ils errent dans les tripots de la ville où s'entassent quelques 25000 migrants (à 90% des hommes) venus pour exactement les mêmes raisons qu'eux.
Au menu: saoulôgraphie, beuveries, bagarres, jeux, prostitution et règlements de comptes...
Brusquement, un homme, un Chinois terrifié les percute! Il a de bonnes raisons, car il est poursuivi par un groupe d'autres Chinois. Et n'allez pas croire qu'un Chinois soit toujours tout petit, humble et poli; ces Chinois-là sont grands, baraqués, du genre pathibulaire (mais presque!) et exhibant une suberbe collection d'armes aussi exotiques qu'acérées ("Lao Tseu a dit...").
Comme nos nervis s'apprêtent a asséner le "supplice des 1001 rondelles de Canton" au pauvre Chinois poursuivi, il est temps de préciser aux PJs que celui-ci est RICHEMENT habillé et eux sans le sou. Ça devrait stimuler leur civisme...
Expliquez aux PJs que pour des Européens du 19ième siècle, il existe deux catégories de Chinois: les gentils Chinois qui sont riches et qui ont besoin de protection et les méchants Chinois qui veulent tuer, justement, les gentils Chinois qui sont riches et qui ont besoin de protection...
Bref! Une fois le problème des Méchants Chinois réglé de la façon idoine, le Gentil Chinois se présente sous le nom de "Weng Li" les remercie avec des tas de formules de politesse chinoise et leur propose de rester un Gentil Chinois en payant les PJs pour assurer sa protection contre les Méchants Chinois. Comme il paye très bien, les PJs devraient être ravis de travailler pour Très Gentil Chinois...
Bon...
M. Weng Li, donc, est "homme d'affaires" qui fait dans l'import-export de femmes pour alimenter son établissement le "Lotus d'or", activité florissante dans une ville à 90% mâle... Les PJs peuvent être scandalisés, mais M. Weng Li n'importe que des femmes chinoises, alors ce n’est pas grave.
M. Weng Li a des affaires prospères qui font envie à un M. Tchou-Keng qui contrôle l'essentiel du même business d'import-export que M. Weng Li, mais M. Tchou-Keng est un Méchant Chinois car il ne paye pas les PJs...
En outre, M. Tchou-Keng contrôle une "Tong" qui n'est pas une chaussure chinoise, mais une société secrète (en gros des cultistes du crime) la Tong des "3 cercles". C'est donc une grosse pointure...
Evidemment, M. Weng Li possède aussi sa Tong, la Tong du Lotus d'or (hé!), mais c'est encore une petite Tong : seulement du 36 (membres). Pour M. Weng Li, les PJs sont de bonnes recrues, assez étrangers (comme lui), mais Blancs dans un pays de Blancs, c'est un bon compromis...
La Vérité.
Les PJs ont mis la main dans un sacré sac de nœuds. M. Weng Li est bien ce qu'il dit être, mais il travaille aussi pour le service secret de l'Empire chinois avec pour mission de surveiller M. Tchou-Keng.
M. Tchou-Keng est, en effet, un mystique fou sanguinaire adepte d'une doctrine qui fleurit en Chine: Bai Shangdi Hui, la "Société des adorateurs de Dieu" connue aussi comme ceux du "Taiping"...
La figure emblématique du Taiping est "Hong Xiuquan" un fou furieux qui se prend pour la réincarnation de Jésus et va plonger la Chine entière dans une des pires guerres civiles de son histoire...
La Mission de M. Tchou-Keng est simple: acheter des armes pour le compte des Rebelles du Taiping.
La mission de M. Weng Li est simple: l'en empêcher. Par tous les moyens.
Enter the Pinkerton.
Les PJs se font accoster par un M. Allan Barnes qui travaille pour la, tout juste créée, Agence Pinkerton. Pinkerton a été recruté par un
"groupe d’industriels et de financiers de la Côte Est" qui souhaite s'implanter sur le très fermé marché chinois. La nature des marchandises importe peu, des casseroles ? Des fusils ? Peu importe. Seul compte la sacro-sainte "liberté du commerce"...
Ce "groupe d’industriels et de financiers de la Côte Est", très chrétien, voit d'un bon œil une "christianisation" de la Chine et est disposé à vendre des armes à M. Tchou-Keng (M. Samuel Colt fabrique déjà ses excellent revolvers). M. Allan Barnes est chargé d'assurer que rien ne viendra entraver l'opération...
Et maintenant ? Que vont faire les PJs ? Objectivement, m. Weng Li est dans son droit, il veut empêcher que l'on arme des fous furieux qui mettront son pays à feu et à sang.
Mais il est Chinois, et tout le monde, déjà, redoute le "Péril Jaune", il y a déjà "trop de Chinois" à San Francisco, comme le hurle la presse à longueur de manchettes. Alors une Chine affaiblie en proie aux affres de la guerre civile, quelle aubaine! C'est du moins ce que leur expliquera M. Allan Barnes, ajoutant que "le devoir de chrétien" est de lui apporter leur aide... etc. ad nauseam.
Et puis, M. Tchou-Keng dispose de gros moyens, y compris financiers grâce au "groupe d’industriels et de financiers de la Côte Est", et M. Tchou-Keng peut devenir un Gentil Chinois s'il paye mieux, n'est-ce pas ?
En fait, les PJs ne pourront pas faire grand-chose : la révolte du Tai Ping aura lieu quoi qu'il arrive, mais s'ils font échouer les manœuvres de M. Tchou-Keng, ce sera autant d'armes en moins en Chine, et autant de morts évités ce qui est toujours bon à prendre. Par ailleurs ils limiteront le pouvoir de nuisance d'un groupe d'industriels rapaces pour lesquels une vie (chinoise ou autre) vaut moins que leurs dividendes et qui n'hésiteront jamais à recourir aux pires méthodes pour arriver à leurs fins...
C’est bon d’être un héros, des fois…
Ambiance: Quelque part entre "The Lone Ranger" (le film) et "Il était une fois en Chine". Suspense, Mystère, Mysticismes, Baston & Fusillades, Revolvers & Art martiaux, les ruelles glauques de Chinatown laissent la place aux salons huppé du Maire de San Francisco ou du gouverneur de la Californie (tous deux dans la poche du fameux "groupe d’industriels et de financiers de la Côte Est"), à un temple Taoïste dans un hangar sur les docks… usez et abusez des stéréotypes des Western et des films d’Art martiaux.