
METRO 2033
Dmitri Glukhovsky
Il y a eu une guerre nucléaire. Les gens se sont réfugiés dans le métro à Moscou et ne savent pas ce qui se passe à la surface, parce que c’est dangereux, la surface : il y a des tas de trucs dangereux, qui tuent les gens, des radiations aux créatures de cauchemar nées des radiations. Alors, les hommes se sont regroupés par station. Ils y vivent, selon les règles desdites stations, avec toutefois deux ligues, l’une communiste et l’autre marchande à l’extrême. Au milieu, il y a des nazis qui ne comprennent pas trop ce que c’est que d’être nazi, mais qui le sont. Alors, nécessairement, ils sont les ennemis des communistes. Et puis, dans le métro, il y a des poules, des cochons et des champignons pour que les gens survivent. Il y a, des fois, de l’électricité, grâce à des groupes électrogènes alimentés par de l’essence que l’on trouve en surface. Quand il n’y en a pas, il y a des feux de bois qui n’étouffent pas les gens parce que la circulation d’air du métro moscovite est excellente même sans électricité, allumés grâce à du bois que les gens trouvent… Bin, que les gens trouvent. Et il y a des mythes, sur ce qu’était le monde, avant. Et des livres, que l’on a pu récupérer à la surface et qui sont importants. Et puis, il y a de la magie qui permet à certains d’entrevoir le futur ou d’entendre des voix dans sa tête. Il y a même des groupes religieux, des sectes qui prient le train, d’autres qui veulent creuser la terre jusqu’aux enfers, des témoins de Jéhovah qui sont visiblement la version religieuse des cafards et, enfin, une qui croit que, quelque part dans la Grande bibliothèque de Moscou, il y a un livre qui contient Toute la Vérité. La vie des hommes ? Elle se limite à entreprendre des voyages dans les tunnels du métro grâce à leurs lampes de poche pour lesquelles ils n’ont visiblement aucune difficulté à trouver des piles et des ampoules, au cours desquels ils risquent leur vie, de protéger leurs stations contre les autres habitants du métro ou les monstres de la surface ou encore à faire pousser des cochons, des champignons et à les cuisiner. Personne n’a le scorbut, parce que les moscovites, ils mangent le scorbut tous les jours au petit déjeuner. Bon, maintenant que la toile de fond est posée, il faut parler de l’histoire. Un benêt qui a survécu à une attaque de rats innombrables (oui, oui) est convaincu qu’il a une grande mission dans sa vie : il doit porter un message à l’autre bout du métro pour un espèce de surhomme surgi de nulle part. Bien évidemment, c’est à travers lui que l’on va découvrir tout ce que j’ai écris au-dessus sur le métro, et plus encore. Il est question de missiles, d’une étoile flamboyante qui hypnotise ceux qui la regarde, de grands complots cachés, de cannibalisme, de mystères mystérieux, de gens qui meurent, d’enfants sacrifiés, de rédemption de l’humanité ou de sa déchéance totale.
Heureusement, la fin apporte une pirouette qui rend l’ensemble moins pathétique, moins creux. Mais l’espèce d’auberge espagnole qui fait de Fallout un documentaire sérieux ne m’a pas le moins du monde convaincu. J’ai écouté le livre et, poussé par d’autres qui ont apprécié, je l’ai continué. Comme je l’ai écouté, j’ai pu m’ennuyer à loisir avec le tempo mou des aventures d’un personnage inintéressant, qui ne rencontre que des archétypes et qui doit avoir un lien de parenté avec Anakin Skywalker. Si j’avais lu ce livre, je l’aurais posé sans aucun remords, à coté de mon exemplaire des Piliers de la terre, dans la série des livres qui ont eu beaucoup de succès, sans que je ne comprenne pourquoi. Bref, j’ai trouvé cela très artificiel, creux, long, ennuyeux et pas entièrement sauvé par une fin artificielle qui a tente de sauver maladroitement les meubles.