[CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Critiques de Jeu, Comptes rendus et retour d'expérience
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Pikathulhu
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Re: [CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Message par Pikathulhu »

LE PROJECTIONNISTE

Une quête sombre et organique pour retrouver un stabilisateur conduit à des découvertes horrifiques et à une transformation inattendue. Un récit de partie par Claude Féry.

Temps de lecture : 4 mn

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(image par Dall.e) 

Toutes les photos suivantes sont de Claude Féry (par courtoisie).


Joué le : 24/07/2020

Le jeu : Écheveuille, un jeu de rôle tout en un pour s’égarer dans l’infini des forêts de Millevaux en solitaire comme à plusieurs.

Voir aussi : le carnet de PNJ réalisé par Claude et utilisé dans cette session


L'histoire :

(partie du 24/07/20) Une scène, deux rencontres un remède, une perdition

Nous avons joué avec Xavier et Alex  une seule instance puisée à notre carnet d'Echeveuille.

J'étais Moww, La Taupe, altéré par l'expérience vécue auprès de E Li Nanh dans l'atelier de Iurii Stepanov, (page 24).

Alex était mon fléau, le projectioniste, (H, page 23). 

Xavier était khûykhey, le furet, (page 40).

Gabrielle était Wagner.

Image
Claude est Moww

E Li Nanh nous a missionné, moi-même, Moww, et Wagner pour récupérer un stabilisateur pour notre machine molle.
khûykhey est notre guide dans le territoire hostile où nous supposons pouvoir ferrailler ce que nous cherchons.

Le tunnel s'enfonce profondément dans la terre.
La pente s'accentue et bientôt nous nous trouvons confrontés à cette gluante matière noire.
Je n'ai guère à perdre et toujours en tête le douloureux souvenir de Rayon de Soleil, son corps atrocement momifié qui git sur une paillasse de la maison de l'Enracinée.
Je surmonte donc ma répugnance, et j'en ai vite jusqu'aux genoux.

C'est froid, visqueux.

Je ne suis guère rassuré mais tente de ne rien laisser paraître.

J'ordonne au freluquet qui est sensé nous guider de me rejoindre.

Nous enfonçons toujours plus avant et les ténèbreux et labyrinthiques couloirs achèvent de dissiper en nous toute notion de l'écoulement du temps.

Le liquide noir poisse tous nos vêtements.  Seules quelques maigres bougies placées en hauteur nous permettent de discerner vaguement où nous allons.

Enfin nous avisons un train abandonné et sa rame de voitures.

Wagner explore la motrice en vain, à la recherche du stabilisateur.

Avec le gamin, je parcours les voitures.

Je laisse mes mains courir sur les têtières dépenaillées.
Les souvenirs traversent ma rétine telles des météores. Je glisse ma main le long des accoudoirs, pour qu'affluent à mes oreilles les trépidations du voyage.


Image
Alex est le projectioniste fleau H


Enfin je fouille les valises, délicatement pour ma part tandis que le môme barbotte une montre et d'autres babioles, je m'empare d'un carnet, un antique carnet du temps d'avant d'un cabaliste dénommé Norman.
Il s'intéressait à la lumière noire et tentait de redonner vie à son épouse catatonique au moyen d'un masque. 
J'invite aussitôt Wagner à lire plus avant nanti de ses solides connaissances.
Mais déjà, pour moi, c'est évident que la providence nous a placé sur les traces de  ce masque.

Je m'emploie donc à le chercher sans plus de considérations pour le stabilisateur.

Dehors quelqu'un ébranle le liquide visqueux.

Dans notre progression j'avais noté la présence de placards techniques disposés régulièrement sur les côtés.
J'ai laissé graduellement le passé affluer en moi, pour saisir le lieu, le vivre, au risque de m'y diluer...

Je suis dans un placard fermé. L'huisserie est toute proche. Je devine dans la pénombre le bouton de porte. Dans mes oreilles retentissent encore les moqueries de mes camarades... Le noir... La peur. Et derrière moi au-dessus de mon épaule gauche, pendue dans l'angle mort du plafond se tient cette chose molle et rose qui m'épie...
Une lueur et les bruits de succion de l'avide matière noire me plonge dans ce présent.

Derrière la porte de vive lueurs trouent la ténèbre.
De délicieux dessins animés de jadis sont projettés à la surface.

Je m'émerveille. Rayon de Soleil serait ravie de regarder cela, mais...

Puis une silhouette casquée projette ces merveilles


Image
Gabrielle est Wagner


Je patauge jusqu'à elle, la salue, me présente et elle me repousse d'une poigne ferme gluante de matière noire.

Alors je me sauve.
Elle s'éloigne et je me réfugie dans un placard.

Je racle le mur, effrite le ciment et extirpe une tige métallique rouillée. Je la plie, l'arrache, puis l'enfonce dans mon bras gauche jusqu'au sang. J'arrache une racine folle, du lichen. Puis je mêle le sang de la souffrance à la puissance défunte des hommes et à la vigueur de la forêt qui avance.

Wagner expulse le vaurien du train. Ce dernier se réfugie dans le  placard technique le plus proche. 
Il pête de trouille.

Une créature massive surgit qui arrache la tête du projectionniste et repart avec son corps, pareille à un fétu de paille, sous le bras et s'éloigne dans les profondeurs de la terre.

Dans le placard où s'est réfugié khûykhey, parmi des monceaux de films se trouve un masque de pierre.

Je récupère prudemment le projecteur.
J'ordonne au môme de collecter les films.
Puis après une intense réflexion, je me résous à lui confier le masque.

Tandis qu'ils remontent vers la surface je plonge dans les ténèbres à la poursuite de la créature.

Je me fie à ma seule ouïe, mais si je m'approche, toujours elle se dérobe.
Puis je me fie à ma vue, me faisant sourd, jouant du froid.
Sans plus de succès je renonce et remonte rejoindre les autres.

Sur la berge, je prie, puis lave le masque et le lustre. 

Silencieux, je frappe à la porte de la maison de l'Enracinée. 


Dans la chambre, je pose le masque sur le visage de momie.

Je prie et en prière lui donne la main au bord de la rignière.

Enfin, fraiche et innocente elle me serre dans ses bras.


Image
Xavier est le furet


Thomas :

Merci beaucoup pour ce très long retour ! J’aime beaucoup l’ambiance de cette partie centrée sur l’horreur organique et sur l’oubli.

merci !
Est-ce que vous avez arrêté d'enregistrer les parties (ce qui serait OK, bien sûr) ou est-ce que tu es en phase de dérushage ?
J'avais trois parties de retard à écouter, j'en ai écouté deux (je dois poster les commentaires quand j'aurai le temps) et encore une à écouter
L'été n'est pas pour moi la saison la plus propice pour le jeu de rôle, et je dois surtout me concentrer sur Dusk River


Claude :

Nous avons enregistré toute cette série de parties mais je n'ai pas encore encore commencé le montage. Nous jouerons cet après-midi et demain et je reprendrai mon activité de montage en même temps que le travail lundi.

La campagne sera interrompue en août, pendant les vacances en famille d'Alexa, mais nous jouerons.
J'ai un playtest de Damnatio dans les tuyaux et une tentative première de Pariah et 17th Century Minimalist
Gabrielle a proposé à Alex de faire du GN (Les Sentes).
Reste à obtenir le consentement parental...

Pour revenir sur la session d'hier, Le Projectioniste, j'ai joué mon instance de personnage dans une perspective OSR très proche de celle de Valentin T dans les playtests de Cimetière de kF ?
Je l'ai joué sans retenue et j'ai beaucoup apprécié.
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Pikathulhu
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Message par Pikathulhu »

CORVEUS AROGH

Quand le chasseur et le chassé, la terre et le ciel se confondent. Un solo textuel par Gyef.

temps de lecture : 9 mn


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Illustration par Gyef, libre de droits


Joué du 10 au 12/03/2022, puis le 25/04/22 et le 8-9/05/22

Le jeu : Bois-Saule, jeu de rôle solo pour vagabonder dans les ténèbres sauvages de Millevaux


L'histoire :

*
Longtemps j'ai volé, Corveus Arhog, solitaire et hautain. Ombre noire au-dessus de vos vies, couvant vos peurs de l'ombre de mes ailes. Mais aujourd'hui la mienne s'éteint, et je rejoins les miens.

Le crépuscule s'avance, et déroule déjà sa morne grisaille entre les troncs sombres, que seules des loques de brume habillent de leurs doigts spectraux et glacés. J'aperçois les ruines qui vont m'accueillir, et où drapé dans mes plumes je vais songer durant la longue nuit à ma longue vie.

Je sais que le manque m'empêchera de succomber au sommeil, et que cela aussi m'épuise et m'achève.

Cet oubli, que je sens en moi, ne peut ainsi me dévorer sans avoir un sens que je dois comprendre. Et si je ne peux seul, alors je dois retourner à la spirale du Bois de Saule, et transmettre la quête.


*
Le jour ne s'est pas levé.

Est-ce déjà la longue nuit qui commence? La faim me creuse, ai-je oublié de manger aussi ? Était-ce mon dernier jour, et ici mon dernier souffle se reposera-t-il à jamais?

Je guette l'aube en moi, mais seul le silence mort me répond.

*
Du bruit enfin, et si la nuit est encore là, Dame brune qui chante le sommeil « d'avant pour toujours », elle semble moins noire, et plus veloutée d'ombres.

Un bruit encore, des branches qui se brisent en infimes craquements, quelque chose avance au sol. Proie, j'ai si faim? Non, trop lourd malgré ses précautions.
Prédateur? S'il est au sol... Mais s'il vient à grimper?

Il me faut le jour pour voler, et le pouvoir de l'oiseau-éclipse dépend du soleil, dont je suis, nous sommes, les gouttes de nuit, messagers de la longue Dame Brune.

*
Nuit brune s'étire, s'allonge et peu à peu se désagrège, brouillée par les ombres encore blafardes qui précèdent le jour.
L'humain, car tu l'as entendu jurer à mi-voix, s'est installé à l'abri des ruines, qui surplombe même les arbres, malgré leur hauteur impossible et malsaine.

Lorsque le ciel de nuit s'estompe comme un lavis trop délavé, tu peux apercevoir l'homme qui campe plus ou moins. Il allume un feu maintenant que la nuit ne le signalera pas. Il sait, se souvient, de toutes les créatures qui, attirées par les flammes et ceux qui les ont fait naître, sont venus se repaître des malheureux qui comptaient sur sa protection.

Il porte des vêtements larges et sales, et tu vois des pièges et du matériel posé près de sa grosse besace.

FAIM !

Et l'homme mange. Faim ! Et le soleil, blafard, apparaît.

L'Oiseau-Eclipse, s'élance avec un croassement de prédicateur de fin du monde, et plonge, tourbillon de vent noir.

Le chasseur lève la tête et c'est la nuit de sa conscience.

*

Corveus est à l'intérieur, et enfin il peut se nourrir, malgré la vermine qui migre de l'homme à l'oiseau-goule.

Se nourrir est vital, et pendant qu'il mâche avec le corps de l'homme le morceau de carcasse, les souvenirs du chasseur passent en lui. Il dévore sans pouvoir s'arrêter, le corps possédé continue hors de sa volonté.

Et Corveus voit la proie avant que l'homme ne l'ait achevée dans le collet. Il voit les plumes blanches, dépecée la chair devenue rouge, carbonisée, noircie au feu.
Il mange avec les dents de l'homme, la Corax Blanche, l'unique, la bien aimée de tous, la messagère du Soleil.
Il veut s'enfuir, quitter ce corps d'emprunt, sortir de ce cauchemar d'horreur indicible. Il sait maintenant quel souvenir il fuit, et recherche tout à la fois dans son ignorance mnésique.

Le lien se dissout, le chasseur épouvanté, l'œil sanglant s'enfuit, titubant, à moitié aveuglé. Ses pas trébuchent, les ronces l'agrippent, décuplant sa frayeur et le menant vers le marais si proche maintenant.

Le Corbeau messager s'envole dans la forêt devenue folle. Les mousses et les feuilles se teintent de noir en une hideuse parodie, alors que les loups sont pendus et le chasseur chassé.

Vengeance, chasser l'homme comme un mulot géant, vengeance, la conscience revient, mais le souvenir traumatique lui s'efface à nouveau.

Et la forêt, toujours plus noire les observe, l'oiseau-chamane et son chasseur. L'oiseau de colère et sa proie, jours après nuits.
*

Nulle part est le cauchemar qui gît au fond de celui qui le fuit, et partout.

Le silence revient lentement, tandis que la tourbe des marais absorbe avec douceur tout ce qui coure, rampe, et se meut au sol, engluant les bruits peu à peu.

Entre chien et loup, alors que le vent porte l'oubli et que la forêt se fait noire mémoire, chacun cherche pitance, réconfort, ou seulement à survivre encore un jour.

.

*


Les jours se suivent, blafards sur ciel crayeux, avec la forêt toujours plus noire, et les nuits à l'unisson, ou le contraire. L'une déteignant sur l'autre, dégoulinant de végétal noir, dévorant la moindre lueur, la plus petite nuance de couleur.

Mais Corveus connaît bien le chemin. Ce souvenir est là, inaltérable, inscrit dans ses gènes. Il délaisse au passage les sentes où les empreintes indiquent encore de la vie. Renards, belettes, chacun essaie de survivre sur ce nouveau territoire qui n'a rien de vierge et tout du monstrueux.

Arogh le chasseur est toujours là lui aussi, ou bien une rémanence échappée au marais, peut-être en suivant Corveus.

Celui-ci l'a-t-il guidé pour avoir une proie à investir, oublieux de ce que l'autre est, ou bien le chasseur cherche-t-il la vengeance, son œil crevé lui gardant intact ce bout de mémoire?

Corveus-Arogh avancent tout les deux liés par le destin, et Bois-Saule sera leur destination, pour le salut de l'un et la perte de l'autre.
Mais si bien intriquées sont maintenant leurs âmes qu'ils ne peuvent plus que partager la même fin.



Commentaires de Thomas :

A. « et si la nuit est encore là, Dame brune qui chante le sommeil "d'avant pour toujours" »

J'aime bien la périphrase employée pour désigner la nuit brune.

B. C'est intéressant que le Corax absorbe les souvenirs du campeur en mangeant sa chair. Je ne crois pas que ça soit inscrit quelque part dans Bois-Saule (ou peut-être dans l'entrée de l'Almanach que tu aurais utilisée ce jour-là), ça doit être écrit à divers endroits dans le lore de Millevaux. Donc c'est très sympa que tu l'exploites, surtout avec la révélation en bout de chemin.


Gyef :

B. En fait le Corax est pour moi un Corbeau-goule. Il absorbe les souvenirs du chasseur quand il l'investit. Or l'horreur vient du fait qu'il possède le corps du chasseur pour profiter du repas de celui-ci, et qu'il découvre seulement alors ce qu'est le repas. Mais le Corax ne mange pas le chasseur. Il faudrait que je rende cela plus clair dans la suite. Merci de m'avoir signalé cela, quoique la libre interprétation de l'histoire qu'induit mon style peut être sympa aussi.

En fait je me sers des entrées mais j'interprète énormément et heureusement car je ne connais que très peu de choses sur la lore de Millevaux.

J'utilise vraiment le JDR solo comme booster de créativité, et non pas comme un rôliste normal. Mais je suis aussi un MJ quasi freeformer par ailleurs, et extrêmement permissif pour mes joueurs et leur créa.

Donc si c'est écrit quelque part c'est super, cela veut dire qu'on a une affinité de pensée dans la création et l'univers.

C. P. S. Peut-être devrais-tu, et devrais-je dans le salon aussi, mettre une note pour signaler que mes écrits ne sont pas forcément canons par rapport au lore aussi, histoire que les lecteurs ne se mélangent pas trop, non ?
Thomas Munier — Aujourd’hui à 11:30
A. Entendu !


Thomas :

C. Ah oui y'a aucun pb que tu interprètes le lore de Millevaux à ta sauce ! C'est fait pour être joué sans connaissance poussée de l'univers et en se l'appropriant



Suite de l'histoire :


25 de Péril

Le temps succédait au temps, des jours noirs comme des nuits, le violet des forêts apparaissant sur fond noir, l'encre nocturne coulant partout, dégoulinant des branches ployantes.

Il marchait depuis si longtemps entre les troncs et les branches que ses bras et ses jambes étaient devenus de bois noueux, tordus par le temps et les intempéries. Les nuits blotti dans des trous, les jours s'agrippant à l'impossible traversée de la forêt de ténèbres, où le sol spongieux ne recevait jamais un véritable rayon de lumière.
Arogh, chasseur errant, ne voyait rien autour de lui. Il sentait d'instinct son univers, faisant partie de ce tout où vie et mort, putréfaction et germination, s'enlaçaient insidieusement, irréductiblement liés, intimement mêlés en une transe morbide, érotique comme une danse macabre.

Le matin arrivait lorsqu'il avait enfin osé faire un feu à l'ombre des ruines des tours de Notre-Dame du monde perdu. Les pierres sombres commençaient à se découper sur un ciel encore hésitant. Il avait posé son barda, ramassis de rebuts recyclés pour servir d'armes, de pièges, griffes et crocs en prothèses pour une survie coûte que coûte.

Il commençait à mordre la chair coriace qui avait cuit la veille. Pas meilleur aujourd'hui, mais qu'importe, ce carburant carnivore donnerait, à son corps défendant, de quoi sustenter le sien. Dévorer la vie pour ne pas être dévoré par l'humus, où les vers attendent leur proie avec leur patience immémoriale.

***

Un battement d'aile, grives ou faucon, buse ou perdrix, qu'importe proie ou prédateur, le chasseur les consommera s'il parvient à les piéger.

Deux battements d'ailes, et un cri lugubre, sarcastique à faire frémir l'âme de mécréant du vagabond revenu de tout.

Troisième battement d'ailes, éclairs noirs, draperies coupantes comme des rasoirs, gifle de ténèbres, et sa conscience bascule.

Son corps continue de déchiqueter, et de mâcher, mais son esprit ne perçoit ni saveur, ni sensations.
À la place de son monde intérieur habituel s'entendent des croassements, des claquements de bec et d'ailes, des cris rauques lancés à travers le vide du ciel.

Arogh est comme sorti de la forêt, et lâché dans le vide au-dessus des frondaisons, très haut.
Vertige, peur, et chute brutale dans son corps en souffrance, la main se posant sur l'œil enflammé, sur la déchirure orbitale. Son corps court tandis qu'un croassement strident s'éloigne de lui.

Le lien s'est rompu, mais pas avant qu'Arogh ne lise dans l'esprit-oiseau qui a pris possession de lui, une image. Une spirale de pierres plates, immense, et des mousses, des lichens, qui l'enserrent et l'étranglent avec une douceur trompeuse.

Cette image s'incruste en lui. C'est là. Il a reconnu le lieu, et les oiseaux maudits qui le gardent.

Là est son but, et suivre l'oiseau de malheur coûte que coûte devient son obsession. L'étonnement de la vision alors qu'il n'espérait plus trouver le lieu, qu'il continuait par obstination, sans le moindre espoir, sa mort seule pouvant mettre un terme à sa quête.
Et voilà qu'il avait un guide, monstrueux et cruel, mais Arogh se tenait prêt maintenant le couteau à la main. Le Corax ne le surprendrait plus, ne lui prendrait pas son autre œil sans y laisser la vie avant de réussir.
Ainsi des jours durant il suivit le trait noir dans le ciel.

Il ne ressentait plus rien, mangeait ce qu'il trouvait, seule la soif le persécutait régulièrement, comme aujourd'hui par exemple.

Arogh leva les yeux vers le paysage, humant l'humidité malsaine de la vasière. La nuit il plaçait des pièges à vent et récoltait un peu d'eau d'une rosée étrange comme la nature dont elle provenait. Mais cela ne suffisait qu'à retarder le moment où son corps trop desséché ne pourrait plus avancer, malgré tout le mépris avec lequel il traitait ses faiblesses.

Suivre l'oiseau, trouver de l'eau, deux obsessions, et toujours l'image de la forêt vieillissante entourant la spirale. De cette forêt dégénérée, sénescente et proche d'une désagrégation lumineuse comme une révélation inhumaine.
La souffrance n'existait plus, restait le but comme un Graal, une récompense ultime. Atteindre la tombe et... Et quoi ? Y mourir sans doute, mais là, enfin là.

Arogh poursuivant Corveus, le temps avait coulé comme le ruissellement qui alimentait la vasière, et le but se rapprochait inexorablement.

...

9 puis 8 de Messe

Qui sait encore comment coule le temps, et s'il ne remonte pas son cours vers l'autre côté de l'obscur miroir, puits sans fond de l'âme du monde.

L'univers a basculé. Gaïa est devenue la noire Kaali, terre sombre où l'humanité s'englue, s'envase et meurt lentement pour nourrir la forêt monstrueuse et mortifère. Partout grouillent les rats noirs du monde sauvage qui ont éradiqué, ou presque, ceux des anciennes villes des hommes. Comme l'humanité s'est battu contre la sylve agressive et conquérante, et à peu à peu perdu du terrain, perdu la partie et la guerre, les rongeurs aussi, commensaux de ces humains et de leurs déchets, se sont vu attaqués sans merci par leurs congénères barbares, sortes de berserkers du monde maudit, sans peur même de l'homme. Et comme les bipèdes dont ils parasitaient le précieux gaspillage, les voilà incapables de faire face aux hordes de ces nouveaux Huns, de ces descendants d'Attila, de ces fils de Gengis Khan, revenant du fond des âges montrer leur bestialité retrouvée, leur force revitalisée par chaque sang versé.

Malgré la pluie qui coule sur les joues, malgré l'eau qui alourdit les ailes, Corveus-Arogh ont avancé à la limite de leur force, et maintenant à la presque nuit, entre chien et loup perdu dans le bois, ils s'effondrent.

Une Ombre plus noire que les arbres eux-mêmes, un bloc de noirceur impénétrable attire leur regard, alors que des rats et des souris, aux pelages étranges, viennent les visiter.

À la première morsure, frémit le corax, qui lance son cri d'horreur, mais au sol, réduit à l'impuissance il n'impressionne guère cette armée lilliputienne qui s'apprête, comme une armada de fourmis sur un cadavre, à le transformer en festin.
À la première morsure Arogh gueule, insulte, injurie, et charrie dans son langage toute la hargne destructrice de son espèce. Cette malédiction qui les a fait détruire leur monde, et qui lui accorde maintenant un sursis.

Les petites pattes détalent, avec de petits cris, des couinements suraigus, des crissement de griffes, tout le monde fuit vers le bloc de noirceur, et l'homme ramasse le corbeau mutant comme un gibier quelconque, et se dirige lui aussi vers la construction.

Le chasseur ne sera pas la proie de ses proies, pas encore, et jurant entre ses dents il traverse les buissons, où se déchire encore ses hardes déjà vieilles et usées, où se griffe sa peau tannée et marquée, il avance vers la bouche d'Ombre noire où il entre à tâtons.

Silex moderne, vestige de sa civilisation, il allume quelques feuilles, et trouve dans son paquetage la pâte de résine avec laquelle il se fabrique une torche de fortune.

Plus de fumée que de lumière, mais un couloir se dessine, un plafond résistant à la sauvagerie extérieure, un sol où le vent a poussé branches, feuilles mortes et poussières, mais où rien ne pousse.

Arogh éprouve à cette découverte un soulagement qu'il avait oublié. Après un petit repos, il s'enfonce dans le bunker, pour pouvoir se faire un feu que la nuit de la forêt ne verra pas de ses yeux multiples.

Mais dans les vestiges du demi jour agonisant, l'œil de l'arbre a vu.

L'arbre-oeil de la sylve a tout vu, et le message se propage par les racines, les synapses végétales et cachées produisent leurs messages chimiques, et véhiculent l'information loin, près, partout.

L'homme est là, la forêt le sait.



Commentaires de Thomas sur le 9 puis 8 Messe :

A. Qui est Kaali ?

B. Une suite de solo très littéraire, je trouve :) Bien joué !
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Message par Pikathulhu »

ÉCUREUIL BLANC

la promesse d'un écureuil et la lutte aux côtés de Wagner le cosaque pour la Makhnovchtchina. Un récit de partie par Claude Féry.

Temps de lecture : 2 mn

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(image par Dall.e)

Toutes les photos suivantes sont de Claude Féry (par courtoisie).


Joué le : 25/07/2020

Le jeu : Pour la Commune par Nitz, un jeu descendant de la Reine pour rejouer le Grand Soir.



L'histoire :

Cette après-midi nous jouerons les pages 24, 35, 40, 41 et 42 de notre carnet Écheveuille encore avec le système de résolution l'inflorescence puis avec Pour la commune, nous jouerons l'instance de Wagner le cosaque selon ce livret.

Nous n'avons joué que la page 35 et Pour la Makhnovchtchina.

Nous avons tenté de remémorer à l'écureuil sa promesse faite à Rayon de soleil puis changeant de tactique nous avons obtenu qu'il nous guide.


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Xavier a joué blanc écureuil le moment venu, (nous jouions en transparence).

Le Furet a récolté la balle perdue du maton qu'a éliminé Wagner.

Dans un second temps Pour la Makhnovchtchina nous avons lutté aux côtés du cosaque Wagner pour voir notre cause triompher.

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Nestor Makhno en 1921 (domaine public)


Thomas :

Encore un grand merci pour ce nouveau retour de partie ! Je constate qu'à chaque séance vous ne jouez qu'une ou deux fiches d'Écheveuille. Le vois-tu comme une réussite (i.e. les fiches sont à haut potentiel ludique / c'est cohérent avec vos habitudes de jeu qui tournent autour d'une ou deux scènes par séance) ou comme un échec (i.e. la promesse de profondeur d'Echeveuille ne serait pas atteinte à ta table) ?


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Claude :

Je considère qu'Écheveuille offre un très haut potentiel ludique.
Et avoir joué le contenu principal ou manifeste d'une page du carnet ne signifie pas qu'on en a épuisé le potentiel tragique ou dramatique.


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Le format de nos sessions est court en fiction (rarement plus de 2 heures) mais je pense intense.
Le découpage est lié à nos disponibilités, pas nécessairement à notre volonté de couper court.
Respecter l'horaire convenu permet de renouveler régulièrement l'expérience, quitte à écourter un arc narratif ou à en reporter la mise en jeu.


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Message par Pikathulhu »

NECTAR DE LIBERTÉ

Une aventure aux confins du merveilleux, avec des furries contre des méchants polichinelles, mais qui cache une réalité bien plus sombre. Un récit de partie par Claude Féry.

Temps de lecture : 2 mn

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(image par Dall.e)


Joué le 26/07/2020

Le jeu : Écheveuille, un jeu de rôle tout en un pour s’égarer dans l’infini des forêts de Millevaux en solitaire comme à plusieurs.


L'histoire :


Aujourd'hui nous jouerons notre dernier épisode issu de notre carnet d'Écheveuille, avant un moment.
Le système de résolution adopté pour cette session est l'inflorescence.

Voici le lien vers le carnet enrichi pour cette phase.

(Nectar de Liberté) संन्यास

sannyaas


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Xavier est Le Furet (C) par Claude Féry


Nous avons joué les pages 12 15 16 29 et 35.

Trois scènes, trois rencontres et une rédemption.

La sporulation a commencé.
Du pus jaunâtre qui suinte de la plaie du furet deux polichinelles sont nées qui nous donnent la chasse.
Je suis contaminé. J'ai trempé ma main dans cette pestilence.
Pour E Li Ssa Baï et Wagner la menace est devenue palpable. Les deux créatures à maturité qui donnent la chasse, et les deux contaminés.
Le choix est difficile mais la sporulation doit cesser.
Si le tir déterminé du cosaque a emporté la première polichinelle, la deuxième s'est jettée sur E Li Ssa Baï.
Et sans l'intervention du furet elle aurait elle aussi été contaminée.


Image
Abandon Gabrielle est Wagner (C) par Claude Féry


Je demande au gamin de nous conduire au docteur dont j'ai entendu parlé.

Nous gagnons Pingfang où nous sommes réduits à l'état de bille de bois.

Depuis notre jole de bambou E Li Ssa Baï parvient en bonne Kitsune, (Elle a été labélisée Kitsune 953 et moi 417 arbre à peste) à renforcer la dévotion aux yokaï d'un jeune médecin.
Elle ravive en lui ses souvenirs d'enfant pieux et bientôt nous dansons la danse bourdonnante de l'abeille bleue.

Je recrache le nectar de la reine du bois que nous consommons tous pour nous laver de nos souillures.

Fin.


Image
Alex et Gabrielle (C) par Claude Féry


Thomas :

Thomas : Un épisode particulièrement poétique ! (bien que faisant référence à la tristement célèbre unité 731 si j'interprète bien les images du carnet)


Image
Alex est E Li Saa Bai (C) par Claude Féry
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Re: [CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Message par Pikathulhu »

MALVENUE

Et si l'essence même du jeu de rôle, c'était la création de personnage ? Un exercice solo de création de perso avec interdiction de le jouer, pour le pur plaisir de la rédaction de background.

(temps de lecture : 5 mn)

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Traumavertissement : dysmorphophobie, body horror, enlèvement

Joué en solo le 19/03/2024

Le jeu : diverses tables aléatoires de Millevaux


L'histoire :

Cela fait un moment où, observant les jeux de world building, je me demande si on pourrait pas s'amuser à passer une soirée entière à faire des créations de personnage sans les jouer.

J'avoue je n'ai pas encore sauté le pas de tenter l'expérience en multi, mais au moins je teste pour vous l'expérience en solo.

L'idée est que je vais créer un personnage pour Millevaux en cumulant les différentes aides de jeu en la matière, jusqu'à ce que je m'en lasse ou que j'atteigne une masse critique de contenu. La contrainte est la suivante : je ne fais qu'augmenter le background de ce personnage, je ne le joue pas, je ne lui fais pas vivre de péripéties. L'idée est que la création de personnage soit un jeu en soi. Je ne vous reproduis pas le texte du personnage à l'identique, je synthétise un peu, préférant plutôt vous livrer mon commentaire. Je choisis de procéder par tirage aléatoire et de ne pas refaire mes tirages.

Je commence avec un des générateurs de personnage de Millevaux, je choisis volontairement le plus touffu / l https://chartopia.d12dev.com/collection/3106/

Je m'appelle Malvenue, je suis une changeforme mais paradoxalement, je ne suis pas à l'aise dans mon corps (magie du hasard) :) Je vais l'interpréter comme suit : ce n'est pas que je n'aime pas mon corps puisque ce dernier peut changer à volonté, mais c'est en fait ma nature de changeforme qui me met mal à l'aise, je suis en quête d'identité, je voudrais savoir si j'ai un "vrai" corps, et toutes mes tentatives de changement se sont sont toujours soldée par un malaise. Peut-être ai-je carrément un malaise du fait d'avoir un corps ?

Mes générateurs de personnage comportent des portraits tirés de Nervure mais je vais plutôt générer des portraits avec Dall-E parce que j'ai envie de varier, j'ai énormément utilisé les portraits de Nervure. Il y a beau en avoir 150, j'en ai quand même fait le tour plusieurs fois.

J'ai besoin de combattre une personne ou de faire l'amour avec elle et que ça la rende accro. OK, personnage un peu edgy :)

Je sors un instant de ce générateur de personnage parce que je veux générer ce figurant qui est l'objet de ma quête. On va vers le générateur de figurant le plus simple.
Ce figurant est Message, une personne qui transmet des messages pour la communauté. Pour le moment, j'ai du mal comment je pourrais avoir une relation aussi intense avec un pur messager. Je laisse cette question en suspens et tenterai d'y répondre plus tard. Je vais au moins partir du principe que ce message a un rôle vraiment crucial pour la communauté, parce que j'ai besoin d'intensifier ce figurant.

En terme de penchant, je suis de côté de l'ordre. C'est assez paradoxal pour une changeforme qui serait plutôt ambivalence. Mais à la rigueur comme je refuse ma nature de changeforme, c'est un cohérent avec un penchant vers l'ordre et la stabilité.

En terme de classe, je suis une mystique, plus précisément je pratique la sarcomantie, c'est-à-dire la manipulation des corps. C'est hyper drôle vu le côté changeforme contrarié de mon perso, mais ça c'est la magie de Millevaux avec son nombre de thèmes volontairement réduits qui permet de générer des coïncidences et des convergences. Concrètement, je fais partie d'une communauté d'Ecorchâtres, c'est-à-dire des bandits sans foi ni loi, et ils sont très friands de sarcomantie, soit parce qu'ils ont besoin de changer d'apparence pour commettre leurs crimes ou échapper aux recherches, soit parce que ça fait partie de leur culture edgy. Moi ça me surprend qu'ils fassent autant appel à mes services alors que moi même j'ai des soucis avec le changement de corps. Mais peut-être que j'envisagerai un jour de recourir moi-même à la sarcomantie sur mon propre corps pour le fixer à jamais.

Donc oui, je travaille pour les écorchâtres, donc des brigands de la pire espèce. Une partie d'entre eux préfèrent la non-violence, d'autres pratiquent la violence extrême. Je dirais que je suis un peu entre les deux, je suis capable de tuer sans ressentir trop de remords, juste je le fais parce que je m'y sens contrainte, j'ai été abandonnée par mes parents et ma famille à cause de ma nature de changeforme (d'ailleurs c'est pour cela qu'à ma naissance ils m'ont appelée Malvenue) et eux ils m'ont recueilli mais clairement ils se servent de moi comme d'un outil, me confiant notamment des missions d'espionnage, de tromperie, d'assassinat, ce qui n'arrange pas mon dégoût pour ma nature de changeforme.

J'ai trouvé ce qui me lie à Message. En fait, Message a pour rôle essentiel de distribuer des FAUX messages, afin de dérouter des marchands, des diligences, des parents à la recherche de leur enfant kidnappé, etc. Donc en gros ces missives servent à entraîner des gens dans des traquenards. Mais Message a aussi une beauté en lui, c'est un grand écrivain qui sait se mettre dans la peau de fausses identités afin d'écrire des missives crédibles, donc je sens une résonance avec mon parcours, et je sais pas si je veux avoir une relation passionnelle avec lui ou si je veux le tuer parce qu'il me dégoûte.

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Je vois aussi que j'ai des disciplines de survivalisme, je suppose que je tiens ça de mon parcours de vie cabossé. On va cependant utiliser le scénario-monde de Biomasse À tout prix pour avoir un peu plus de détail sur mes techniques de survie.
Je note déjà que je ne participe jamais à aucune forme de jeu. C'est très triste mais ça va renforcer la rudesse du concept de personnage.
Apparemment c'est également moi qui coordonne les traversées de rivière en se faisant des gilets de sauvetage de fortune avec des sacs plastiques et de l'adhésif. Mais un gars me les a fauchés, pour faire je sais quoi (peut-être qu'il vaut mieux pas savoir), il va falloir que je les lui récupère avant qu'on en ait besoin.

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Enfin, j'ai un PNJ qui m'accompagne, Linguae, qui en gros veille à ce que le langage de la communauté soit conservé, donc elle consigne nos mots d'argot, etc. Je ne sais pas comment je pourrais être liée à ce personnage ni comment on peut maintenir ce genre de rôle dans la communauté. Je vais donc faire appel à L'Ensourcellement, qui est une aide de jeu pour développer son personnage, donc ça aurait de toute façon été un crime de faire l'impasse dessus.
Sur une idée de Chewba, je vais justifier de Linguae par le fait que c'est une otage qui est tombée dans nos filets suite à une fausse missive de Message. C'est une fille d'aristo, un peu intello, un peu lettrée, et on espère la revendre à bon prix, et en attendant elle trompe l'ennui en étudiant notre argot, et peut-être qu'elle cherche à s'encanailler auprès de nous ou qu'elle a un syndrome de Stockholm. Cela ne me dit pas pourquoi je suis liée à elle, mais ça tombe bien car dans L'Ensourcellement on peut justement tirer des liens. J'obtiens un dilemme d'allégeance, je pense que Linguae essaye de me séduire ou de me convaincre que je serai grandement récompensée si je l'aide à s'évader, et j'hésite beaucoup parce que d'un côté j'en ai marre d'être chez les écorchâtres et que Linguae ne m'est pas indifférente, mais de l'autre j'ai peur des représailles et de l'autre j'ai un arc enemy to lover avec Message en cours. Ah la dark romaaaance...

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Je pense que cette création de personnage serait incomplète sans une projection dans le futur (autre que mes arcs relationnels avec Message et Linguae) donc je fais un tirage de Destin avec Les Sentes et donc j'obtiens un deuil. Je vais considérer que je viens de perdre mon amante, ce qui peut expliquer que je suis restée jusqu'à présent parmi les écorchâtres, et que maintenant qu'elle soit morte, la situation soit plus ouverte, mais en même temps j'ai toutes les étapes du deuil à franchir, donc forcément, ça va être compliqué, et aussi, mécanismes d'oubli et de remémorance aidant, j'aurai l'occasion que revisiter ma relation passée avec cette personne.

Je n'ai pas d'autre choix que de refaire un tirage de figurant pour développer mon amante et j'obtiens Narcose, une liseuse de rêves. On va dire qu'elle faisait partie des écorchâtres, elle lisait les rêves des gens pour préparer des attaques, et elle est morte lors d'une de ces attaques. Du fait de sa mission de vie, elle revient bien sûr me hanter dans mes rêves.

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Je vais en rester là, je trouve que c'est un bon départ, y'a plein d'approches de dark romance comme je les aime, et c'est le genre de personnage que j'aimerais bien poursuivre en JDR solo.

Je pourrais continuer indéfiniment, mais j'ai déjà vu ce que je voulais voir. L'éthique de conserver le premier tirage a amené des choses intéressantes, et des types d'histoire que je n'aurais pas osées sans cela. Il y a notamment un arc autour de l'écriture (avec Message et Linguae) qui est assez étonnant dans un contexte de brigands mais qui mériterait d'être creusé.

J'ai fait cette création avec des amis en vocal et ça avait l'air de les intéresser, c'était cool de réfléchir tout haut et d'échanger avec eux, donc ça me prouve l'intérêt de la démarche et maintenant j'ai très envie de me caler trois heures avec deux ou trois personnes pour qu'on se fasse une aprem de créa de personnage purement gratuite !

Conclusion, créer un personnage sans le jouer est bel et bien un plaisir en soi, je confirme !
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Pikathulhu
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Re: [CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Message par Pikathulhu »

Alors que Marchebranche sort du bois, voici une avalanche de nouveautés !

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(C) Evlyn Moreau (illustration) / Laure Afchain (maquette)
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