Vous et votre personnage JDR ?

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Sabranise
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Vous et votre personnage JDR ?

Message par Sabranise »

Bonjour à tous,

Je débarque un peu de nulle part, je m'excuse !
Je me présente. Je m'appelle Elie, j'ai 20 ans, je suis un étudiant qui vit à dans la banlieue parisienne. Je fais partie du club de JDR "Le Cercle Fantastique" sous le même pseudonyme 'Sabranise' qui situé dans la banlieue Sud de Paris depuis 2 ans et la JDR sur table me passionne depuis des années notamment INS, Cyberpunk Red, D&D5 etc...

Je suis en train de faire une recherche qui concerne le monde du JDR et je souhaite rassembler un maximum de témoignages afin de pouvoir faire une synthèse et un travail dessus !
Récemment je me suis posé la question du lien entre le rôliste à son/ses personnage.s incarnés.
Et j'ai commencé à trouver le sujet vraiment intéressant pour en faire mon enquête et éventuellement en faire une synthèse. Puisque que contrairement aux autres supports tels que le cinéma interactif (Black Mirror : Bandersnatch par ex), le livre dont vous êtes le héros ou le jeu-vidéo, le personnage que vous incarnez n'est souvent pas crée de toute part par vous, généralement il a déjà un physique, un caractère, un background, un style vestimentaire... (sauf les personnages pré-tirés).

(Je précise que c'est un recherche complètement indépendante, il y a que moi sur ce coup. Et ce ne sera pas publié etc... C'est pour un concours d'entrée dans une école supérieure. Vous me sauverez la vie si vous prenez le temps de me répondre  :wub: )

C'est sur cet aspect là que le jeu de rôle sur table se démarque et que la question du lien du rôliste à son personnage mérite de se poser. :?: Puisque que pour certains en fonction du temps passé à l'incarner, de la qualité du jeu autour de la table et de l'univers : certains personnages incarnés sont inoubliables et fortement liés à vous et d'autres absolument pas. Pourquoi ? Comment ?

Du coup, me voilà, j'enquête ! et j'ai préparé une liste de questions pour vous les rôlistes. Ca m'aiderait énormément dans ma démarche si vous répondez même à une seule question. Image

Image Questions :
-N'hésitez pas à vous exprimer en référençant vos parties JDR fait au club ou en dehors et de vos personnages les plus mémorables ou les plus oubliables.
-- N'hésitez pas à répondre en MP si vous préférez faire ainsi.

1. Par rapport à votre personnage incarné, comment ce lien débute entre toi et le personnage que tu t'es crée / ou que le MJ t'a attribué? À la création? Durant le jeu ? Quand iel est mort ? etc...

2. Mais alors, pourquoi cet intérêt à votre personnage incarné apparait ? Y a t-il des raisons particulières à cela ?

3. Dans la vie quotidienne, avoir cet intérêt à ce personnage incarné vous pousse à faire des petites (ou grandes) choses différentes qu'un non-rôliste ne ferait pas ? Jusqu'où va cet lien ? (cosplay? Illustration? bouquin? autre chose?)

4. Concrètement, avoir des incarnations de personnages de jeu de rôle. Ca vous apporte quoi ? Ca vous donne quoi ?

5. En tant que MJ qui a été déjà joueur, est-ce que vous ressentez une grande différence de ressenti dans vos personnages incarnés ?

6. Est-ce que votre intérêt pour votre personnage peut s'arrêter? Si oui, comment ça se fait ?

7. Est-ce que ce lien à votre personnage aurait-il pu se faire sans la présence des personnages incarné par les autres joueurs ou même des PNJ du MJ de votre table ? C'est une construction collective alors ?

8. Sinon est-ce que le souvenir d'un personnage incarné maintenant plus utilisé vous fait encore ressentir des émotions ?

Image Quelques questions par des personnes non-rôliste :

9. Y a-t-il des moments dans vos vies quotidiennes (quand tu es dans le métro/rer, quand tu es au boulot/à la fac, en famille/entre potes ou encore quand vous rêvassez /fantasmez sur une vie différente; etc.) quand une émotion bonne ou mauvaise vous fait penser à votre personnage? Quand une situation/interaction désagréable survient tu t'imagines -a postiori- avoir réagit différemment selon le caractère de ton personnage?

10. Est-ce que vous incarnez vos personnages de façon théâtrale ? Est-ce que le caractère ce celui-ci vous affecte d'une manière ou d'une autre? Et/ou affecte les autres ?

11. Quand votre personnage meurt, qu'est ce que ça vous fait ? Faites-vous quelque chose de particulier ?

12. Est-ce que vous sortez de votre zone de confort quand vous inventez des personnages ou est-ce qu'il sont fait à votre image ?

13. Qu'est-ce qui vous motive à inventer ces personnages et ultimement à tisser des souvenirs avec eux ?

14. Est-ce que vous parlez de vos parties et de vos personnages à votre cercle intime (amis/conjoint/famille) ?

15. Est-ce que le jeu de rôle et l'incarnation de votre personnage vous permet de vous évader? Si oui, de quoi ?
Ravortel
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Re: Vous et votre personnage JDR ?

Message par Ravortel »

1. [Pourquoi ce soudain tutoiement alors TOUT le reste voussoie ?] Durant le jeu, pendant qu'il "prend du corps".
2. Moi pas comprendre la question.
3. Non
4. Concrètement ? Rien.
5. Non
6. Oui, bien sûr. Lassitude, arrêt de la partie, arrivée d'un autre personnage...
7. Oui, tout à fait.
8. Non, bien que je réutilise souvent le même nom.
9. Non. "Distanciation", les gars :)
10. Non
11. Ca ne m'est jamais arrivé pour un personnage qui ne soit pas "jetable" (AdC)
12. Oui, j'aime et essaie la nouveauté
13. L'exploration des mécanismes du jeu, la possibilité de briller dans le groupe
14. Les parties de JdR sont généralement très ennuyeuses pour ceux qui sont en dehors. Les anecdotes restent entre rôlistes.
15. De la vie quotidienne, bien sûr.
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Kandjar
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Re: Vous et votre personnage JDR ?

Message par Kandjar »

1. A chaque fois qu'il se passe quelques chose d'intéressant, à commencer par sa création, jusqu'à son abandon (qu'il meure ou que le jeu se termine).

2. Parce que je fais en sorte que ce personnage soit intéressant. S'il ne l'était pas, je ne jouerais pas avec.

3. Non.

4. Ca permet de pratiquer le jeu. Rien de plus, rien de moins.

5. J'ai une grande différence de ressenti dans mes différents PJ, et je n'aborde pas de la même façon un PJ ou un PNJ, si c'est ça le sens de la question.

6. Même quand j'appuie mon PJ sur des caractéristiques qui me sont personnelles (c'est le cas pour certains), l'intérêt que je lui porte tient à la partie : si la partie est finie, le personnage n'a plus de fonction et si je peux en garder des souvenirs, je ne lui porte plus vraiment d'intérêt.

7. Le lien au personnage ne pourrait pas se faire sans la partie : c'est le jeu qui lui donne vie, sans le reste du groupe, il n'a pas d'existence.

8. Oui, ça arrive. Au même titre que n'importe quel souvenir, ni plus ni moins.

9. A moins qu'il y ait un écho fort à un souvenir de jeu, non. De la même façon qu'une situation vécue pourrait me rappeler un film ou un livre.

10. Non. NON. J'en sais rien.

11. Ca n'est pas arrivé souvent. Mais lorsque c'est le cas (pour un de mes PJ comme celui de quelqu'un d'autre), je m'efforce d'en faire un événement mémorable. Surtout en mettant en avant ce que ça change pour les autres : "Quand on est mort on ne sait pas qu'on est mort. C'est pour les autres que c'est difficile."

12. Déjà, je dissocierais fortement "rester dans sa zone de confort" et "créer un personnage à mon image".
Il y a des personnages très différents de moi qui sont difficiles à jouer (car je dois faire l'effort d'imaginer des réactions qui ne me sont pas naturelles), des personnages proches de moi qui sont éprouvants à jouer (car l'identification facilite le bleed), et des personnages portant des valeurs proches des miennes tout en étant assez différents (et là, c'est la zone de confort).
Les trois types font appel à des plaisirs différents.

13. Sans personnage on ne peut pas jouer.

14. C'était le cas lorsque je jouais régulièrement avec mes amis IRL (potes de collège/lycée/fac). Plus maintenant.

15. Au contraire. Que le jdr fasse partie de ma vie la rend plus agréable (parce que c'est un loisir que j'aime), et m'évite d'avoir besoin de chercher à m'en évader.


Au-delà de ces questions, dont je n'ai pas toujours compris le sens, je crois que je pourrais définir mes PJ comme des personnages-outils. Leur existence est circonscrite au jeu auxquels ils appartiennent (quand je dis jeu, je pense à la partie, le scénario, la campagne, le jeu en tant qu'activité plutôt qu'objet).
Le personnage est une interface me permettant d'accéder au jeu. Je peux m'y investir, m'y attacher, mais je reste toujours conscient qu'il n'a pas d'existence propre en dehors de la partie à laquelle il est lié. Il n'est ni un alter-ego, ni un modèle dont je peux m'inspirer.
Ce cadre posé, je n'ai pas la même approche de tous mes personnages : suivant que la partie est un one-shot ou une campagne, selon que l'enjeu est réaliste (ou disons proche de ce que je pourrais réellement vivre ou avoir vécu) ou fantaisiste, selon aussi les envies du reste de la tablée, l'investissement dans le personnage sera plus ou moins intense et prendra une forme différente.
Mais les questions portant sur le sous-texte "de quelle façon vos personnages changent-ils votre vie en dehors de la partie ?" n'ont pas de sens pour moi.
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Vorghyrn
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Re: Vous et votre personnage JDR ?

Message par Vorghyrn »

Sabranise a écrit : lun. janv. 17, 2022 7:00 pm
Image Questions :
-N'hésitez pas à vous exprimer en référençant vos parties JDR fait au club ou en dehors et de vos personnages les plus mémorables ou les plus oubliables.
-- N'hésitez pas à répondre en MP si vous préférez faire ainsi.

1. Par rapport à votre personnage incarné, comment ce lien débute entre toi et le personnage que tu t'es crée / ou que le MJ t'a attribué? À la création? Durant le jeu ? Quand iel est mort ? etc...

2. Mais alors, pourquoi cet intérêt à votre personnage incarné apparait ? Y a t-il des raisons particulières à cela ?

3. Dans la vie quotidienne, avoir cet intérêt à ce personnage incarné vous pousse à faire des petites (ou grandes) choses différentes qu'un non-rôliste ne ferait pas ? Jusqu'où va cet lien ? (cosplay? Illustration? bouquin? autre chose?)

4. Concrètement, avoir des incarnations de personnages de jeu de rôle. Ca vous apporte quoi ? Ca vous donne quoi ?

5. En tant que MJ qui a été déjà joueur, est-ce que vous ressentez une grande différence de ressenti dans vos personnages incarnés ?

6. Est-ce que votre intérêt pour votre personnage peut s'arrêter? Si oui, comment ça se fait ?

7. Est-ce que ce lien à votre personnage aurait-il pu se faire sans la présence des personnages incarné par les autres joueurs ou même des PNJ du MJ de votre table ? C'est une construction collective alors ?

8. Sinon est-ce que le souvenir d'un personnage incarné maintenant plus utilisé vous fait encore ressentir des émotions ?

Image Quelques questions par des personnes non-rôliste :

9. Y a-t-il des moments dans vos vies quotidiennes (quand tu es dans le métro/rer, quand tu es au boulot/à la fac, en famille/entre potes ou encore quand vous rêvassez /fantasmez sur une vie différente; etc.) quand une émotion bonne ou mauvaise vous fait penser à votre personnage? Quand une situation/interaction désagréable survient tu t'imagines -a postiori- avoir réagit différemment selon le caractère de ton personnage?

10. Est-ce que vous incarnez vos personnages de façon théâtrale ? Est-ce que le caractère ce celui-ci vous affecte d'une manière ou d'une autre? Et/ou affecte les autres ?

11. Quand votre personnage meurt, qu'est ce que ça vous fait ? Faites-vous quelque chose de particulier ?

12. Est-ce que vous sortez de votre zone de confort quand vous inventez des personnages ou est-ce qu'il sont fait à votre image ?

13. Qu'est-ce qui vous motive à inventer ces personnages et ultimement à tisser des souvenirs avec eux ?

14. Est-ce que vous parlez de vos parties et de vos personnages à votre cercle intime (amis/conjoint/famille) ?

15. Est-ce que le jeu de rôle et l'incarnation de votre personnage vous permet de vous évader? Si oui, de quoi ?
1 - mon lien (attachement, intérêt etc...) ce fait en 2 étapes : à la création, j'ai un concept, un truc que je veux jouer (vendeur d'informations, IA hacker, une drakéïde ensorcelleuse qui est la réincarnation d'un dragon et vise à redevenir ce qu'elle était etc...). Selon la façon dont cette étape se passe (et le "temps de vie" probable du personnage, lié au style de jeu ou à la durée annoncée du jeu), mon lien au perso est plus ou moins grand
Le deuxième lien se fait en cours de jeu, en fonction de ce que vit mon perso, de comment je le vois évoluer et de comment la partie tourne. Ca peut me rendre plus proche ou moins proche de mon personnages

2- parce que je suis curieux et que j'aime voir "comment les choses évoluent". Je suis d'autant plus lié à mon perso que son histoire m'intéresse

3- non, pas vraiment. Pour moi, ce sont deux espaces séparés. C'est plutôt la vie de tous les jour qui m'inspire des trucs pour interpréter mon perso

4- le plaisir d'explorer, de voir les choses évoluer

5- pas sûr de comprendre. Tu peux expliciter ?

6- oui, si j'en est fait le tour ou que j'ai d'autres personnages qui m'intéressent plus. le nombre d'objet magique de personnages auquels je peux me lier est limité par les règles :mrgreen:

7- Non pas vraiment. Je joue en solo (en plus de jouer en groupe) et ma connexion à mes perso est clairement plus intense qu'en groupe. J'ai mes perso de jeu en groupe mais je partage mon intérêt pour eux avec la volonté de rendre la partie sympa pour tout le monde. En solo, je me focalise seulement sur mon perso et mon lien avec lui est plus fort parce que je n'ai pas à faire attention à être en même temps un bon compagnon de jeu pour les autres

8- Oui. Certains de mes perso restent inoubliable, y compris des perso que j'ai peu joué mais avec qui j'avais un vrai lien.

9- non pas vraiment. Comme je le disais en 3/, ce sont deux espace disjoints. Même quand je rêvasse, je rêvasse de moi, pas d'un de mes perso

10- Paradoxalement non. J'aime bien le théatre mais je "joue" rarement le perso. En table à plusieurs, je fais un peu de roleplay (intonation, champs lexical, tournure de phrase) mais j'évite de prendre trop d'espace. En solo, j'écris et c'est ça mon roleplay donc je ne joue pas mon perso, je le raconte (à la 1er personne)

11- C'est rarement arrivé mais ça ne me fait pas quelque chose de particulier. Si c'est une "bonne mort" je suis content que ce perso ait une belle conclusion, si c'est une "sale mort" (mauvais jet de dés dans une situation sans tension dramatique), c'était juste un jeu...

12- je ne sors pas beaucoup de ma zone de confort. pour un ou deux traits mineurs maximum. Je ne vois pas le fait de jouer un personnage comme un moyens de tester mes limites, mais plus comme un divertissement

13- (redondant avec 4/ ? ou alors j'ai mal compris un des questions ?) J'aime "explorer un personnage" et si je l'explore bien, je tisse fatalement un lien

14- un peu mais je sens qu'ils ne comprennent pas le lien du coup, ça reste très superficiel (de mon point de vue)

15- oui clairement. Je dirais du monde en général. Pas que je me sente tellement mal dans ce monde que j'en ai besoin d'en sortir mais ça me fait plaisir d'aller faire une ballade ailleurs et de revenir :)

N'hésite pas si tu veux des détails / précision. Je pense qu'avec le solo ma pratique et donc mon lien avec mes perso est un peu biaisé mais peut être que ça peut t'intéresser :bierre:
Mon blog JDR : De l'autre Côté de l'écran. critiques de JDR et techniques de jeu, surtout en solo

"la bêtise naturelle bat l'intelligence artificielle à tous les coups" 
(Terry Pratchett)
 
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FakirTanezu
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Re: Vous et votre personnage JDR ?

Message par FakirTanezu »

1. Par rapport à votre personnage incarné, comment ce lien débute entre toi et le personnage que tu t'es crée / ou que le MJ t'a attribué? À la création? Durant le jeu ? Quand iel est mort ? etc...

Le lien commence à la création, je crée selon mon envie du moment (j'ai envie d'un coléreux, d'un sage, d'un cuisinier...), et il y a à la création un certain attachement qui opère, autant construire un personnage qu'on aime bien. Mais c'est surtout à l'usage, en partie, qu'on voit ce qu'on aime chez ce personnage, qu'on prend gout à certains de ses traits, travers ou atouts.

2. Mais alors, pourquoi cet intérêt à votre personnage incarné apparait ? Y a t-il des raisons particulières à cela ?

Là encore, c'est le jeu. En cours de partie, un personnage va "se construire une image", s'incarner par la façon dont il interagit avec le monde, les PNJ et les autres joueurs. Son coté hableur, couard, habile ou héroïque va apparaître, et le personnage passe alors d'une idée théorique, la mienne, à quelque chose de constaté par tous, et qui m'échappe un peu (même si ça reste mon personnage).

3. Dans la vie quotidienne, avoir cet intérêt à ce personnage incarné vous pousse à faire des petites (ou grandes) choses différentes qu'un non-rôliste ne ferait pas ? Jusqu'où va cet lien ? (cosplay? Illustration? bouquin? autre chose?)

Il m'arrive de me renseigner, pour trouver des éléments de background ou de lore, lire un essai ou un texte géographique ou historique, pour appréhender mon personnage. C'est quand même assez rare...

4. Concrètement, avoir des incarnations de personnages de jeu de rôle. Ca vous apporte quoi ? Ca vous donne quoi ?

Jouer un personnage est une démarche ludique riche, on se met à la place de quelqu'un d'autre (dans une certaine limite), on essaie d'autres points de vue, toute la diversité de la fiction nourrit l'imaginaire et le jeu.

5. En tant que MJ qui a été déjà joueur, est-ce que vous ressentez une grande différence de ressenti dans vos personnages incarnés ?

Si la question est de savoir ce que m'apporte l'expérience de joueur quand je suis MJ, j'aurais du mal à être précis. Sans doute cela pousse-t-il à privilégier le jeu, à savoir se retenir (en tant que MJ, j'ai tendance à vouloir relancer l'action, mais les joueurs ont besoin de temps de jeu entre eux, que ce soit pour le role-play pour pour décider de la suite à donner à une enquête ou une action. Dans ces cas, le joueur n'aime pas se sentir trop bousculé.

6. Est-ce que votre intérêt pour votre personnage peut s'arrêter? Si oui, comment ça se fait ?

On peut se lasser si les ressorts manquent de variété, si le jeu n'a pas offert d'occasion d'évoluer ou de montrer d'autres facettes du personnage. Il finit par devenir un cliché, par manquer d'épaisseur, on peut en être fatigué, alors...

7. Est-ce que ce lien à votre personnage aurait-il pu se faire sans la présence des personnages incarné par les autres joueurs ou même des PNJ du MJ de votre table ? C'est une construction collective alors ?

Cf mes réponses à 1 et 2. C'est dans l'interaction que le personnage se construit le plus. L'ensemble de la partie est une construction collective, c'est une des grandes richesses du jeu de rôle à mes yeux.

8. Sinon est-ce que le souvenir d'un personnage incarné maintenant plus utilisé vous fait encore ressentir des émotions ?

C'est plus l'ensemble de certaines parties, ou aventures, qui me touchent. Mon personnage y avait sa place, mais je ne l'isole pas de l'ensemble.

9. Y a-t-il des moments dans vos vies quotidiennes (quand tu es dans le métro/rer, quand tu es au boulot/à la fac, en famille/entre potes ou encore quand vous rêvassez /fantasmez sur une vie différente; etc.) quand une émotion bonne ou mauvaise vous fait penser à votre personnage? Quand une situation/interaction désagréable survient tu t'imagines -a postiori- avoir réagi différemment selon le caractère de ton personnage?

Pas vraiment, non. Ce sont des personnages de fiction, je ne les invoque pas mentalement pour les confronter à mon quotidien. Que ferait mon vampire nosferatu face à cet inspecteur des impots ? Il partirait en fumée, parce qu'il fait jour...

10. Est-ce que vous incarnez vos personnages de façon théâtrale ? Est-ce que le caractère ce celui-ci vous affecte d'une manière ou d'une autre? Et/ou affecte les autres ?

Ca peut arriver, mais je crois qu'il faut doser de telles interventions. On n'est pas au théâtre, il faut améliorer le récit collectif, pas tirer la couverture à soi, ce qui ennuierait les autres, à force. En revanche, à point nommé, un peu de théâtralité peut embellir une séance. Un discours pour gonfler le moral des troupes, un réquisitoire devant un tribunal, quelques échanges de haute volée... Tout cela peut donner de beaux moments de jeu, si c'est convenablement dosé.

11. Quand votre personnage meurt, qu'est ce que ça vous fait ? Faites-vous quelque chose de particulier ?

Bah c'est bien triste, ma bonne dame... Plus sérieusement, c'est pour moi comme quand un personnage de roman ou de film meurt. Si je trouve la mort gratuite et mal placée dans le récit, je suis un peu frustré, si le personnage se sacrifie héroïquement pour sauver la princesse champignon, je passe un bon moment de jeu, et c'est un bel épilogue pour conclure une séance de jeu.

12. Est-ce que vous sortez de votre zone de confort quand vous inventez des personnages ou est-ce qu'il sont fait à votre image ?

Je m'y efforce, même si ma façon de jouer ramène toujours les personnages à moi-même. Mais j'aime bien essayer des personnages différents. Un étudiant en sociologie, un vieux sage, un guerrier ancien aubergiste, un collecteur d'impot avare... J'aime surtout la variété des personnages que le jeu me donne d'incarner, c'est vraiment un des grands plaisirs du jeu.

13. Qu'est-ce qui vous motive à inventer ces personnages et ultimement à tisser des souvenirs avec eux ?

Le plaisir d'une fiction élaborée à plusieurs, de la découverte, de l'imaginaire...

14. Est-ce que vous parlez de vos parties et de vos personnages à votre cercle intime (amis/conjoint/famille) ?

Parfois, mais hors-contexte, ça présente assez peu d'intérêt.

15. Est-ce que le jeu de rôle et l'incarnation de votre personnage vous permet de vous évader? Si oui, de quoi ?

Je n'aime pas cette notion d'évasion. Je ne fuis rien quand je joue, ni quand je lis, ni quand je regarde un film. Mais l'imaginaire est si riche qu'il serait dommage de ne pas du tout exploiter les possibilités qu'offre cette magnifique faculté humaine, dans son infinie diversité.
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Anubis Vlad Tepas
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Re: Vous et votre personnage JDR ?

Message par Anubis Vlad Tepas »

Chouette sujet. En 2019-2020, j'ai mené une petite étude dans le cadre de ma thèse, dont le cas d'utilisation portait sur les similitudes entre les PJ de différentes joueuses, de sorte à réfléchir sur nos manies, notre capacité à interpréter des personnage différents les uns des autres, ainsi de suite. Rien de parfaitement concluant n'est ressorti de ça (ce n'était pas le but de ma thèse), mais on a pu constater que certaines joueuses avaient bel et bien des marottes dont elles n'étaient pas conscientes et que certains clichés de PJ sont terriblement vivaces malgré quelques tentatives de les nuancer. Si ça t'intéresse, tu peux trouver un article de blog qui explique la démarche ici, et un screenshot du graphe de nos PJ en spoiler ci-dessous.

Spoiler:
Image
 


En ce qui concerne le questionnaire...
 
1. Par rapport à votre personnage incarné, comment ce lien débute entre toi et le personnage que tu t'es crée / ou que le MJ t'a attribué? À la création? Durant le jeu ? Quand iel est mort ? etc...

Dans mon cas, le lien et la création de personnage dépendent des réponses aux questions suivantes :
- (égocentré) ai-je envie d'incarner un personnage qui se distingue au sein de mon roster, ou est-ce que je préfère rester en territoire connu ? Genre, je joue rarement des mécanos / ingénieurs et des personnages peu portés sur le social. Ai-je envie de changer ça, ou est-ce que je préfère un perso "tranquille" qui me permettra d'agir plus facilement sur l'histoire ?
- (centré sur le groupe) Y a-t-il des manques dans le groupe ? Certains types de personnages peuvent-ils poser problème à d'autres joueurs ? À moins de jouer un groupe "thématique", mieux vaut avoir un équilibre, surtout dans les jeux à personnages "spécialisés" comme Coriolis.
- (centré sur l'univers de jeu) Quelles propositions uniques le jeu auquel on s'apprête à jouer me donnent envie d'explorer ?

2. Mais alors, pourquoi cet intérêt à votre personnage incarné apparait ? Y a t-il des raisons particulières à cela ?

Au contraire d'une croyance populaire et tenace, la plupart des personnages démarrent au mieux comme un cliché, au pire comme une feuille blanche. À trop en faire, on crée un "paysage mental" trop complexe de son personnage, qu'il est difficile de restituer autour d'une table. Ce n'est qu'à force d'être confronté à des défis qui stimulent l'imagination, que le personnage se développe et devient intéressant tant pour moi que pour mes camarades.

3. Dans la vie quotidienne, avoir cet intérêt à ce personnage incarné vous pousse à faire des petites (ou grandes) choses différentes qu'un non-rôliste ne ferait pas ? Jusqu'où va cet lien ? (cosplay? Illustration? bouquin? autre chose?)

De manière systématique, je cherche des illustrations afin d'ancrer le personnage dans l'esprit de tout le monde. À minima une illustration toute faite, à maxima une peinture de ma création, et entre les deux, des retouches d'images existantes, des portraits ArtBreeder ou des gribouillis rapides. Sinon, il m'arrive parfois de lire des bouquins de contexte pour étoffer le background d'un personnage, soit à la demande d'un MJ, soit parce que j'apprécie l'univers.

4. Concrètement, avoir des incarnations de personnages de jeu de rôle. Ca vous apporte quoi ? Ca vous donne quoi ?

Fondamentalement, un personnage est surtout un véhicule qui permet d'interagir avec le scénario. Il m'arrive parfois de préférer m'arrêter là plutôt que de surdévelopper un personnage qui devient trop lourd pour la table ou le MJ. Il arrive également que par le simple fait de jouer longtemps un personnage "véhicule", on se prenne d'affections pour lui (et pour ses nombreux points d'expérience). Lorsqu'un personnage va plus loin, c'est parfois juste pour le plaisir de "construire" une personnalité comme on peut s'amuser à construire une maison en Lego, ou alors parce qu'il nous permet de stimuler les autres joueuses autour de la table (par personnages caricaturaux qui marquent, ou par personnages qui réagissent d'une manière différente de la mienne à cause d'un état d'esprit différent, etc).

5. En tant que MJ qui a été déjà joueur, est-ce que vous ressentez une grande différence de ressenti dans vos personnages incarnés ?

Être MJ permet de faire plus de roleplay. On doit donner vie à un panel de personnages suffisamment distincts pour faire illusion auprès des joueuses. On envisage plus facilement certains tics de langage, ou certaines attitudes caricaturales qui marquent l'esprit.

6. Est-ce que votre intérêt pour votre personnage peut s'arrêter? Si oui, comment ça se fait ?

La plupart des JdR modernes nous demandent de définir des objectifs à long terme pour nos personnages, qui deviennent des "paliers d'évolution" du personnage. En général, lorsqu'un de mes personnages atteint 1-2 paliers du genre, je considère qu'il a bien évolué et qu'on peut passer à autre chose (il rejoint dès lors un panthéon de personnages cools, mais que je n'ai pas forcément envie de ressortir du tiroir). Ceci dit, il est bien plus fréquent qu'un MJ jette l'éponge avant que je n'arrive "à satiété".

7. Est-ce que ce lien à votre personnage aurait-il pu se faire sans la présence des personnages incarné par les autres joueurs ou même des PNJ du MJ de votre table ? C'est une construction collective alors ?

C'est surtout le scénario et son univers qui forge mes personnages, avant les interactions entre les PJ du groupe. Pour ce qui est des attaches avec mes PJ, c'est donc essentiellement à travers le MJ qu'ils se forgent.

8. Sinon est-ce que le souvenir d'un personnage incarné maintenant plus utilisé vous fait encore ressentir des émotions ?

Oui, comme toutes les expériences passées. Mes vieux personnages me rappellent nos vieilles aventures, l'ambiance autour de la table et, pris sur une frise temporelle, ils illustrent une forme d'évolution personnelle (je ne crée plus le même genre de persos maintenant qu'il y a 20 ans).

9. Y a-t-il des moments dans vos vies quotidiennes (quand tu es dans le métro/rer, quand tu es au boulot/à la fac, en famille/entre potes ou encore quand vous rêvassez /fantasmez sur une vie différente; etc.) quand une émotion bonne ou mauvaise vous fait penser à votre personnage? Quand une situation/interaction désagréable survient tu t'imagines -a postiori- avoir réagi différemment selon le caractère de ton personnage?

La frontière entre les personnages et mes réactions est assez imperméable. Tout au plus, je réalise parfois que mes personnages ne sont pas que des clichés, mais qu'ils représentent des valeurs que j'apprécie dans la vie quotidienne (pugnacité, bonne foi, intégrité, etc).

10. Est-ce que vous incarnez vos personnages de façon théâtrale ? Est-ce que le caractère ce celui-ci vous affecte d'une manière ou d'une autre? Et/ou affecte les autres ?

J'interprète rarement les PJ de manière théâtrale (les PNJ, beaucoup plus). Mieux vaut laisser la place au scénario et à l'histoire, le roleplay se logeant plutôt dans les décisions prises par les PJ, et dans leur justification.

11. Quand votre personnage meurt, qu'est ce que ça vous fait ? Faites-vous quelque chose de particulier ?

On est plutôt "gentils" dans nos parties, donc sur plus d'une centaine de PJ, seuls deux ont trépassé. L'un est décédé suite à ses blessures alors que je comptais quitter le groupe, donc ça ne m'a pas beaucoup affecté. L'autre était condamné à mourir d'un commun accord avec le MJ (je connaissais une partie de la campagne, donc j'ai joué un "agent double" voué à être sacrifié). L'avantage, c'est que la mort du personnage est anticipée et peut donc prendre du sens narrativement. Pour célébrer dignement la fin du personnage et pour révéler le pot aux roses à mes camarades, j'ai écrit une sorte de testament (ici, mais attention : spoiler campagne de la Cité Mouvement pour Dark Earth).

12. Est-ce que vous sortez de votre zone de confort quand vous inventez des personnages ou est-ce qu'il sont fait à votre image ?

Ah, la fameuse question de la zone de confort... une réponse élaborée peut se trouver dans l'article cité en début de message, mais pour faire court, il me semble que 90% des joueuses cherchent à sortir de leur zone de confort lorsque c'est possible, alors que tout le monde s'accorde pour dire qu'il y a "toujours un peu de soi" dans nos personnages. Et pour cause : pour distinguer nos personnages les uns des autres, on utilise un ensemble de "dimensions" qui nous sont propres ou imposées par le système du jeu. Nos personnages ne sont donc que des variations de ces dimensions, et se heurtent tôt ou tard à des redites.

13. Qu'est-ce qui vous motive à inventer ces personnages et ultimement à tisser des souvenirs avec eux ?

Là encore, c'est un plaisir finalement très proche de celui qu'on ressent en jouant aux Lego, ou à la Barbie, ou à n'importe quels jeux de construction... humaine.

14. Est-ce que vous parlez de vos parties et de vos personnages à votre cercle intime (amis/conjoint/famille) ?

Rarement. C'est un sujet qui ne prend de l'intérêt qu'avec des personnes qui se sont déjà essayés au jeu de rôle (sous une forme ou sous une autre). Les autres le considèrent au mieux avec froide curiosité, au pire comme de l'enfantillage. Par exemple, l'étude premDAT mentionnée ci-dessus constitue une des rares situations où j'ai parlé d'interprétation de personnages hors de la bulle rôliste, et ça m'a demandé de ferrailler avec des académiciens snobs et obtus pour être pris au sérieux : notre étude préliminaire, qui ne faisait que mentionner ce cas d'utilisation, a été refusé cinq fois avant d'être publiée, et 3-4  reviewers ont pointé ce cas d'utilisation comme un point faible, car trop éloigné des sujets "utiles" comme la médecine, les banques ou que sais-je.

15. Est-ce que le jeu de rôle et l'incarnation de votre personnage vous permet de vous évader? Si oui, de quoi ?

Ça me permet de me délasser, et de me plonger dans une activité où les progrès sont accessibles et "concrets", après une journée de labeur où le résultat de mon travail est moins évident (qu'il s'agisse de recherche, où l'on piétine toute la journée dans la semoule, ou de développement informatique, où notre code n'a pas toujours d'impact). Finalement, c'est le même principe que pour les jeux vidéo, à ceci près que le jeu de rôle sur table ne peut que difficilement être aussi chronophage et toxique, puisque la caution "nous sommes en groupe" évacue généralement ces excès. Une garantie d'avoir les bons côtés sans les mauvais.
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[ALT+R] Fred
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Re: Vous et votre personnage JDR ?

Message par [ALT+R] Fred »

Bonjour

Ce questionnaire est-il encore d'actualité ? Ou le sujet est déjà clos ?
<< You know, I'm talking about the gas chamber, and you haven't even asked me what this is about. You've got a big "Guilty" sign around your neck.>>
Det. Lt. Edmund Exley, L.A. Confidential
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