"Je suis trop vieux pour ces c...."

[Watoo Watoo]

Ou "Je n'arrive plus à jouer"
Ou "Petit témoignage d'un vieux rôliste sur le retour"

J'ai débuté le jeu de rôle à l'âge de 15 ans au milieu des années 80.
J'ai énormément pratiqué cette activité très longtemps, jusqu'au milieu des années 2000 et j'en ai gardé d'excellents souvenirs

Mais la vie étant ce qu'elle est, j'ai fini par complètement arrêter de jouer.
Or, il y a quelques mois, l'envie m'a repris et je me suis mis en tête de faire de nouveau une ou deux parties.

J'ai donc rechercher un groupe
Rendez-vous a été pris pour un soir de fin de semaine et je me suis trouver à la table en qualité de joueur après avoir tiré ma fiche de personnage pour l'Appel de Cthulhu (7ème édition).
La partie s'est bien déroulée : nous avons résolu l'affaire et avons même (presque) tous survécus

Mais ce fur pour moi une déconvenue complète : j'ai trouvé ça nul !
Pas nul parce que mal dirigé ou mal joué
Le MJ était plutôt bon, l'ambiance parfaite, les règles et le scénario maitrisés.
Non, nul parce que ça m'a paru très puéril, vaguement ridicule, voire complètement c..

Mettant cela sur le compte d'une mauvaise expérience doublée du fait qu'il s'agissait d'une reprise, j'ai voulu persévérer en changeant mon fusil d'épaule
Donc sans désemparé, j'ai préparé une nouvelle partie, cette fois en qualité de maître de jeu, sur un autre jeu que je connais bien savoir Warhammer (dernière édition)
Je dois bien reconnaître que la préparation s'est avérée difficile, tant j'ai trouvé les scénarii que je lisais passablement mauvais et bêtes.
Finalement la partie s'est tenue.
Manifestement les joueurs y ont trouvé largement leur compte et se sont bien amusés.
Mais pour ma part, même sentiment que la première fois : j'ai de nouveau eu cette sensation d'une activité enfantine, limite attardée et toujours vaguement ridicule, assez vaine et inutile.

J'ai renouvelé l'expérience encore à trois reprises, en tant que MJ ou joueur, avec des groupes différents
Et chaque fois la même impression.

Pour finir, il se trouve que j'ai eu l'occasion de visiter pour la première fois, le Salon du jeu de Cannes, un de mes amis étant un éditeur français qui exposait.
A cette occasion je me suis rendu au premier étage dans la salle consacrée aux "jeux de l'imaginaire" (R+1) c'est à dire principalement le jeu de rôle.
Et là, une sensation de décalage m'a littéralement frappé physiquement.
Je vous la livre telle quelle, sans qu'elle ne constitue un quelconque mépris de ma part ni un jugement de valeur :

[Edit]
Le public était jeune et plutôt "nerd".
J'ai été surpris de constater que certains de mes conscrits cinquantenaires semblaient pour certains être restés bloqués dans l'adulescence.
Les conversations étaient parfaitement incompréhensibles pour des non-initiés, faites de sigles, de termes franglais, le tout ponctué  d'anecdotes portant sur des faits imaginaires...
J'ai pris le temps d'assister à quelques parties, et vu de l'extérieur, elle m'ont paru tout aussi bizarres que les miennes au point d'avoir presque un confus sentiment de honte à l'idée que ce à quoi j'avais participé pouvait ressembler à cela.
Le tout donnait une impression hors de la vie réelle
Mon fils de 17 ans en revanche se sentait parfaitement dans son élément.
J'en suis ressorti un peu sonné.
[/Edit]

Après ces expériences, je me suis interrogé sur les raisons de ce désamour de ma part, presque un reniement par certain coté de ce que j'ai aimé.
Et je ne vois qu'une seule explication somme toute assez simple : j'ai vieilli et je me suis carrément embourgeoisé

Désormais, je suis dans l'impossibilité de reprendre le jeu de rôle
Chaque fois que je me replonge dans un scénario ou dans une règles, je la trouve ... puéril, ridicule et d'une futilité passant toutes les bornes pour moi...
Je conçois bien entendu que d'autres trouvent cela passionnant : j'ai adoré cela.
Mais ne plus jouer ne me manquera pas (enfin si quand même...)

Pour autant, j'avoue que cela m'attriste profondément tant mes souvenirs étaient bons, sans doute ceux d'une adolescence et d'une jeunesse envolée.
Le rappel est un peu rude mais les choses n'ont qu'un temps et on ne peut être et avoir été.



 

[Celi]

Et que penses-tu des jeux en général (hors JDR) ? Même sentiments ?

[Zeben]

Et donc quel est l'objectif de ton message ?

[Tybalt (le retour)]

Merci pour ton témoignage détaillé et touchant.

Si jamais tu veux redonner sa chance à ce loisir, tu peux essayer de creuser d'où vient ton impression de futilité ou de vanité. Est-ce des univers ? Du type d'aventures, de rebondissements ou de moyens d'action mis à la disposition des personnages ? Ou des personnes avec qui tu as joué ?

Peut-être as-tu besoin de passer à des jeux proposant des univers, des types d'enjeux et de moyens d'action qui correspondent mieux à tes besoins actuels. Par exemple, des jeux où la psychologie des personnages serait plus fouillée, où les moyens d'action seraient plus subtils que de foncer dans le tas, ou encore des univers contemporains réalistes ou bien historiques plutôt que des univers imaginaires, etc. (Je dis ça à tâtons, ne connaissant bien sûr pas tes goûts.)

Jouer avec des proches qui sont sur la même longueur d'onde que toi peut aussi faciliter les choses, plutôt que de jouer en convention. Mais si j'ai bien compris, c'est déjà fait et ça n'est pas ça qui a fait une différence.

Et si rien ne te plaît, eh bien, ne plus aimer les jeux de rôle ne gâche en rien tes souvenirs : tu as besoin de passer à autre chose maintenant, c'est tout Personne n'est obligé d'avoir toujours le même type de loisir toute sa vie.

[Watoo Watoo]

Et que penses-tu des jeux en général (hors JDR) ? Même sentiments ?

Curieusement, je n'ai pas ce même sentiment.
Je n'ai aucun problème à jouer sur un jeu de plateau.
Je me suis posé la question. Sans doute la durée et le coté physique du jeu
 

[Harfang2]

Après ces expériences, je me suis interrogé sur les raisons de ce désamour de ma part, presque un reniement par certain coté de ce que j'ai aimé.
Et je ne vois qu'une seule explication somme toute assez simple : j'ai vieilli (et sans doute je me suis embourgeoisé)

Désormais, je suis dans l'impossibilité de reprendre le jeu de rôle
Chaque fois que je me replonge dans un scénario ou dans une règles, je la trouve ... puéril, ridicule et d'une futilité passant toutes les bornes pour moi...
Je conçois bien entendu que d'autres trouvent cela passionnant : j'ai adoré cela.
Mais ne plus jouer ne me manquera pas

Pour autant, j'avoue que cela m'attriste profondément tant mes souvenirs étaient bons, sans doute ceux d'une adolescence et d'une jeunesse envolée.
Le rappel est un peu rude mais les choses n'ont qu'un temps et on ne peut être et avoir été.

Tes besoins et envies ont changés, tout simplement.

Après le terme "puéril" revient beaucoup.
J'ai envie de dire  Vanitas vanitatum omnia vanitas est.
Par ailleurs, autant je peux comprendre ta critique comme joueur mais, beaucoup moins en place de MJ, dans la mesure ou là, tu vas décider du ton, des enjeux, de la profondeur psychologique et, a bien, des égards, celle-ci peut être moins puéril ou superficiel que ce que les contacts superficiels avec nos frères humains peuvent bien trop souvent nous offrir et, moins encore que celles qu'offrent des series avec des personnalités, discours et émotions frustres que ne sauvent que le décorum (et encore).

Sinon et bien...
Ce n'est pas grave, les échecs c'est bien aussi et tu pourras conserver intact ton eden perdu. 

[Watoo Watoo]

Merci pour ton témoignage détaillé et touchant.

Si jamais tu veux redonner sa chance à ce loisir, tu peux essayer de creuser d'où vient ton impression de futilité ou de vanité. Est-ce des univers ? Du type d'aventures, de rebondissements ou de moyens d'action mis à la disposition des personnages ? Ou des personnes avec qui tu as joué ?

Peut-être as-tu besoin de passer à des jeux proposant des univers, des types d'enjeux et de moyens d'action qui correspondent mieux à tes besoins actuels. Par exemple, des jeux où la psychologie des personnages serait plus fouillée, où les moyens d'action seraient plus subtils que de foncer dans le tas, ou encore des univers contemporains réalistes ou bien historiques plutôt que des univers imaginaires, etc. (Je dis ça à tâtons, ne connaissant bien sûr pas tes goûts.)

Jouer avec des proches qui sont sur la même longueur d'onde que toi peut aussi faciliter les choses, plutôt que de jouer en convention. Mais si j'ai bien compris, c'est déjà fait et ça n'est pas ça qui a fait une différence.

Et si rien ne te plaît, eh bien, ne plus aimer les jeux de rôle ne gâche en rien tes souvenirs : tu as besoin de passer à autre chose maintenant, c'est tout Personne n'est obligé d'avoir toujours le même type de loisir toute sa vie.

Il y a désormais une impression d'avoir passer l'âge

Cela se double d'une sensation de me sentir assez "bête" ou "ridicule" à interpréter un rôle à simuler des actions parfaitement imaginaires, dans un monde qui n'existe pas.

Ce n'était absolument pas le cas autrefois. D'où le questionnement : qu'est ce qui fait que j'ai perdu cet intérêt au JdR

 

[Watoo Watoo]

Tes besoins et envies ont changés, tout simplement.

Après le terme "puéril" revient beaucoup.
J'ai envie de dire  Vanitas vanitatum omnia vanitas est.
Par ailleurs, autant je peux comprendre ta critique comme joueur mais, beaucoup moins en place de MJ, dans la mesure ou là, tu vas décider du ton, des enjeux, de la profondeur psychologique et, a bien, des égards, celle-ci peut être moins puéril ou superficiel que ce que les contacts superficiels avec nos frères humains peuvent bien trop souvent nous offrir et, moins encore que celles qu'offrent des series avec des personnalités, discours et émotions frustres que ne sauvent que le décorum (et encore).

Sinon et bien...
Ce n'est pas grave, les échecs c'est bien aussi et tu pourras conserver intact ton eden perdu. 

J'insiste ce n'est pas du tout une critique.
C'est une certaine surprise de constater ma réaction
Mais sans doute avez vous raison ; ce ne sont que mes besoin et envies qui ont changés

 

[Harfang2]

Cela se double d'une sensation de me sentir assez "bête" ou "ridicule" à interpréter un rôle à simuler des actions parfaitement imaginaires, dans un monde qui n'existe pas.

J'aime bien cette remarque, on peut, d'ailleurs, aller loin sur ce sujet. A quel point, dans nos positions sociales, professionnelles, familiales, on est dans le jeu ou le vrai. Je crois que plus souvent que nous ne le voudrions nous jouons un rôle, un rôle qui nous colle tant à la peau que nous finissons par l'incarner et que le masque fini par s'imposer à nos traits.
En fait, ( et je ne prends rien comme une critique ), ce dont tu parles, c'est, aussi, quelque part, l'abandon du monde imaginaire, d'une part d'enfant qui finit par le laisser tout entier à l'homme adulte, sérieux, en responsabilité, tenu de l'être. ^^

 

[Watoo Watoo]

En fait, ( et je ne prends rien comme une critique ), ce dont tu parles, c'est, aussi, quelque part, l'abandon du monde imaginaire, d'une part d'enfant qui finit par le laisser tout entier à l'homme adulte, sérieux, en responsabilité, tenu de l'être. ^^

En cela c'est surprenant puisque je reste un grand lecteur, j'adore le spectacle vivant et je suis un grand consommateur de cinéma
Donc la part d'imaginaire est bien présente dans ma vie mais la forme du jeu de rôle ne semble plus convenir.

Peut être effectivement que d'autres univers de JdR seraient envisageables, mais j'ai un doute.
En tout cas Cthulhu, Warhammer, L5A, Star Wars et S7M ne sont plus possible.

En parlant de Star Wars, moi qui ai adoré les films jusqu'à la vingtaine, j'ai trouvé ça mauvais en les revoyant récemment !

Je me demande également si ce n'est pas une forme de perfectionnisme de ma part, la recherche d'une sorte d'absolu...

En tout état de cause, je suis preneur de vos réflexions et avis
 

[Sama64]

Merci pour ton témoignage détaillé et touchant.

Si jamais tu veux redonner sa chance à ce loisir, tu peux essayer de creuser d'où vient ton impression de futilité ou de vanité. Est-ce des univers ? Du type d'aventures, de rebondissements ou de moyens d'action mis à la disposition des personnages ? Ou des personnes avec qui tu as joué ?

Peut-être as-tu besoin de passer à des jeux proposant des univers, des types d'enjeux et de moyens d'action qui correspondent mieux à tes besoins actuels. Par exemple, des jeux où la psychologie des personnages serait plus fouillée, où les moyens d'action seraient plus subtils que de foncer dans le tas, ou encore des univers contemporains réalistes ou bien historiques plutôt que des univers imaginaires, etc. (Je dis ça à tâtons, ne connaissant bien sûr pas tes goûts.)

Jouer avec des proches qui sont sur la même longueur d'onde que toi peut aussi faciliter les choses, plutôt que de jouer en convention. Mais si j'ai bien compris, c'est déjà fait et ça n'est pas ça qui a fait une différence.

Et si rien ne te plaît, eh bien, ne plus aimer les jeux de rôle ne gâche en rien tes souvenirs : tu as besoin de passer à autre chose maintenant, c'est tout Personne n'est obligé d'avoir toujours le même type de loisir toute sa vie.

Il y a désormais une impression d'avoir passer l'âge

Cela se double d'une sensation de me sentir assez "bête" ou "ridicule" à interpréter un rôle à simuler des actions parfaitement imaginaires, dans un monde qui n'existe pas.

Ce n'était absolument pas le cas autrefois. D'où le questionnement : qu'est ce qui fait que j'ai perdu cet intérêt au JdR

 

Je trouve qu'il y a aujourd'hu pléthore de jeux sans fantastique, avec des problématiques "adultes" (j'ai pas dit chiantes) qui te satisferaient peut-être plus.
Je ne suis pas un expert de ce genre de jeux, mais par exemple Pack Horse Library de l'ami @Léonard pourrait faire l'affaire
https://leonardchabert.wixsite.com/packhorselibrary

[Harfang2]

Tes impressions vis à vis du jeu de rôle, étrangement, je pourrais les décaler sur d'autres supports. Les livres de Fantasy, sauf exceptions me sont de plus en plus apparus puérils et pauvre*, les supports vidéos me laissent, globalement froid etc...
Mais en JDR, finalement, comme nous mettons en scène et créons, celà je crois m'a permis d'adapter ma pratique à mes envies et besoins (contrairement aux livres, séries et films) et ne pas avoir ton ressenti.



* ne jetez pas les pierres, j'ai plein de contre-exemples que je continuerai à lire avec joie.

[Watoo Watoo]

Je trouve qu'il y a aujourd'hu pléthore de jeux sans fantastique, avec des problématiques "adultes" (j'ai pas dit chiantes) qui te satisferaient peut-être plus.
Je ne suis pas un expert de ce genre de jeux, mais par exemple Pack Horse Library de l'ami @Léonard pourrait faire l'affaire
https://leonardchabert.wixsite.com/packhorselibrary

Merci pour ce lien.

Si l'idée est intéressante, c'est allez assez loin dans l'autre sens.
Je préférerai me rabattre sur la lecture de Steinbeck
 

[Watoo Watoo]

Tes impressions vis à vis du jeu de rôle, étrangement, je pourrais les décaler sur d'autres supports. Les livres de Fantasy, sauf exceptions me sont de plus en plus apparus puérils et pauvre*, les supports vidéos me laissent, globalement froid etc...
Mais en JDR, finalement, comme nous mettons en scène et créons, celà je crois m'a permis d'adapter ma pratique à mes envies et besoins (contrairement aux livres, séries et films) et ne pas avoir ton ressenti.



* ne jetez pas les pierres, j'ai plein de contre-exemples que je continuerai à lire avec joie.

Je te rejoins concernant les livres et encore plus sur les séries et les films.
Je deviens de plus en plus difficile avec le temps.
Beaucoup de productions actuelles relèvent de l'objet de consommation, vite lues/vues et vite oubliées.

Sur la fantasy, mon expérience est assez limitée, et globalement je n'ai jamais trouvé mon compte même il y a 35 ans.

J'ai une activité créatrice importante par ailleurs étant musicien (classique) et peintre amateur.
A y regarder de plus près, il se pourrait que celles-ci aient pris petit à petit le pas sur le JdR.
Peut être faut il y voir une relation de cause à effet.

Je vais réfléchir à tout cela.
Je souhaitais juste livrer un témoignage. Après chacun fait ce qu'il en veut

 

[Morningkill]

Les livres de Fantasy, sauf exceptions me sont de plus en plus apparus puérils et pauvre*,

En vrai, sur la lecture pure, je lis énormément, et 99% du roman de fantasy et de SF.
J'y prends du plaisir de lecture, c'est certain (sinon, je le ferai pas), et j'ai aucun snobisme de lecture, du moment que c'est plaisant a lire (ce qui implique un niveau minimal de style, une intrigue qui se tient, etc..), mais y a parfois, j'ai un sentiment de culpabilité quelque part, a me dire que je ferai mieux de lire des bouquins sérieux (des biographies, des livres de sciences (vulga inclus), des truc dans ma pratique pro, de la philo, ou des romans "dans le réel") qui pourrait m'apporter plus de choses que des histoires imaginaires dans des univers imaginaires (et irréel)

Bon, après, ce soir, je lis de l'urban fantasy, et j'ai hâte

(après aussi, j'ai si peu de mémoire (immédiate) de ce que je lis que bon, je suis pas persuadé qu'une lecture "utile" me serait vraiment efficaes)

Par contre, je n'ai pas ce feeling du tout en jdr (bon, déjà, en temps occupé, je dois lire 40 ou 80 fois en heures que je joue), déjà je pense parceque c'est un loisir social, ensuite, c'est un loisir plus actif que la lecture, et dans lequel j'ai un but de m'améliorer (j'allais dire performance, mais le mot est trop chargé), ce qui doit jouer dans l'attrait.
Après quand j'y repense, me dire que mon perso va vivre des aventures et que je vais m'immerger dedans me donne du plaisir, mais c'est vrai qu'on est dans un faire semblant puéril sous un certain angle.