[Possible marronnier] Irrépressibles ficelles de MJ

[Saarlander]

Hier, j'ai essayé de mettre en scène un truc, en jeu...

(Espionnage contemporain Pulp)

En gros, un commando en roue libre à intercepter.
Je sais avec qui je joue, donc toujours l'esprit ouvert, mais j'étais sûr à 90% que ça risquait de partir en grosse baston...

Et puis, une fois de plus, ma joueuse me prend à revers, et joue la carte de l'apaisement et de la négociation.

Et là (avec un excellent RP et quelques dés favorables), je n'arrive tout simplement pas à m'empêcher de donner une dimension humaine à ma bande de tueurs
Et du coup, forcément, ça marche.

C'est pas la première fois que ça arrive, mais cette-fois ci, je m'étais vraiment dit que je voulais en faire des gros salopards excités de la gâchette, SANS qualité rédemptrice.
Raté.

Je me rends compte qu'un de mes facteurs d'évasion, dans le JDR, c'est définitivement d'humaniser la plupart de mes vilains.
Je sais pertinemment qu'il existe, dans la vraie vie, des gens accros à la haine, la violence, et le mépris de la vie humaine... mais en fait, je préfère dans mes histoires jouer à faire croire que presque tout le monde peut être sauvé, y compris de lui-même.

Alors, j'imagine que, à force, mes propositions de scénarios doivent tourner un peu en rond, que ce genre de ficelle c'est un peu redondant... mais c'est aussi avec ça que je m'évade, et que, surtout quand les joueurs y contribuent, je n'ai pas envie de faire l'impasse là-dessus.

Et vous, vous avez des habitudes, des schémas, des trucs qui reviennent, mais dont vous avez pas envie de vous passer ?

[sk8bcn]

Moi j ai une forte tendance à aimer mettre des dilemmes et des choix cornéliens.

Exemple : je viens de lire dragon's crown pour dark sun.

Dans celui un psionique parvient à enclencher un artefact qui bloque ou atténue les pouvoirs psioniques .
Effet collatéral : il rend fou une des espèces jouables.

Si je le joue, je soulignerai les intentions de l ennemi : saper le pouvoir des rois sorciers (tel qu écrit c est pas sa motivation première mais je préfère en faire quelqu un avec des intentions "positives" mais extrême et moralement douteux).
Je vire le passe droit du scénario: on donne un objet qui protège les PJ de son effet.

En gros je laisse cette question :

"Le psionique est prêt a sacrifier une espèce pour enlever le pouvoir de contrôle des rois sorciers qui asservissent les peuples d Athas. Et vous qu allez vous faire ?"


C est un peu ma marotte a moi, le dilemme

[Mildendo]

J'ai tendance à faire mener mes parties comme si l'on jouait dans la franchise Die Hard. Tu veux un truc ? OK mais tu vas en chier pour l'avoir. Tu as un truc ? OK mais tu vas en chier pour le garder. Même si mes joueurs ont développé un syndrome de Stockholm, l'un d'eux m'a qd même dit que ce serait bien de souffler un peu ; OK pour qu'on enlève aux PJ les jouets qu'ils ont durement gagnés mais ça serait bien s'ils pouvaient en profiter un peu avant. J'essaie de pondérer mes ardeurs maintenant...

[Dany40]

Personnellement je sais être profondément contaminé par mes nombreuses années de meneur à l'Appel de Cthulhu.

J'ai beaucoup de mal à ne pas mettre un mystère rampant dans l'histoire, des secrets venant de temps anciens, et souvent un final qui tend à avoir une ambiance un peu apocalyptique.

Mais bon, je tente de me soigner en faisant jouer à du JDR purement cinématographique et 1er degré (TORG Eternity) 

[Cassius Clef]

Il faut que je réfléchisse un peu (et que j'interroge mes joueuses et joueurs) pour bien répondre à ce sujet, mais une joueuse m'a récemment fait remarquer qu'il y avait souvent des vieilles dames dans mes scénars. Je dois être une sorte de MJ-Perceval : des vieilles dames dans les histoires, ça fait classe.

Ah si, ma ficelle favorite, c'est sans doute: "Les choses ne sont pas ce qu'elles paraissent être". Pendant que les PJ agissent et qu'ils sont, de leur point de vue (ou celui du scénario) le centre de l'histoire, il y a des forces, des factions, des personnes qui trament autre chose. Depuis un point de vue élargi, les PJ ne sont que des éléments dans une histoire qui les dépasse. J'aime que les joueurs et joueuses perçoivent progressivement qu'ils ne sont que les parties d'un tout.

[Black Dougal]

J’imagine qu’on ne se refait pas et qu’au bout d’un moment, les mêmes schémas reviennent en boucle, quand on conçoit ses scénarios.
De mon côté, j’ai été tellement marqué, beaucoup plus jeune, par le module AD&D A4, où l’on commence (mal) à poil et sans le moindre équipement dans les cachots des seigneurs esclavagistes, que ce genre de situation revient en boucle.
Pas à l’identique, naturellement, mais comme Mildendo, j’aime que les acquis de mes joueurs ne soient jamais définitifs et qu’ils comptent plus sur leur astuce et leurs capacités propres que sur le matériel.
Et puis, c’est rigolo de les mettre à nu de temps en temps (littéralement)

[Ravortel]

Je suis sûr d'avoir moi aussi des schémas récurrents, mais je ne les ai pas encore identifiés.
- Humaniser les vilains : non, rarement. Par contre, une idée géniale qui vient skipper l'affrontement prévu, je laisse faire.
- Dilemme intolérable : j'adore. Proposer des choix où toutes les alternatives sont mauvaises....
- Méthode Die Hard : pas systématiquement. Mais si un joueur se met à utiliser quelque chose comme une martingale (ça arrive), il aura des soucis avec
- Mystères rampants et Grands Anciens : Sans aller jusqu'au Grand Ancien, les dilemmes intolérables doivent avoir des conséquences. La notion de conséquence est importante.
- Vieilles dames : euh, non.
- Chercher à prendre le contre-pied de l'hypothèse avancée par les joueurs : il peut m'arriver de modifier l'intrigue in vivo pour éviter le "ah ben je l'avais dit depuis le début" en fin de scénario. Si c'est faisable, et pas capillotracté. Des fois, le contre-pied c'est d'annuler un piège trop attendu.

[Harfang2]

La morale grise & la chute des idéaux.
Raisons pour laquelle j'aime jouer les scenarios des autres, afin d'éviter de retourner, inconsciemment, vers celà.

[Charly Dean]

C'est marrant que tu en parles.
En discutant, la semaine dernière, au sujet de ma partie de Sans-Coeur, un des joueurs me fait remarquer que j'ai bien amené le sujet des conflits religieux, à l'échelle des individus et de ce que ça générait en eux et entre eux.
Dans l'Ombre du Seigneur Démon, c'était le rapport à l'autre, notamment via les questions d'esclavagisme.

Et du coup, ça a fait un déclic sévère sur le fait que les gens imaginent souvent que j'adore les trucs d'actions, de bourrins décérébrés, parce que j'ironise et caricature beaucoup quand je parle. Mais en tant que mj, j'apporte toujours ces questions de racisme, de rapport à l'autre et de religion/pensée, souvent masquées, parfois énorme comme un chtar sur le nez ..

Et du coup, ça colore vraiment toutes mes parties, mais je ne m'en suis rendu compte qu'en debrief avec des gens avec qui je n'avais jamais joué auparavant :-)

[zuzul]

J'ai toujours au moins un PNJ complètement idiot dans mes parties, le genre profondément abruti à tel point qu'il en devient attachant.
Par contre je remarque que, et je pense que c'est dû principalement à l'actualité, tout jdr Dark ou "punitif" (je mets de grosses pincettes dessus), c'est hors de question que j'y joue où que je le maîtrise. J'ai envie de jouer à des trucs où on se marre, où les pjs gagnent, même avec un coût, et que toute proposition ludique de type "tu viens pour en chier" ne m'attire absolument plus en ce moment.

[pseudo]

(...)
Par contre je remarque que, et je pense que c'est dû principalement à l'actualité, tout jdr Dark ou "punitif" (je mets de grosses pincettes dessus), c'est hors de question que j'y joue où que je le maîtrise. J'ai envie de jouer à des trucs où on se marre, où les pjs gagnent, même avec un coût, et que toute proposition ludique de type "tu viens pour en chier" ne m'attire absolument plus en ce moment.

Je plussoie ce sentiment, ca fait un bon moment que je propose à mes joueurs des parties en mode détente. Pas d'ntrigues compliquées necessitant des pages de prise de notes, pas d'atmosphère angoissante, pas de résolution de scenario reposant sur le combat, pas de PNJ /cités intransigeants, etc... .
Juste une bonne dose d'humour et de la bienveillance.

A propos des ficelles, j'utilise régulièrement le Flash Back en début de scenario.
Je pense qu'il faut commencer à jouer lorsque l'histoire devient interessante et necessite un choix de la part des joueurs. Donc je leur décrit souvent la situation et le choix auxquels ils vont etre confrontés, puis on fait un falsh back qui explique comment ils en sont arrivés là. Ca permet aussi d'enjamber la partie où la mission est présentée et acceptée par les joueurs, les préparatifs, la mise en route, etc..., on gagne du temps pour aller à l'essentiel.
 

[Loris]

Pareil pour les jeux sombres.

[Macbesse]

Je fais comme @Ravortel et je regarde si j'identifie les mêmes schémas que les précédents.

- Humaniser les vilains : Carrément. Mes méchants ont toujours des motivations complexes et des leviers sur lesquels appuyer.
- Dilemme intolérable : Je plaide coupable et je me soigne pour que mes scénarios ne soient pas toujours des enfoirades.
- Méthode Die Hard : Pas du tout. Sinon je ne pourrai pas tenter mes PJ avec des actions faciles à faire mais lourdes de conséquences... (voir plus bas)
- Mystères rampants et Grands Anciens : Non. Les mystères sont fait pour être élucidés, pas pour se diluer !
- Vieilles dames : A part à Brindlewood Bay...
- Chercher à prendre le contre-pied de l'hypothèse avancée par les joueurs : Ah non, je me tiens à mon hypothèse initiale pour rester honnête. S'ils ont deviné les plans du MJ / des antagos, banco.

Sinon, mon kink, c'est la conséquence. Du coup j'ai tendance à offrir des opportunités risquées, voire des tentations sous forme de questions... avec des conséquences, mais je suis transparent, j'annonce que ça va être la merde.

Bon, j'écris et je ne fais pas jouer des trucs super jouasses non plus, faut reconnaître. Disons que j'aime le gris, la lueur d'humanité dans le désespoir.

[Qui Revient de Loin]

Moi mon truc, ces dernières années, c'est d'exploser le setting, en campagne longue (rares) comme en campagne courte (1 an, 12 séances, beaucoup plus fréquentes). Et je me surprend moi même à quel niveau j'envoie mes PJ...

Mes principes de base, c'est :
*fuck the statu quo
*du grandiose pour les PJ, ce sont des HEROS
*le budget casting et FX est illimité
*Dire "oui, mais..."

Mais je m'effraie moi-même : comment recommencer la campagne suivante avec des enjeux terre à terre, pression pour être encore à la hauteur après, comment poursuivre dans le même univers ?

Quelques exemples :
*Voyages dans le temps aux USA, modification de l'ère néolithique > USA à 53 états, en comptant les états autochtones, une Native aeronautics and space agency (NASA), etc.
*déclencher une apocalypse et la résoudre en cassant la gueule à la Mort elle-même.
*envoyer des bonnes sœurs au Paradis, y faire venir de vieux panthéons, Satan, et péter la gueule à Dieu (le méchant, celui de l'ancien testament).
*dans un setting à la Evangelion, péter la gueule aux Anges, péter la gueule au "Galactus moissonneur" qui les dirigeaient, revoyager dans le temps et détruire la Terre.
*Devenir le familier d'un grand dragon et péter la gueule aux biggest de tous les démons/grands anciens (Ristul à Earthdawn).

Et je m'aperçois que je retrouve mes marottes un peu partout car je les y ai infusé quand je ponçais le sujet : les 4 cavaliers de l'apocalypse, les quetzalcoatls, etc.
 

[Cassius Clef]

Et je m'aperçois que je retrouve mes marottes un peu partout car je les y ai infusé quand je ponçais le sujet : les 4 cavaliers de l'apocalypse, les quetzalcoatls, etc. 

Tiens, le fil devrait s'appeler comme ça : "Marottes et ficelles".